Ah, la fin des temps ! Voilà une
question ancienne, toujours actuelle, qui inquiète quelquefois, interroge
souvent. Quand aura-t-elle lieu ? Qui sera sauvé ? Comment cela se
passera-t-il ? Quels signes que c’est le moment ? J’en passe et des
meilleurs ! Même la fin du siècle dernier, pour déchristianisée que fut
notre société, n’a pas échappé à ses prédictions, à ses prophètes de malheurs…
Il ne suffit pas de ne plus croire en Dieu pour ne pas être affecté par la
question. Est-ce qu’être croyant alors apporte un plus quant à cette
question ? J’aime à le croire !
Précisons tout de suite que cela n’apporte
pas quelques connaissances secrètes qui nous prémuniraient contre
l’événement ; avoir foi en Dieu ne vaccine pas contre la fin des temps.
Mais peut-être contre les angoisses liées à ce moment de l’Histoire des hommes.
Car la première chose que notre foi nous apprend sur le sujet, c’est que ce
moment aura lieu. Quand ? Il n’appartient à personne de le dire ou de le
savoir avant les autres, si ce n’est à Dieu. Mais notre foi nous indique que ce
moment n’est pas si catastrophique que cela, au sens où il n’est pas une
malédiction. Bien au contraire, notre foi nous apprend que toute l’Histoire des
hommes est une histoire orientée vers ce moment qui, loin d’être la fin de
l’Histoire, est plutôt à comprendre comme l’accomplissement de l’Histoire des
hommes ; cette histoire qui, selon notre foi, est d’abord une histoire
d’amour entre Dieu, le Créateur, et les Hommes, sa création. Ce que certains
appellent la fin des temps n’est autre que le jour tant attendu du retour
définitif du Christ dans sa gloire. Pourquoi le craindrions-nous ?
Parce que nous aurions beaucoup péché
avant ? Mais, si nous savons que ce jour doit arriver sans en connaître
l’échéance, si nous savons que le péché déplait fortement à Dieu, pourquoi ne
pas nous convertir alors ? La conversion n’est-elle pas le meilleur moyen
d’entrer dans la grâce de Dieu ? Si la prophétie entendue du prophète
Malachie nous inquiète et noue effraie, convertissons-nous ! Toute la
Bible nous apprend que cela est toujours possible, que Dieu ne veut pas la mort
du pécheur mais sa conversion et sa vie ! Serait-ce que nous aimions le
péché plus que Dieu en attendant ce jour glorieux du retour de son
Christ ? Serions-nous comme ces enfants qui, les parents s’étant absentés
pendant quelques jours, font une grande fête à la maison, ne respectant plus
rien, et se disant qu’il sera bien temps de tout remettre en ordre quand ils
entendront le bruit de la voiture parentale ? Imaginons-nous toujours Dieu
comme l’éternel rabat-joie qui nous empêcherait de vivre, et qui serait
terrible au moment de son retour ?
Ce même Dieu pourtant, par sa Parole
incarnée en Jésus, ne cesse de nous dire qu’il nous aime, qu’il veut notre
bonheur et notre vie, ici-bas comme au-delà ! Pourquoi avons-nous tant de
mal à le croire ? Pourquoi avoir tant de peur en nous encore ? Ce à
quoi la liturgie de ce dimanche nous invite, c’est à la persévérance dans la
foi, vécue non comme un étouffoir, mais comme une libération réelle de toutes
les forces qui nous empêchent justement de vivre libres et heureux. Ne vous
précipitez pas derrière le premier venu qui criera : c’est moi le
Messie ; ou c’est maintenant le jour du salut. Pour le croyant, chaque
jour n’est-il pas un jour de salut ? Il n’y a pas à redouter davantage le
dernier jour que le jour présent ou le jour suivant ce jour. Nous n’avons pas à
vivre dans la crainte de ce qui pourrait arriver, quand bien même des
événements terribles auraient lieu. Des guerres, des tremblements de terre,
des famines, des épidémies, des phénomènes inquiétants, l’humanité en a
connu et en connaîtra sans doute encore. Ce ne sont là que des résultats de
phénomènes naturels pour les uns ou de la méchanceté des hommes pour les autres.
Qu’ils nous inquiètent ou nous effraient est une chose ; mais ils ne
sauraient nous détourner de Dieu. Dans tout cela, nous avons la certitude que
Dieu est avec nous, qu’il nous accompagne et même qu’il nous inspirera un
langage et une sagesse à laquelle tous [nos] adversaires ne pourront ni
résister ni s’opposer. Qu’en tant que croyants nous puissions être
poursuivis, persécutés ne doit pas davantage nous effrayer ; même si la
perspective ne semble guère réjouissante, nous avons cette assurance : pas
un cheveu de [notre] tête ne sera perdu ; c’est par notre persévérance que
[nous gagnerons] notre vie.
Si notre Histoire a un sens (elle est
orientée vers le retour du Christ), les événements qui la composent peuvent ne
pas en avoir, de sens, et nous dérouter. Mais notre foi nous offre une
espérance plus grande et plus forte que toutes ces tribulations. Vivons notre
vie, vivons notre foi avec la certitude de n’être pas seuls, avec la certitude
d’être accompagnés par Dieu lui-même. Nous lui avons confié notre vie ; il
nous a confié le secret pour la vivre réellement, sans crainte des hommes, sans
crainte du jugement. Ce secret, c’est le Christ Sauveur. Vivons de lui,
sereinement ici-bas ; et nous vivrons avec lui sereinement ce moment
heureux de son retour. Tout le reste n’est que littérature. Pourquoi nous
effrayer de ce que nous espérons ? Aurions-nous si peu confiance en
l’amour de Dieu pour sa création ? Devant l’adversité, reprenons courage
et, avec le psalmiste, [acclamons] le Seigneur, car il vient pour gouverner
la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture. Il
n’y a rien à craindre du seul Juste qui s’est livré pour notre salut, si ce
n’est qu’il réalise vraiment ce pourquoi il s’est livré. Partager sa vie pour
toute éternité est une chose à laquelle je survivrai ! Amen.
(Tableau En route vers l'union de Yvette METZ, Série Les enfants d'Abraham)
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