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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 mai 2020

Pentecôte - 31 mai 2020

Avec le Ressuscité, passer de la peur au témoignage.








            Nous terminons notre parcours pascal avec la fête de la Pentecôte ; une dernière occasion pour approfondir ce que signifie vivre dans la dynamique de Jésus, mort et ressuscité pour nous ; une dernière occasion pour découvrir un sens à ce passage fondamental de la mort à la vie. Il s’agit du passage de la peur au témoignage. Nous vivons ce passage à la suite du Ressuscité, dans la puissance de son souffle. 

            L’Evangile de Jean que nous venons d’entendre nous montre en effet que Pâques et Pentecôte sont liées. C’est le soir de Pâques que le Christ apparaît à ses disciples alors que les portes du lieu où [ils] se trouvaient étaient verrouillées par crainte des Juifs. Et un peu plus loin, l’évangéliste Jean témoigne : Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint… ». Le souffle de Dieu est transmis aux disciples par le Verbe de Dieu, ressuscité d’entre les morts. C’est dans bien dans la dynamique de Pâques qu’est donné l’Esprit Saint. Le Christ va s’effacer, rejoindre son Père et envoyer son souffle, ce souffle créateur dont parle la Genèse au commencement, ce souffle de vie dont parle le prophète Ezéchiel dans la vision des ossements desséchés. Le don de l’Esprit Saint est fait à ceux qui passent de la mort à la vie à la suite du Ressuscité : c’est ce qui se joue au moment de notre baptême. Ce lien est indissoluble. Et nous avons vu, dans notre lecture continue des Actes des Apôtres, que lorsque l’Esprit Saint est donné d’abord, le baptême au nom de Jésus Christ, qui signifie le passage de la mort à la vie, est donné immédiatement. C’est ce qui est arrivé lors de la venue de Pierre chez le Centurion Corneille. Le passage de la mort à la vie se fait dans la puissance du souffle de Dieu. 

            La première lecture, extraite du livre des Actes justement, nous montre l’événement même de la Pentecôte, tel que l’ont vécu les Apôtres. Au-delà du coup de vent et des langues de feu, je voudrais retenir aujourd’hui ce que ce don déclenche chez ceux qui ont reçu l’Esprit Saint. Et le constat est simple : ceux qui ont reçu l’Esprit se mettent à témoigner. La peur, qui avait saisi la jeune communauté au moment de la mort du Christ, les a abandonnés. La foule, rassemblée à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte Juive, les entend témoigner des merveilles de Dieu, la plus grande étant justement d’avoir rendu à la vie celui que les hommes avaient crucifié. Il n’y a plus de trace de peur dans la vie de ces hommes ; tout le livre des Actes en témoigne. Ce souffle de Dieu donne un nouveau souffle à cette jeune communauté. L’Evangile est annoncé à tous, en commençant par Jérusalem, puis à toute la Judée, la Galilée et la Samarie, en attendant de s’étendre au monde entier par les missions de Paul. Vivre dans la dynamique de Pâques, vivre de ce souffle de Dieu, c’est fondamentalement témoigner de ce Dieu qui sans cesse nous appelle à passer de la mort à la vie, c’est fondamentalement vivre de la vie même du Ressuscité qui s’est livré pour nous. Il n’y a pas à opposer Jésus Christ et l’Esprit Saint ; il faut les tenir ensemble, le premier nous donnant le second, et le second nous faisant comprendre ce que nous disait le premier, par ses paroles, par ses actes, par sa mort et sa résurrection. 

