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Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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mardi 5 mars 2019

Mercredi des Cendres - 06 mars 2019

Et toi, quand tu pries…







Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée.
Cet ordre du Christ nous est redonné chaque année au moment de l’entrée en Carême. La prière, avec la charité et le jeûne, fait partie des trois piliers du Carême, des trois voies à suivre pour nous rapprocher du Christ, pour manifester notre désir de le suivre de manière renouvelée. C’est sur l’axe de la prière plus précisément que je voudrais vous engager à vivre ce temps, sans rien négliger des deux autres bien sûr.

Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée.
Nous comprenons bien qu’il s’agit là d’une invitation à une proximité avec Dieu, à une intimité avec lui qui ne peut se faire dehors, sur la grande place. La prière est affaire de relation personnelle. Prier Dieu nécessite un lieu propice, un temps propice, et un nécessaire silence. N’oublions pas que dans la prière, Dieu nous parle. Il nous faut donc nous donner les moyens de l’écouter. « Je l’avise et il m’avise » selon le mot rapporté par le curé d’Ars. L’on comprend bien Jésus et on le suit sur la route de la prière lorsque, refermant sur nous la porte de notre chambre, nous le prions dans le secret, sans que personne n’en soit témoin, sans que personne ne nous entende. Le Carême peut véritablement être pour chacun l’occasion de renouer le fil de ce dialogue intime avec Dieu, si d’aventure nous en avions perdu le chemin ou si nos rendez-vous se sont espacés pour cause de multiples occupations.

Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée.
L’invitation du Christ à nous retirer dans le secret disqualifie-t-elle alors tout rassemblement ? Supprime-t-elle la nécessité ou l’obligation du rassemblement dominical ? Jésus ayant dit « retire-toi dans ta pièce la plus retirée» et non pas « va à l’église », faut-il en déduire que je peux prier chez moi, tout seul et que cela suffit ? Je ne crois pas que nous puissions tirer pareille conclusion. D’abord à cause de la pratique de Jésus lui-même. Lorsque les évangélistes nous parlent de sa prière, ils nous le montrent certes entrain de prier, la nuit le plus souvent, seul, à l’écart. Mais ils nous le montrent aussi allant à la synagogue, ou montant au Temple de Jérusalem pour les fêtes de la Pâque.

La pratique des premiers chrétiens, ceux qui ont connus Jésus, nous interdit aussi pareille conclusion, car trop hâtive. Lorsque nous lisons les Actes des Apôtres, nous voyons les croyants en Christ fréquenter les synagogues et le Temple jusqu’à ce qu’ils en soient exclus par ceux qui les considèrent dangereux pour leur foi. Et dès lors, les chrétiens continuent de se réunir dans des maisons particulières pour l’Eucharistie au jour du Seigneur (le dimanche) par fidélité à l’ordre du Christ lui-même, pour célébrer ensemble sa mort et sa résurrection. Il y a des prières qui nécessitent la présence de la communauté ; il y a nécessairement le temps du rassemblement qui nous tourne, avec nos frères, vers Dieu. 

Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée.
L’ordre du Christ n’annule pas le besoin de se retrouver pour célébrer ensemble. La nécessaire prière personnelle, relation intime avec Dieu, ne s’oppose pas et n’annule pas la nécessaire prière communautaire. Lorsque les chrétiens se rassemblent, ils se retirent bien dans leur chambre commune qu’est le bâtiment église pour ne faire qu’un corps, une voix s’élevant vers le Père de toute éternité. Ce que Jésus semble condamner, c’est la publicité faite à la prière, y compris personnelle, et non la nécessité de se rassembler pour célébrer ensemble, avec les frères, notre foi. L’on peut dire que l’église est notre chambre commune, dans laquelle nous nous retirons pour prier Dieu, pour lui rendre grâce de ce qu’il nous donne de vivre. Malgré le nombre de participants, nous pouvons dire que nous nous retrouvons tous dans l’intimité du Père pour l’écouter nous parler, nous qui formons l’unique Corps du Christ, pour recevoir de lui ce qu’il veut nous donner encore et repartir vers le monde, vers les autres, vers la sphère publique, forts de ce que nous avons vécu ensemble, dans l’unité. Lorsque nous sommes rassemblés comme ce soir, nous ne sommes pas d’abord quelques individus venus chacun pour lui-même ; nous nous rassemblons d’abord pour manifester cette Eglise du Christ qui se tourne vers son Dieu pour proclamer sa gloire et sa louange. Si nous venons d’horizons divers, si nos histoires sont particulières, notre prière se fait unanime. Elle est la prière de l’Eglise une qui s’adresse à son unique Dieu. Bien que plusieurs, nous nous retrouvons dans l’intimité de cette chambre haute où Dieu nous parle au secret de nos cœurs. Même si nous étions dix milles à célébrer, il y aurait toujours un secret du cœur où Dieu viendrait nous parler, il y aurait toujours cet endroit au plus profond de nous où Dieu lui-même nous rejoint.  

Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée.
Prière personnelle et prière en Eglise ne s’opposent pas. Elles sont les deux temps d’un même mouvement qui nous introduit dans l’intimité du Père. Ce temps du Carême qui s’ouvre, peut être l’occasion pour chacun de les redécouvrir et de les revivre. Ces deux prières sont comme les deux pieds sur lesquelles nous marchons pour parvenir au Dieu vivant et vrai. Sur le chemin vers Pâques, nous aurons besoin de temps en tête à tête avec Dieu dans le secret de notre chambre personnelle. Sur le chemin vers Pâques, nous aurons aussi besoin de temps commun pour nous rendre compte que nous ne sommes pas seuls à suivre le Christ, que l’Eglise se construit toujours encore et que nous en faisons bien partie. Ce que nous aurons découvert de Dieu dans l’intimité de notre relation personnelle, nous le confronterons à notre foi lorsque nous nous retrouverons dans l’intimité d’une église, faisant corps avec les autres croyants en Christ. Le carême peut être un temps pendant lequel, solitairement et communautairement, nous venons près de la source entendre Dieu nous parler et nous confier à lui les uns les autres. Ce serait assurément une belle manière de monter vers Pâques. Nous pouvons en prendre la route dès ce soir. Amen.


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