Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 mars 2019

04ème dimanche de Carême C - 31 mars 2019

Qui est Dieu pour nous ?







Qui est Dieu pour nous ? Cette question, pour banale qu’elle semble être, est bien la question que doivent affronter tous les catéchumènes qui demanderont le baptême au cours de la nuit de Pâques. Et nous-mêmes, croyants de longues dates, devons régulièrement reprendre cette interrogation puisque nous aussi, nous serons invités à renouveler la foi de notre baptême au cours de la grande nuit qui nous mènera au matin de Pâques. Il serait quand même dommage de ne répondre que par habitude aux questions qui nous seront posées dans trois semaines. La liturgie de ce dimanche nous apporte un élément de réponse, en affirmant avec force une marque essentielle du Dieu de l’Alliance : notre Dieu est miséricorde, autrement dit, il est un Dieu qui pardonne, toujours et encore par amour.


Qui est Dieu pour nous ? La parabole du fils prodigue répond avec une particulière finesse à cette question, en soulignant la fois la patience de Dieu, sa tendresse pour l’humanité pécheresse et sa capacité à dépasser le mal. Au fils qui revient après une vie de débauche, il ne fait aucun reproche. Au contraire, il lui remet des sandales aux pieds – signe qu’il est un homme libre – un anneau au doigt – lui rendant ainsi toute sa place dans la famille alors qu’il réclamait une place d’ouvrier – et un vêtement de fête – signe de la joie qu’il a, lui le Père, d’accueillir à nouveau son fils, revenu à la vie. Au fils aîné qui se révolte devant l’attitude de ce père qu’il ne comprend pas, il fait une invitation à entrer dans sa joie. Cette parabole est un petit bijou théologique, et vous aurez beau la relire ou la réentendre tous les ans, vous y découvrirez toujours plus combien Dieu aime, combien Dieu pardonne. 


Qui est Dieu pour nous ? Ayant entendu cette parabole, nous serions tentés de dire, peut-être un peu par habitude, que Dieu est celui qui pardonne à ceux qui se tournent vers lui. C’est vrai : mais je crois de plus en plus que Dieu pardonne même déjà avant le retour du fils. Je crois que le fils est pardonné dès le moment de son départ de la maison. Que voulez-vous ? Ce père aime, et il ne saurait tirer un trait sur l’existence de ce fils qui semble perdu, parti avec son héritage. Le retour du fils n’en devient pas pour autant moins nécessaire. Parce que si le Père pardonne dès le départ, il faudra que le fils rentre, revienne vers son père, pour éprouver la joie du pardon. Nous ne pourrons donc jamais faire l’économie du retour vers Dieu, pensant que de toute manière nous sommes pardonnés. Notre retour à Dieu nous permet d’accueillir ce pardon que Dieu offre sans cesse, avec largesse. A quoi cela servirait-il de croire en Dieu qui pardonne, si jamais je ne compte accueillir son pardon dans ma vie ? A quoi cela servirait-il que Dieu soit miséricordieux, si je n’ai pas besoin de sentir cette miséricorde à l’œuvre dans ma propre existence ? Le retour du fils nous permet de vérifier que la miséricorde de Dieu n’est pas une belle idée, mais une vérité à l’œuvre. Nous ne sommes pas dans la catégorie des belles histoires à raconter aux enfants, lorsque nous parlons de la tendresse, de l’amour et de la miséricorde de Dieu pour chacun d’entre nous. Nous sommes dans la réalité de ce que Dieu est vraiment, authentiquement, pour nous.  Dieu ne saurait être Dieu s’il n’était pas miséricorde. 