            La puissance de vie du Christ est en nous depuis notre baptême ; le souffle de Dieu nous a été donné à ce moment-là déjà et il a été confirmé par l’Eglise au moment de notre confirmation. C’est par toute notre vie que nous devons maintenant confirmer que nous voulons vivre du Ressuscité, dans la puissance de son souffle. Cela commence par notre témoignage de vie d’abord ; et pour ceux à qui est donné le don d’une parole sage, le témoignage passe aussi par l’enseignement de Jésus Christ, par la catéchèse et la prédication. Mais chaque croyant peut dire à sa manière ce que cela change pour lui de vivre dans ce souffle de vie reçu du Ressuscité. Les petits cénacles qui se sont mis en place durant la neuvaine de la Pentecôte en sont bien l’illustration. Aujourd’hui, avec cette fête, le temps pascal s’achève ; mais il n’achève pas le temps du témoignage. Bien au contraire, il l’inaugure. Ayant célébré aujourd’hui ce don perpétuel de Dieu aux hommes, nous ne saurions ni nous taire, ni nous effacer, ni confiner encore notre foi. Nous n’avons d’autre option que le témoignage, dans la confiance de la présence du Ressuscité, Verbe de Dieu fait chair. Dans ce corps du Christ que nous formons parce que baptisés, incorporés au Christ, nous avons à tenir notre place particulière. L’Esprit Saint nous aidera à la trouver et à accomplir ce à quoi Dieu nous appelle. Il nous appelle et nous rend capable de vivre ce qu’il attend de nous. 

            Si vous aviez dit à Pierre, la veille de la Pentecôte, que le lendemain, il se trouverait sur la place publique à parler de Dieu et de Jésus, sans doute vous aurait-il pris pour un fou. Quand il a accueilli l’Esprit Saint, il s’est senti pousser à témoigner. Vous pouvez bien me prendre pour un fou, mais quand vous aurez accueilli l’Esprit Saint, quand vous lui aurez laissé le gouvernail de votre vie, vous le verrez vous mener là où vous ne pensiez pas aller. En ce jour de la Pentecôte, demandons le don renouvelé de la présence de ce souffle divin en nous et acceptons qu’il nous conduise là où Dieu nous attend, pour le bien de tous. Car à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. Amen.




(Arcabas, La Pentecôte, trouvé sur internet)

samedi 23 mai 2020

7ème dimanche de Pâques A - 24 mai 2020

Avec le Ressuscité, passer des difficultés à l'allégresse.








            Que personne d’entre vous n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou comme agitateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là. Cela ne s’invente pas, cela ne se prévoit pas : c’est juste la finale de la seconde lecture de ce septième dimanche de Pâques, le premier où nous pouvons enfin à nouveau nous réunir pour célébrer l’eucharistie publiquement, même si c’est en nombre restreint. 

            Cette parole de la première lettre de Pierre invite le croyant chrétien au bien d’abord : il dit clairement qu’un disciple de Jésus Christ ne peut être ni meurtrier, ni voleur, ni malfaiteur, ni agitateur. Et c’est une chose dont nous devons être convaincus. Notre attachement au Christ, mort et ressuscité, nous destine au bien, pour nous-mêmes (nous sommes faits pour la vie éternelle) et pour les autres. En effet, au moment de notre baptême, ce sacrement qui fait de nous des frères du Christ et des enfants du Père éternel, nous avons renoncé au Mal sous toutes ses formes. Nous avons renoncé à en être à l’origine, nous avons renoncé à y participer et à le répandre. Quand se Mal se loge dans un organisme microscopique, il nous faut donc accepter les conditions qui sont celles de notre célébration aujourd’hui, et qui seront celles de nos célébrations pour les temps à venir. C’est cela aussi, ne pas participer au Mal et au fait que le Mal se répande. 

