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samedi 18 avril 2020

2ème dimanche de Pâques A - 19 avril 2020

Avec le Ressuscité, passer du doute à la foi.








Il faudra nous y faire : avec la fête de Pâques, quelque chose de neuf a surgi. Avec la fête de Pâques, Jésus, celui que nous connaissions comme homme, est devenu le Christ, celui que nous reconnaissons comme Messie et Sauveur. Le temps pascal que nous avons inauguré durant la grande nuit du passage, c’est avec lui, Jésus le Christ, qu’il nous faut le vivre. C’est lui qui nous permet de vivre à notre tour les différents passages qu’il nous faut effectuer, si nous voulons vivre avec lui pour toute éternité. Le premier passage à vivre, c’est celui du doute vers la foi. 

            Reconnaissons-le d’emblée : il n’est pas plus facile de croire en la résurrection aujourd’hui que cela ne l’était pour les Apôtres. Nous aurions aimé croire que ces hommes qui avaient vécu avec Jésus, qui avaient entendu son enseignement, qui avaient vu ses signes, auraient cru instantanément en Jésus ressuscité. L’événement de la Passion n’aurait été pour eux qu’un mauvais moment à passer. Après tout, ils avaient entendu Jésus, par trois fois, leur annoncer ces événements. Ils auraient dû comprendre instantanément le sens profond de ce qui se jouait sous leurs yeux. Les évangiles nous racontent qu’il en a été tout autrement. Il suffit de vérifier le nombre d’apparition nécessaires pour qu’enfin ces hommes s’ouvrent à cette nouveauté radicale d’une vie plus forte que la mort. Ni pour les Apôtres, ni pour nous, il n’a été simple de croire en la résurrection. Personne ne décide du jour au lendemain de croire en la résurrection de Jésus. Cet événement est tellement hors du commun, tellement nouveau, qu’il n’y a qu’un moyen pour le reconnaître : c’est que Jésus lui-même, celui-là même qui était mort, se révèle vivant à nous pour toujours. 

            L’histoire de Thomas, racontée dans l’évangile de ce dimanche, est révélatrice à ce sujet. Elle se déroule en deux temps. Le premier temps, les Apôtres le vivent en l’absence de Thomas. Ils se sont confinés dans un lieu verrouillé, par crainte des Juifs, nous dit Jean. Nous sommes au soir de la résurrection : Jésus s’est donc déjà révélé vivant à quelques-uns, et pourtant les Apôtres ne s’en trouvent pas raffermis ; je crois même qu’ils ne savent trop que penser de ce qu’ils ont pu entendre ou voir depuis le matin. Et voilà que Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur faudra malgré tout une parole de Jésus et un geste (il leur montre ses mains et son côté) pour qu’ils se laissent aller à la joie. Nous pouvons imaginer leur joie de partager ce moment avec Thomas lorsqu’il rejoint le groupe. Mais nous pouvons aussi comprendre son scepticisme : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous… non, je ne croirai pas ! En fait, ce que demande Thomas, c’est de faire la même expérience que les autres. Ce qu’ils ont vu, il veut le voir aussi. Qui a-t-il de mal à cela ? Je sais bien, certains ne se priveront pas d’appuyer sur la parole de Jésus à Thomas, huit jours après : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. C’est vrai pour tous ceux qui suivront ; c’est vrai pour nous. Nous n’avons pas la chance de voir Jésus comme Thomas et les autres ont pu le voir. Est-ce que cela rend caduque la demande de Thomas de voir comme les autres ? Je ne crois pas, parce qu’à la différence de nous, il a marché avec Jésus avant sa mort. Sa demande d’égalité de traitement est légitime parce que son expérience de Jésus est la même que celle des dix autres. 

            Pour nous qui suivons des siècles plus tard, il en va autrement. Nous sommes invités croire en Jésus sur la parole de l’Eglise qui, à la suite des Apôtres, répand la bonne nouvelle de sa présence réelle et agissante au cœur de notre vie. Mais il reste quand même nécessaire, pour chacun de nous, de faire cette rencontre personnelle avec Jésus, mort et ressuscité. Nous n’y couperons pas. Ce ne sera pas comme pour Thomas et les autres, mais ce sera une rencontre, une parole, un signe, quelque chose qui nous dit que c’est vrai, Jésus est ressuscité. Le signe le plus évident, c’est la vie des communautés chrétiennes. Relisez les Actes des Apôtres dont nous avons entendu un extrait significatif à ce sujet. Ce que vit ce groupe est contagieux ; d’autres ont envie de le vivre si bien que chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés. La miséricorde que Dieu fait aux hommes par son Fils mort et ressuscité, est rendue manifeste par l’art de vivre des croyants au Christ. Et c’est par cet art de vivre des croyants au Christ que d’autres peuvent être mis en contact avec le Ressuscité. Il y a un enjeu majeur qui se joue dans la vie de nos communautés ; celui de son élargissement à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, à ceux qui ne l’ont pas encore rencontré. Et comment le rencontreront-ils ? Par notre manière d’être, notre manière de vivre notre foi. La miséricorde que Dieu nous a manifestée au moment de notre baptême doit déborder de nous, se répandre sur le monde. En ce sens, le moment de pandémie que nous vivons, a quelque chose de ressemblant avec ce temps de la Pâque de Jésus. Quelque chose de neuf devra jaillir de cette épreuve, comme quelque chose de neuf a jailli de l’épreuve de la Passion. Et les croyants au Christ sont tout autant concernés aujourd’hui que ne l’étaient alors les Onze Apôtres. Ce monde nouveau qui devrait advenir après la crise, monde nouveau dont on nous parle depuis quelques jours, ne se fera pas sur de bons sentiments. Il nécessitera le passage du doute que nous connaissons aujourd’hui, à la foi d’un monde nouveau possible ; sinon ce monde ne sera qu’un rêve, une illusion. 

            C’est en passant du doute à la foi, grâce à Jésus mort et ressuscité, que les Apôtres ont pu engendrer un monde nouveau, un art de vivre nouveau dont le Christ était le cœur. Et c’est par cet art de vivre qu’ils ont touché (que le Christ a pu toucher) le cœur de ceux qui ne le connaissaient pas encore. C’est là, me semble-t-il, que nous serons attendus. Il ne s’agit de faire confiance à tel parti plutôt qu’à tel parti, pour nous sortir de la crise. Il s’agit d’accorder pleinement confiance au Christ, celui qui a vaincu la mort, pour nous aider à reconstruire notre monde, à reconstruire nos rapports humains mis à mal par la distanciation sociale. Comme les Apôtres ont su inventer du neuf tout en restant fidèles à ce qui était essentiel de leur vie d’avant, il nous faudra réinventer nos communautés chrétiennes et humaines, pour que la fraternité, signe d’une vie toujours plus forte que la mort, fasse sens et permette aujourd’hui, comme au temps des premiers croyants, de reconnaître la présence du Ressuscité. Que le Christ miséricordieux nous fasse passer du doute à la foi pour qu’avec lui nous puissions construire ce monde nouveau qu’il a inauguré pour tous les hommes. Amen.

(Arcabas, Le Ressuscité, source internet)

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