Tout s’est passé durant la nuit. Comme souvent,
avec Dieu d’ailleurs. C’est toujours de nuit qu’il intervient. Une ancienne
habitude. Déjà du temps de Moïse, la sortie d’Egypte, puis le passage de la Mer
Rouge, c’était de nuit. Personne ne sait vraiment trop pourquoi. A moins que ce
ne soit pour signifier qu’avec le jour qui se lève, quelque chose de neuf
commence. Tout s’est passé durant la nuit, et personne n’a donc rien vu.
Mais que s’est-il passé durant la nuit ?
Personne ne sait vraiment ; personne ne se promène dans un cimetière la
nuit. Et les gardes qui avaient été postés là, dormaient probablement, même si
ce n’était que d’un œil. Ils n’ont rien vu, rien entendu. Toujours est-il qu’au
petit matin, la lourde pierre avait été roulée ; c’est Marie Madeleine qui
avait constaté les faits. Selon Jean, elle est aussitôt allée trouver Pierre et
Jean, pour leur rapporter ce qu’elle avait constaté : On a enlevé le Seigneur
de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. Quelle affaire !
Voilà qui risque de faire du bruit !
Tout s’est passé durant la nuit, et quand
Pierre et Jean arrivent à leur tour au tombeau, ils voient les linges posés
à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé
avec les linges, mais roulé à part à sa place. Difficile d’imaginer des
voleurs de tombes emporter le corps en le défaisant d’abord de ses linges et en
les pliant soigneusement avant de partir. Avec des gardes, mêmes endormis, il aurait
mieux valu ne pas traîner. Nous ne savons donc toujours pas ce qui s’est passé.
Il y a juste le tombeau vide, les linges bien pliés, à leur place. Pierre est
sans doute perplexe ; mais Jean, en entrant dans le tombeau a une réaction
différente : Il vit et il crut. Mais il crut quoi ?
Il crut que, durant la nuit, ce Jésus qu’il
a dû tant pleurer en trois jours, eh bien il est ressuscité. Le tombeau vide et
les linges bien pliés lui ont permis de remettre toutes les pièces en place. Sans
doute s’est-il rappelé tout ce que Jésus leur avait dit ; ses annonces de la
Passion et de la résurrection. Tout devient clair pour lui, instantanément. Il fait
confiance à la Parole de Jésus et tout prend sens ; tout devient lumineux
pour lui.
Durant la nuit de Pâques, Dieu nous apprend
la confiance. Il nous demande de croire Jésus sur parole. Personne n’aura d’explication
sur ce qui s’est passé durant la nuit, ni sur comment cela s’est passé. Pour Pierre
et Jean, et pour tous les autres, pour nous, il n’y aura jamais que ce tombeau
vide, sans que personne n’ait vu Jésus l’ouvrir de l’intérieur et en sortir. C’est
cela la foi : croire sur parole. Pierre et Jean et les autres, vont devoir
apprendre à croire en tout ce que Jésus leur a dit. Et nous aujourd’hui, nous
continuons de croire, sur la base de ces paroles de Jésus et sur la base du
témoignage des Apôtres, qui n’ont rien vu, rien entendu de ce qui s’est passé durant
la nuit, mais qui ont cette certitude que Jésus est vivant. Et ils ont cette
autre certitude : ils doivent le faire savoir. D’Apôtres, ils deviennent
témoins : témoins de tout ce qu’ils ont vécu avec Jésus ; témoins de
ce que cette nuit de Pâques introduit comme nouveauté dans la vie des hommes. Avec
Jésus, mort et ressuscité, les hommes ont accès à la vie de Dieu ; avec Jésus,
mort et ressuscité, les hommes sont pardonnés par Dieu : Quiconque
croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.
Cela s’est passé durant cette nuit. Au matin,
rien n’avait vraiment changé et pourtant, tout était différent ; l’avenir
s’éclairait de ce jour nouveau. Oh, les romains étaient toujours là, les
disciples de Jésus avaient sans doute encore à craindre les autorités du Temple ;
mais ils avaient désormais en eux une confiance qui leur venait de ce tombeau
vide, signe que Jésus ne leur avait pas menti. C’est pareil pour nous : la
pandémie n’a pas disparu durant cette nuit ; mais la puissance de vie qui
se dégage de cette fête nous redit que la mort, pas plus aujourd’hui que jadis,
n’aura le dernier mot. Pâques vient nous redire que la vie triomphe toujours. Nous
le voyons déjà à travers les gestes de solidarité qui se multiplient ;
nous le voyons encore à travers les efforts des soignants et des chercheurs qui
luttent. Croyants au Christ, mort et ressuscité, nous pouvons légitimement être
inquiets devant ce Mal qui ronge notre monde ; mais nous devons aussi indéfectiblement
garder confiance en Jésus, le Vivant à jamais. Il a vaincu la Mort pour nous
ouvrir à sa vie, à la vie en plénitude. Désormais,
rien ne pourra nous séparer de l’amour que le Christ a manifesté pour nous
en mourant sur la croix. Comme Pierre, Jean et les autres, devenons
témoins de cette vie nouvelle qui nous est donnée, devenons témoins de cet
amour et apprenons de Dieu la confiance. Elle nous fera aller de l’avant ;
elle nous fera triompher. Amen.
(Tableau d'Arcabas, Les femmes au tombeau, source internet)
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