            Mais cette parole de Pierre est aussi une parole qui nous invite au courage. Notre appartenance au Christ peut déranger ; notre appartenance au Christ peut être cause de persécution (le Mal dans sa manifestation la plus forte) ou à minima cause de vexation. Nous avons pu vivre l’interdiction prolongée du culte public alors que la vie économique, sociale, scolaire, reprenait peu à peu comme une vexation, un manque de confiance à tout le moins, pour ne pas dire qu’on nous prenait pour des irresponsables, voire des idiots incapables de gérer la difficulté. Pierre nous dit que la honte ne doit pas être de notre côté dans ces cas-là. La honte doit toujours être du côté des persécuteurs, des vexateurs, des gens qui se font de nous des idées fausses et qui projettent sur nous leurs propres peurs. Ce courage nous invite à une grande responsabilité ; nous devrons être exigeants avec nous-mêmes que ce soit en venant à l’église pour l’eucharistie, ou pendant l’eucharistie, ou à la fin de celle-ci. Nous devrons être irréprochables pour que le caractère vexatoire des mesures que l’on voulait nous imposer apparaisse publiquement. Vivre sa foi, dans le respect de Dieu et dans le respect des autres, ne transmet pas de maladie. Et si la maladie a pu progresser rapidement dans notre région à l’occasion d’un rassemblement évangélique, c’était d’abord parce que ceux qui nous gouvernent n’avaient pris ni la mesure du phénomène COVID au sérieux, ni les mesures élémentaires de protection que nous devons respecter aujourd’hui. Il faudrait voir à ne pas mettre dans les chaussons de nos frères évangéliques ce qui relevait d’abord de mesures sanitaires longtemps décriés comme inutiles et maintenant imposées par la force. Cela aurait pu arriver chez nous si c’est un catholique qui avait été malade ; mais cela aurait pu arriver aussi lors d’une séance de cinéma ou lors d’une rencontre sportive, si un cinéphile, ou un sportif avait été malade. Cela aurait pu arriver partout parce qu’on nous avait expliqué sur tous les tons que notre vie ne devait pas s’arrêter à cause d’une « grippette » ! 

            Cet épisode de notre vie nous rappelle ce que le temps pascal proclame : avec le Ressuscité, nous avons sans cesse à passer de la mort à la vie ; et ce passage prend plusieurs visages. Aujourd’hui, il nous est rappelé que passer des difficultés à l’allégresse fait partie de ces passages de la mort à la vie. Nous avons souffert de ne pouvoir nous rencontrer au moment même où nous célébrions le cœur de notre foi ; cette difficulté, moyennant quelques précautions élémentaires, est aujourd’hui surmontée. Sachons en rendre grâce à Dieu !  Que soit aussi surmontée la peur que certains ont su instillée. Sachons puiser dans notre foi le courage de vivre. Et sachons retrouver surtout la fierté de notre nom de chrétiens en veillant à construire des communautés plus fortes encore. Nous risquons de connaître d’autres épreuves comme celle-ci dans l’avenir. Souvenons-nous toujours que le Ressuscité nous a ouvert le passage vers la Vie en plénitude. Avec lui, soyons toujours prêts à passer des difficultés à l’allégresse : il veille sur nous, il veut notre vie, il veut notre joie. Ce ne sont pas nos assemblées restreintes qui nous les enlèveront, bien au contraire. Réjouissons-nous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Amen.



(Arcabas, Le messager de la joie, source internet).


jeudi 21 mai 2020

Ascension - 21 mai 2020

Avec le Ressuscité, passer du particulier à l'universel.







          De toutes les nations, faites des disciples ! Au moment de quitter ses disciples, voilà l’ordre de mission que Jésus leur a donné selon l’évangéliste Matthieu. C’est intéressant que ce soit lui qui en parle plutôt qu’un autre, parce qu’il écrit son évangile pour des chrétiens originaires du judaïsme. En introduisant cet ordre du Christ de manière aussi claire, ne les invite-t-il pas à passer du particulier (le salut promis au seul Israël) à l’universel (le salut promis à tous les hommes) ? C’est un passage que le Ressuscité nous invite tous à vivre. Il se joue, selon moi, sur trois niveaux. 

            Le premier niveau est tout personnel. Voyez-vous, en matière de foi, c’est discrétion, discrétion, discrétion. La France nous a habitués à ce discours depuis la Révolution : la foi, c’est affaire personnelle, cela ne regarde pas les autres. Ce qui s’est traduit chez certains croyants par un repli sur soi, y compris dans la vie spirituelle. Je me fais ma petite religion personnelle, privée : c’est mon Jésus et moi, pour ne pas dire mon Jésus à moi. Les autres : rien à faire, même quand ils partagent la même foi que moi ! Ils n'ont qu’à faire pareil ! Ils n’ont qu’à se débrouiller. Je ne me sens pas concerné par ce qu’ils peuvent vivre à ce niveau-là de leur existence. Je ne me sens pas concerné par ce que peut vivre ma communauté croyante. Je fais appel à elle quand j’en ai besoin ; le reste du temps, qu’elle me laisse tranquille ! C’est déjà assez compliqué, dans un pays laïc, de vivre sa foi ; je ne vais pas encore m’occuper de celle des autres. D’ailleurs, moi, je n’ai pas besoin d’eux ! La période de confinement, ainsi que le déconfinement progressif que nous vivons en ce moment, nous aura au moins fait toucher du doigt la nécessité de cette ouverture aux autres : nombre de croyants, empêchés de se réunir, ont senti la limite du repli et la nécessité des autres pour vivre complètement toutes les dimensions de la foi chrétienne. Ils ont redécouvert, contraints et forcés, qu'ils ne peuvent pas simplement se faire leur Jésus à eux tout seul. Nous pouvons espérer que ce premier passage du particulier à l’universel est désormais bien intégré à la faveur d’une période de privation où la vie communautaire s’est trouvée gravement atteinte. Nous pourrons alors faire un pas de plus. 

            Car il y a un deuxième niveau concerné par ce passage du particulier à l’universel ; c’est la communauté croyante elle-même. Je peux avoir acquis la conscience de la communauté, de ma nécessaire présence à celle-ci pour faire grandir ma foi et la vérifier. Mais cela ne veut pas encore dire que j’ai bien conscience que j’ai ma part à tenir dans cette communauté. Beaucoup de chrétiens veulent bien pratiquer publiquement leur foi, rejoindre plus ou moins régulièrement une communauté ; cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont prêts à y prendre toute leur place. Il faut que la communauté tourne, et plutôt bien, mais de là à s’engager personnellement… non, ça c’est pour les autres ! Un excès d’humilité les pousse toujours à laisser la place aux prêtres, aux catéchistes, aux membres des conseils… Vient-on les solliciter pour participer plus activement sur un temps donné, ils auront toujours la même réponse : non, vraiment, pas le temps, pas les moyens… Nous devons comprendre encore mieux que la mission, ce n’est pas que pour les prêtres, les religieux, religieuses ou les laïcs qui acceptent de s’engager. La mission, elle est pour tous. Chaque croyant chrétien a une place à tenir dans sa communauté ; chaque croyant chrétien peut être appelé à donner un peu de son temps au service de tous. Les occasions sont nombreuses et ne nécessitent pas toujours un grand niveau de connaissance ou de compétences théologiques. Aider au nettoyage ou à l’entretien du lieu de culte est aussi important que de faire de la catéchèse. Passer du particulier à l’universel, c’est ne pas se contenter de consommer durant toute sa vie ce que d’autres ont préparé. Nous pouvons alors faire un pas supplémentaire pour passer encore à un autre niveau du particulier à l’universel. 

            Ce dernier pas, c’est bien celui visé par Jésus dans son discours à ses disciples : Allez ! De toutes les nations faites des disciples ! Si en plus, on ajoute la suite de la phrase : baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé, certains se diront, cela n’est vraiment pas pour moi ; c’est vraiment réservé à une élite. Ben non, cela concerne chaque chrétien aussi. Faire des disciples, ça commence par mon témoignage de vie. Si les chrétiens dans leur ensemble et dans leur singularité ne vivent pas de leur foi, à quoi servent-ils ? Comment les autres, qui ne connaissent pas le Dieu de Jésus Christ, pourraient-ils avoir envie de le connaître ? Cela ne demande rien d’autre que de vivre normalement et totalement sa foi. Il ne s’agit pas d’aller parler de Jésus à tout le monde ; il s’agit d’abord, dans notre vie de famille, dans nos rapports avec nos voisins, dans nos engagements sociaux et politiques, sur notre lieu de travail, de vivre ce que le Christ nous enseigne. Souvent devenus chrétiens par habitude familiale (élément particulier), nous devons devenir chrétiens pour le monde, pour les autres, en étant ce sel de la terre, cette lumière du monde (élément universel). Le monde ne se convertira pas parce que les prédicateurs auront bien prêché, mais parce que tous ceux qui se réclament du Christ vivront vraiment de lui, entre eux et avec les autres, qui ne croient pas en lui, qui croient autrement, ou qui ne croient en rien. La prédication est même souvent seconde dans le processus. C’est parce que j’ai vu quelqu’un vivre sa foi que j’ai envie de la connaître mieux pour la partager avec lui. 

            Passer du particulier à l’universel n’est donc pas un détail, c’est une nécessité pour tout croyant ; c’est une nécessité pour notre foi elle-même. La catholicité affirmée de notre Eglise nous y oblige. Prenons au sérieux l’ordre donné par le Christ en ce jour où il rejoint son Père. Ne vivons pas repliés ni sur nous-mêmes, ni sur nos communautés. C’est en nous ouvrant aux autres, c’est en vivant en toute chose et en toute occasion notre foi, que nous sentirons que le Christ est avec nous, tous les jours jusqu’à la fin du monde. Amen.





(Tableau d'Arcabas, trouvé sur internet) 

samedi 16 mai 2020

6ème dimanche de Pâques A - 17 mai 2020

Avec le Ressuscité, passer du repli à l'ouverture.






            La lecture des Actes des Apôtres est passionnante. Elle fait toucher du doigt l’évolution de la première communauté chrétienne et sa capacité permanente à vivre de l’esprit de Pâques, cet esprit qui nous fait vivre sans cesse le passage de la mort à la vie, à la suite du Ressuscité. Avec la mort d’Etienne, commence la dispersion de la communauté des croyants au Christ et nous voyons ainsi Philippe arriver en Samarie. Je rappelle, à toutes fins utiles, que les Juifs et les Samaritains ne se fréquentaient pas, pour ne pas dire qu’ils s’excommuniaient réciproquement. Souvenez-vous du dialogue de Jésus avec la Samaritaine : même la demande d’un peu d’eau semble totalement déplacée. 

            Pour Philippe, le travail avait dû être facilité par cette rencontre préalable de Jésus avec les Samaritains. Il faut là encore relire cette page de l’évangile de Jean pour comprendre l’attachement des Samaritains à Jésus. L’accueil de Philippe, qui venait proclamer le Christ, a sans doute été chaleureux. Il n’empêche : il a marqué un premier tournant dans la mission de l’Eglise. Désormais, l’Eglise s’adresse à d’autres que ceux qui sont dans la droite ligne du judaïsme. Avec Philippe et la mission en Samarie, la communauté croyante est passée du repli à l’ouverture, même si cette première ouverture était plutôt facile. L’Esprit Saint est à l’œuvre par Philippe : les délivrances et les guérisons en témoignent. 

            Cette page des Actes des Apôtres nous concerne aujourd’hui encore. Nos paroisses, nos mouvements, et chaque croyant, sont sans cesse appelés à passer du repli à l’ouverture. Nous ne pouvons pas vivre recroquevillés sur nous-mêmes. Le confinement que nous avons connu (et que nous risquons de connaître encore) est une épreuve pour notre foi qui comporte une dimension communautaire évidente. Personne ne peut être chrétien tout seul ; personne ne peut être chrétien pour lui-même. Nous sommes croyants au Christ pour le monde. Jésus nous l’avait dit dans son enseignement : nous sommes sel de la terre et lumière du monde. Non pour être meilleurs que les autres, mais pour attirer les autres au Christ. L’œuvre de Philippe, l’œuvre des Apôtres, n’est jamais finie. Il nous faut toujours encore accepter de sortir de nos églises, sortir de nos zones de confort, pour annoncer Jésus Christ, mort et ressuscité pour la vie des hommes. Nous devons sortir de nos habitudes, de nos « on a toujours fait comme ça », pour trouver les chemins sur lesquels nous attend l’Esprit Saint pour nous conduire vers nos frères. Nous ne pouvons pas attendre qu’ils viennent à nous. Nous ne pouvons même pas espérer qu’ils viennent à nous si nous ne sortons pas aux périphéries, comme nous y invite le pape François depuis le début de son pontificat. Passer du repli à l’ouverture est un passage nécessaire, un mouvement résultant de la Pâques du Christ. Nous ne saurions nous y soustraire si nous voulons vivre dans la force du Ressuscité. La vie qu’il nous offre est ouverture à tous ceux et celles qui entendent l’Evangile et se laissent toucher par lui. La vie qu’il nous offre est ouverture à la vie même de Dieu : il nous faudra bien quitter l’étroitesse de nos vies humaines quelquefois étriquées pour entrer dans cette nouvelle manière de vivre. 

            Ce passage du repli à l’ouverture est un passage fondamental qui en entrainera encore d’autres. Nous ne comprendrons rien ni au mystère de l’Ascension, ni au mystère de la Pentecôte, et à ce qu’ils supposent, si nous ne posons pas déjà ce premier pas, cette première ouverture. Acceptons donc de sortir de nous ; acceptons de ne plus vivre repliés sur nous-mêmes. Entendons l’Esprit Saint qui frappe à la porte de notre vie. Il est le don promis. C’est à lui d’abord que nous devons être ouverts. Préparons-nous à l’accueillir et nous n’aurons rien à craindre de ce nouveau passage à vivre : l’Esprit qui vient sera notre Défenseur, Jésus nous l’a promis. Amen.





(Tableau d'Arcabas, titre inconnu, trouve sur internet)

samedi 9 mai 2020

5ème dimanche de Pâques A - 10 mai 2020

Avec le Ressuscité, quitter nos impasses pour accéder à des chemins de vie.








            Depuis Pâques, nous ne cessons de découvrir les nombreux passages que nous pouvons effectuer à la suite du Christ Ressuscité. Passer de la mort à la vie concerne tant de domaines de notre existence. La liturgie de ce dimanche nous invite à quitter nos impasses pour accéder à des chemins de vie. 

            Regardez la première communauté chrétienne. Son fonctionnement tournait autour des Apôtres. Mais à mesure que grandit la communauté, à mesure qu’elle s’ouvre à d’autres, notamment ceux de langue grecque, vous comprenez bien que les Apôtres ne pouvaient être partout et attentifs à tous. Si nous accordons foi aux données du Livre des Actes des Apôtres, c’est par milliers que les hommes et les femmes de leur temps se convertissaient et rejoignaient ceux qui appartenaient au Christ. Nous pouvons comprendre que ce problème des veuves ait pu voir le jour. Là où il y a des hommes, il y a de l’hommerie, et le fait d’être chrétien ne change rien (hélas !) à l’histoire. Un partage mal fait, et c’est le conflit ! Voyez le génie des Apôtres : pris dans une impasse, ils ouvrent un nouveau chemin en nommant sept nouveaux compagnons, qui ne seraient pas Apôtres comme les Douze, mais qui seraient attentifs aux détails matériels, les Apôtres poursuivant leur mission première : rester assidus à la prière et annoncer le Christ, mort et ressuscité. C’est cela vivre du Ressuscité : ne pas s’enfermer, pas même dans un fonctionnement que l’on croit éprouvé ; ne pas hésiter à trouver de nouvelles voies, sans rien sacrifier de ce qui est essentiel. L’essentiel, c’est le service de la Parole de Dieu. L’intendance suivra toujours, et si ce n’est pas grâce aux Douze, ce sera par d’autres, envoyés par les Douze. Ainsi est conservé leur autorité ; ainsi est assuré par eux le service de l’essentiel. 