Qui est Dieu pour nous ? Le développement de notre liturgie de ce dimanche nous apprend aussi que notre Dieu est un Dieu qui se révèle. Nous n’avons pas à chercher Dieu : il se montre à nous. Il est celui qui vient à notre rencontre. Dans la liturgie de l’Eglise, cela est bien manifesté par ce temps de parole où nous lisons les textes sacrés, l’histoire d’amour entre Dieu et son peuple dans le premier testament, mais aussi le don du Fils unique, et les conséquences pour nous d’un tel don dans le second testament. Il y a là, peut-être, la raison majeure de l’obligation dominicale que Benoît XVI avait rappelé en son temps dans son document sur l’eucharistie intitulé Le sacrement de l’amour. Nous sommes invités de manière pressente à participer au repas de l’amour chaque dimanche, justement parce que Dieu s’y révèle tel qu’il est. Beaucoup de nos contemporains pensent qu’il suffit de mener une vie droite et de prier dans le secret de son cœur pour être chrétien. C’est sans nul doute utile et nécessaire, mais c’est aussi absolument insuffisant. Répondre avec fidélité, semaine après semaine, à l’invitation de Dieu lui-même à le rencontrer avec d’autres, me permet de ne pas me tromper sur Dieu, m’évite de me faire de lui une fausse image, basée sur mon unique sentiment. En venant à la messe, j’entends Dieu me dire qui il est pour moi, et le nom de Dieu révélé à Moïse dans les lectures de dimanche dernier, prend alors tout son sens : Je suis qui je suis, disait la voix de Dieu dans le buisson ardent à Moïse. C'est-à-dire, je suis celui que je serai pour toi selon les circonstances de ta vie. Ou encore, je suis celui qui se révèlera à toi selon ce que tu auras besoin de savoir de moi. Nous sentons bien déjà que nous ne possédons pas Dieu, que nous ne connaissons, et que nous ne connaîtrons, jamais tout de lui avant de le rencontrer nous-mêmes, face à face dans la joie du Royaume. Dieu est celui qui est toujours à découvrir. Et si c’est bien du même Dieu que nous parlons tous, malgré nos âges et nos vies différentes, nous en parlons tous différemment, simplement parce que Dieu ne se révèle pas pareillement à des enfants qu’à des ados ou des adultes. Dieu respecte trop chacun de vous pour ne pas vous accompagner dans ce qui fait la particularité de votre vie. 


Qui est Dieu pour nous ? Si nous regardons bien les deux fils de la parabole, nous comprenons vite qu’il est celui qui nous invite à toujours dépasser ce que nous croyons de lui, à ne jamais nous installer dans une image préfabriquée. Dieu est celui qui nous attend sur la route, mais qui se révèle toujours différent. Et si vous croyez avoir mis la main sur lui, assurez-vous bien qu’il ne soit pas déjà ailleurs, vous invitant à avancer plus loin pour le découvrir encore. Le plus jeune fils, au moment où la faim le tenaille, ne voit en son père que celui qui peut le nourrir au prix de sa propre déchéance : Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. Il n’imagine pas un instant qu’il puisse être pardonné sans dommage, pardonné simplement par amour, sans que le Père ne se venge. Quant au second fils, celui que tout le monde imagine gentil et bien disposé, il ne se rend pas compte qu’il a une relation faussée à son père.  Lorsqu’il s’adresse à lui, il ne lui parle pas comme un fils parle à son père, mais bien comme un ouvrier : Je n’ai jamais transgressé tes ordres ! Il se révèle momentanément incapable de partager la joie de son père, parce que sa relation à lui n’est pas basée sur des liens filiaux. Il ne se sait pas fils jusqu’au bout des ongles ! Il ne se sent plus frère de celui qui est parti dilapider la fortune familiale. Il n’a jamais rien fait d’autre que de travailler pour son père : comment pourrait-il se sentir fils ? Il faut toute la tendresse et tout l’amour du Père pour, peut-être, réussir à lui faire comprendre qu’il est aimé grandement et pareillement. La parabole n’est pas achevée : nous ne savons donc pas si ce deuxième fils a fait lui-aussi son retour vers son Père ! Nous ne pouvons que croire qu’il s’est laissé, lui-aussi, aimer d’un amour inconditionnel. 


Qui est Dieu pour nous ? Je ne peux pas répondre pour vous à cette question. Aucun croyant ne peut faire l’économie d’une bonne réflexion sur cette question, ancrée dans la prière. Notre liturgie nous dira encore que Dieu est bien ce Père miséricordieux que nous pouvons prier avec un cœur d’enfant et un esprit vraiment filial. Elle nous redira que notre Dieu veut notre bonheur et qu’il nous offre sa bénédiction chaque jour. Je peux simplement vous dire qu’il est celui qui vous attend, qui veut faire alliance avec chacun de vous, particulièrement. Je peux aussi vous dire que vous n’aurez jamais fini de le découvrir ; c’est pour cela que je vous encourage à le découvrir encore. Laissez-vous approcher de lui puisqu’il vient à votre rencontre en Jésus Christ ; laissez-le vous parler chaque dimanche dans l’Eucharistie ; laissez-le vous accompagner chaque jour dans votre vie. Prêtez l’oreille de votre cœur ; Dieu vous appelle, Dieu vous attend, Dieu vous envoie. Que ce dimanche vous donne le goût de poursuivre sa découverte, et que ces jours de carême vous permettent une vraie rencontre avec celui qui vous aime et vous relève. Amen.


(Giorgio de Chirico, Le fils prodigue, 1922, Museo del Novecento, Milan)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire