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samedi 4 avril 2020

Dimanche des Rameaux et de la Passion - 05 avril 2020

Dieu nous apprend son chemin : la condition de serviteur.









            Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Cet extrait de la lettre aux Philippiens donne le ton de ce qui se joue en ce dimanche des Rameaux et de la Passion. Ce qui se joue, ce n’est pas tant le premier jour des événements de la Passion ; ce qui se joue, c’est l’apprentissage du chemin de Dieu. Le salut des hommes ne se fait pas par eux ; c’est le Christ qui sauve. Mais il ne se fait pas non plus sans eux : ils doivent (nous devons) apprendre le chemin de Dieu et entrer, comme Jésus, dans la condition de serviteur. Et si je lis bien l’hymne aux Philippiens, il revient aux hommes d’apprendre de Dieu à être véritablement hommes. 

            En effet, il semblerait que ce soit là la condition première des hommes. Relisez bien ce qui est dit de Jésus : Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. La compréhension que j’ai de ce verset, c’est qu’en prenant la condition de serviteur, Jésus devient semblable aux hommes. Ou, pour le dire autrement, en devenant homme, il devient serviteur. Nous devons donc bien apprendre de Jésus à être pleinement homme, en entrant dans cette condition de serviteur. C’est là notre condition première. Et les événements de la Passion, pris dans leur totalité, nous le rediront. Jésus vit cette condition dans l’obéissance absolue à son Père, en se soumettant à la loi des hommes. Ce n’est pas Dieu qui condamnera son Fils à mort ; ce sont les hommes. Ce n’est pas Dieu qui veut faire mourir son Fils ; ce sont les hommes. Ce n’est pas Dieu qui a besoin d’une preuve de la relation qui l’unit à son Fils ; ce sont les hommes qui ne cessent de remettre en cause, dans les jours qui précèdent la Passion, la filiation divine de Jésus. Il suffit de relire les évangiles de la cinquième semaine de Carême pour s’en convaincre. 

            Être serviteur : voilà qui ne semble pas déranger Jésus. Il s’inscrit parfaitement, tout au long de sa Passion, dans les prophéties faites par Isaïe, présentant le Messie sous les traits d’un serviteur qui se laisse faire, qui n’oppose pas de résistance, qui accepte tout dans une grande confiance en Dieu : Le Seigneur Dieu vient à mon secours. Si notre Seigneur et Maître s’est fait serviteur en devenant homme, ou s’est fait homme en devenant serviteur, combien plus devons-nous entrer, nous qui sommes hommes, dans cette condition de serviteur. Là se trouve la condition de notre salut. Nous ne serons pas sauvés parce que Jésus a été à la mort ; nous serons sauvés, par Jésus, mort et ressuscité, parce que nous accepterons de nous situer en disciples de ce Maître, en serviteurs de Dieu et de nos frères. C’est en acceptant d’être pleinement serviteurs, que nous deviendrons fils, à la suite du Fils unique, qui livrera sa vie dans un unique sacrifice pour tous les hommes. C’est parce que nous serons pleinement homme, donc serviteurs, que nous aurons accès au salut que Jésus propose aux hommes. Si nous refusons de vivre notre humanité dans toutes ses dimensions, y compris celle du service, nous ne pourrons pas être sauvés. Refuser la condition de serviteur revient à refuser la condition humaine, condition nécessaire pour être sauvé par Jésus. Il s’est fait homme, pleinement, totalement, pour sauver les hommes. Si nous nous comportons comme des loups, nous ne pourrons pas être sauvés, parce que nous ne sommes ajustés ni à ce qu’est notre être profond (être humain), ni à Jésus qui a pris sur lui notre humanité. Il n’y a pas d’autre choix que d’accepter d’être serviteur. 

            Prenons le temps de relire ces textes que l’Eglise propose à notre méditation en ce dimanche. Apprenons de Jésus le chemin du serviteur pour avoir notre part à sa gloire quand il aura accompli son chemin jusqu’au bout. Aujourd’hui, prenons sur nous de le suivre sur ce chemin de la Passion, de le suivre jusque bout, en hommes libres, en serviteurs fidèles, en témoins véritables. Au bout, il y a la Pâques du Christ. Au bout, il y a notre Pâques, le passage de tous les serviteurs vers la gloire des fils de Dieu rassemblés. Suivons Jésus et vivons son enseignement. Amen.




(Tableau d'Arcabas, Christ outragé, source internet)


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