            Cette décision des Douze est conforme à l’enseignement de Jésus. C’est en le suivant que les hommes découvrent le chemin à suivre. Jésus l’a dit à ses Apôtres : il est le Chemin, la Vérité et la Vie ; le Chemin vers Dieu, la Vérité sur Dieu, la Vie de Dieu donnée aux hommes. Vous comprenez ainsi pourquoi les Douze ont conservé le service de la Parole de Dieu : parce que ce service les met en relation directe avec leur Maître, Celui qu’ils ont suivi depuis son baptême sur les bords du Jourdain jusqu’à son retour dans la gloire de son Père. Puisqu’ils sont unis d’une manière toute particulière au Christ, ils sont les garants de ce chemin qui mène à Dieu, de cette Vérité que le Christ a révélée et de la Vie qu’il ne cesse de transmettre depuis qu’il s’est montré plus fort que la mort. 

            Il est heureux que nous entendions ces textes dans les temps qui sont les nôtres. Il est heureux que nous entendions cet appel à quitter nos impasses pour de nouveaux chemins de vie. Demain, nous commencerons le déconfinement, une nouvelle phase dans cette lutte contre ce mal invisible qui paralyse notre monde depuis trop longtemps. Nous pouvons rester dans l’impasse de nos peurs et nous plaindre que ce qui est fait n’est pas ce qui aurait dû être fait. Mais nous pouvons aussi entrer pleins d’espoir et de responsabilité dans cette nouvelle étape de notre vie et ensemble construire le début de quelque chose de neuf. Ce ne sera assurément pas la vie d’avant ; cette vie-là est morte. Mais quelque chose de neuf est possible si nous participons à sa construction. Nos peurs peuvent être légitimes ; certains ont tout fait pour nous y maintenir. Mais elles ne doivent ni nous écraser, ni nous paralyser davantage. Nous sommes faits pour la vie : c’est le grand message de Pâques. Nous sommes faits pour une Vie marquée du sceau de l’éternité, et non pour une vie confinée, recroquevillée. Nous sommes faits pour une vie ensemble, attentifs à tous, protégeant tous et non pour un individualisme qui réveille les réflexes les plus vils de l’homme : dénonciation, envie, manipulation à notre seul profit. 
         
        Nous savons que le Ressuscité accompagne toujours notre vie. Nous savons qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie ; nous savons qu’il est notre Chemin, notre Vérité, notre Vie. Faisons-lui confiance, marchons à sa suite sur les chemins nouveaux qu’il nous ouvre depuis Pâques. La maison du Père aux nombreuses demeures, nous pouvons la construire dès ici-bas en quittant nos impasses, en accueillant la vie du Ressuscité qu’il ne cesse de partager à tous les hommes. Avec lui, faisons œuvre de vie au profit de tous. Amen.


(Tableau d'Arcabas, Les disciples d'Emmaüs, trouvé sur internet)


samedi 2 mai 2020

4ème dimanche de Pâques A - 03 mai 2020

Avec le Ressuscité, passer de l'inquiétude à la sérénité.







            Nous l’avons compris dès le matin de Pâques : les disciples de Jésus, bien qu’avertis trois fois par le Maître de ce qui allait lui arriver, étaient plutôt troublés ; ils vivaient dans la peur, confinés chez eux. La mort de Jésus les a plongés dans l’inquiétude. Qu’allaient-ils devenir ? Les chefs des prêtres les rechercheraient-ils ? Au fil des apparitions et des rencontres avec Jésus, nous constatons que, petit à petit, ces mêmes disciples passent de l’inquiétude à la sérénité, pour ne pas dire à un certain courage. C’est un passage que tout disciple doit vivre à la suite de Jésus, mort et ressuscité. et cela plus particulièrement aux jours où nous sommes. 

