Depuis Pâques, nous ne cessons de
découvrir les nombreux passages que nous pouvons effectuer à la suite du Christ
Ressuscité. Passer de la mort à la vie concerne tant de domaines de notre existence.
La liturgie de ce dimanche nous invite à quitter nos impasses pour accéder à
des chemins de vie.
Regardez la première communauté
chrétienne. Son fonctionnement tournait autour des Apôtres. Mais à mesure que
grandit la communauté, à mesure qu’elle s’ouvre à d’autres, notamment ceux de
langue grecque, vous comprenez bien que les Apôtres ne pouvaient être partout
et attentifs à tous. Si nous accordons foi aux données du Livre des Actes des
Apôtres, c’est par milliers que les hommes et les femmes de leur temps se
convertissaient et rejoignaient ceux qui appartenaient au Christ. Nous pouvons
comprendre que ce problème des veuves ait pu voir le jour. Là où il y a des
hommes, il y a de l’hommerie, et le fait d’être chrétien ne change rien (hélas !)
à l’histoire. Un partage mal fait, et c’est le conflit ! Voyez le génie
des Apôtres : pris dans une impasse, ils ouvrent un nouveau chemin en
nommant sept nouveaux compagnons, qui ne seraient pas Apôtres comme les Douze,
mais qui seraient attentifs aux détails matériels, les Apôtres poursuivant leur
mission première : rester assidus à la prière et annoncer le Christ, mort
et ressuscité. C’est cela vivre du Ressuscité : ne pas s’enfermer, pas
même dans un fonctionnement que l’on croit éprouvé ; ne pas hésiter à trouver
de nouvelles voies, sans rien sacrifier de ce qui est essentiel. L’essentiel, c’est
le service de la Parole de Dieu. L’intendance suivra toujours, et si ce n’est
pas grâce aux Douze, ce sera par d’autres, envoyés par les Douze. Ainsi est
conservé leur autorité ; ainsi est assuré par eux le service de l’essentiel.
Cette décision des Douze est
conforme à l’enseignement de Jésus. C’est en le suivant que les hommes découvrent
le chemin à suivre. Jésus l’a dit à ses Apôtres : il est le Chemin, la
Vérité et la Vie ; le Chemin vers Dieu, la Vérité sur Dieu, la
Vie de Dieu donnée aux hommes. Vous comprenez ainsi pourquoi les Douze ont
conservé le service de la Parole de Dieu : parce que ce service les met en
relation directe avec leur Maître, Celui qu’ils ont suivi depuis son baptême
sur les bords du Jourdain jusqu’à son retour dans la gloire de son Père. Puisqu’ils
sont unis d’une manière toute particulière au Christ, ils sont les garants de
ce chemin qui mène à Dieu, de cette Vérité que le Christ a révélée et de la Vie
qu’il ne cesse de transmettre depuis qu’il s’est montré plus fort que la mort.
Il est heureux que nous entendions
ces textes dans les temps qui sont les nôtres. Il est heureux que nous
entendions cet appel à quitter nos impasses pour de nouveaux chemins de vie. Demain,
nous commencerons le déconfinement, une nouvelle phase dans cette lutte contre
ce mal invisible qui paralyse notre monde depuis trop longtemps. Nous pouvons
rester dans l’impasse de nos peurs et nous plaindre que ce qui est fait n’est
pas ce qui aurait dû être fait. Mais nous pouvons aussi entrer pleins d’espoir
et de responsabilité dans cette nouvelle étape de notre vie et ensemble
construire le début de quelque chose de neuf. Ce ne sera assurément pas la vie
d’avant ; cette vie-là est morte. Mais quelque chose de neuf est possible
si nous participons à sa construction. Nos peurs peuvent être légitimes ;
certains ont tout fait pour nous y maintenir. Mais elles ne doivent ni nous
écraser, ni nous paralyser davantage. Nous sommes faits pour la vie : c’est
le grand message de Pâques. Nous sommes faits pour une Vie marquée du sceau de
l’éternité, et non pour une vie confinée, recroquevillée. Nous sommes faits
pour une vie ensemble, attentifs à tous, protégeant tous et non pour un
individualisme qui réveille les réflexes les plus vils de l’homme :
dénonciation, envie, manipulation à notre seul profit.
Nous savons que le Ressuscité accompagne
toujours notre vie. Nous savons qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie ;
nous savons qu’il est notre Chemin, notre Vérité, notre Vie. Faisons-lui
confiance, marchons à sa suite sur les chemins nouveaux qu’il nous ouvre depuis
Pâques. La maison du Père aux nombreuses demeures, nous pouvons la construire
dès ici-bas en quittant nos impasses, en accueillant la vie du Ressuscité qu’il
ne cesse de partager à tous les hommes. Avec lui, faisons œuvre de vie au
profit de tous. Amen.
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