            Ce n’est un scoop pour personne : la période que nous vivons est anxiogène. C’est un fait. Et la communication hasardeuse de ceux qui nous gouvernent, comme de ceux de l’opposition, alliant savamment mensonge et demi-vérité, n’aide pas à lutter contre cet état de fait. L’inquiétude est réelle, perceptible et compréhensible ; la liste des morts s’allongeant, la perspective d’un vaccin n’étant pas pour demain, un déconfinement qui risque de tourner à la déconfiture : rien ne nous sera épargné ; rien n’est vraiment fait pour nous rassurer. Nous découvrons ce que c’est que d’être gouverné par la peur et la répression qui l’accompagne toujours !  

           Dans ce contexte si particulier, les lectures que la liturgie propose en ce dimanche résonne de manière toute particulière. Elles nous invitent toutes à quitter la peur pour reconnaître celui qui est notre unique pasteur : Jésus, celui-là qui était mort et qui maintenant est vivant, ayant affronté la mort et l’ayant vaincue. Voyez Pierre lui-même qui se tient sans crainte devant les foules assemblées à Jérusalem pour la Pentecôte et qui les invite à la conversion au nom de Jésus. Entendez son assurance toute nouvelle quand il proclame : Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. Je ne suis pas sûr que nous mesurions bien l’audace qu’il lui a fallu pour oser ce discours. Entendez aussi le psaume 22 par lequel nous répondons à ce passage des Actes : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer… Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton me guide et me rassure. Entendez Pierre encore dans sa première lettre, nous réconforter en affirmant : Par ses blessures [celles du Christ], nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. Entendez enfin Jésus lui-même, dans l’évangile de Jean, quand il dit : Moi, je suis la Porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé… Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. 

            Il y a un horizon à notre vie, même et surtout en ce temps de crise, et cet horizon est heureux, toujours. Il y a une vie après cette crise, et elle sera nécessairement différente, comme doit être différente la vie des disciples du Christ. Nous savons depuis longtemps la force de l’espérance ; nous savons depuis longtemps le renouveau qu’apporte la solidarité ; nous savons depuis longtemps la persistance de l’amour de Dieu pour nous, amour que nous devons transpirer et transmettre de manière virale. Pouvez-vous imaginer le monde dans lequel nous vivrions si nous avions su transmettre l’amour du Christ aussi vite que ce virus se transmet aujourd’hui ? Quelle heureuse contagion que la contagion de l’amour ! Quelle heureuse contagion que la contagion de l’espérance qui est la nôtre ! Quelle heureuse contagion que celle de la foi qui nous fait vivre ! Il est dommage que ceux qui nous gouvernent ne l’aient pas encore compris. Ils auraient moins joué sur nos peurs ; ils nous auraient ouvert un avenir. 

            Quand l’avenir se résume pour les uns au grand capital et pour les autres à la révolution, peut-être faut-il faire réentendre cette voix du Christ qui nous dit qu’il est la porte de notre vie, la porte de notre avenir. Avec lui, pas de crainte ; avec lui, pas de mensonge, ni de demi-vérité ; avec lui pas d’autre révolution que celle de l’amour et de la vie. Avec le Ressuscité, nous pouvons passer de l’inquiétude à la sérénité, car il a réellement vaincu toutes nos peurs ; même la mort, avec lui, nous conduit à plus de vie, à la vie véritable, à la vie en abondance. C’est à cette vie que nous nous préparons ; c’est cette vie que nous devons vivre et faire vivre, dès maintenant. Amen.



(Tableau d'Arcabas, La résurrection, source internet)