Nous
l’avons compris dès le matin de Pâques : les disciples de Jésus, bien qu’avertis
trois fois par le Maître de ce qui allait lui arriver, étaient plutôt troublés ;
ils vivaient dans la peur, confinés chez eux. La mort de Jésus les a plongés
dans l’inquiétude. Qu’allaient-ils devenir ? Les chefs des prêtres les
rechercheraient-ils ? Au fil des apparitions et des rencontres avec Jésus,
nous constatons que, petit à petit, ces mêmes disciples passent de l’inquiétude
à la sérénité, pour ne pas dire à un certain courage. C’est un passage que tout
disciple doit vivre à la suite de Jésus, mort et ressuscité. et cela plus particulièrement
aux jours où nous sommes.
Ce
n’est un scoop pour personne : la période que nous vivons est anxiogène. C’est
un fait. Et la communication hasardeuse de ceux qui nous gouvernent, comme de
ceux de l’opposition, alliant savamment mensonge et demi-vérité, n’aide pas à
lutter contre cet état de fait. L’inquiétude est réelle, perceptible et
compréhensible ; la liste des morts s’allongeant, la perspective d’un
vaccin n’étant pas pour demain, un déconfinement qui risque de tourner à la
déconfiture : rien ne nous sera épargné ; rien n’est vraiment fait
pour nous rassurer. Nous découvrons ce que c’est que d’être gouverné par la
peur et la répression qui l’accompagne toujours !
Dans
ce contexte si particulier, les lectures que la liturgie propose en ce dimanche
résonne de manière toute particulière. Elles nous invitent toutes à quitter la
peur pour reconnaître celui qui est notre unique pasteur : Jésus, celui-là
qui était mort et qui maintenant est vivant, ayant affronté la mort et l’ayant
vaincue. Voyez Pierre lui-même qui se tient sans crainte devant les foules
assemblées à Jérusalem pour la Pentecôte et qui les invite à la conversion au
nom de Jésus. Entendez son assurance toute nouvelle quand il proclame : Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude :
Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. Je ne suis pas sûr que nous mesurions bien l’audace qu’il lui a fallu pour
oser ce discours. Entendez aussi le psaume 22 par lequel nous répondons à ce
passage des Actes : Le Seigneur est
mon berger, rien ne saurait me manquer… Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton me guide et me
rassure. Entendez Pierre encore dans sa première lettre,
nous réconforter en affirmant : Par ses blessures [celles du Christ], nous sommes
guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes
retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. Entendez enfin Jésus lui-même, dans l’évangile de Jean, quand il dit : Moi, je suis la Porte. Si quelqu’un entre en passant
par moi, il sera sauvé… Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la
vie en abondance.
Il
y a un horizon à notre vie, même et surtout en ce temps de crise, et cet
horizon est heureux, toujours. Il y a une vie après cette crise, et elle sera
nécessairement différente, comme doit être différente la vie des disciples du Christ.
Nous savons depuis longtemps la force de l’espérance ; nous savons depuis
longtemps le renouveau qu’apporte la solidarité ; nous savons depuis
longtemps la persistance de l’amour de Dieu pour nous, amour que nous devons
transpirer et transmettre de manière virale. Pouvez-vous imaginer le monde dans
lequel nous vivrions si nous avions su transmettre l’amour du Christ aussi vite
que ce virus se transmet aujourd’hui ? Quelle heureuse contagion que la contagion
de l’amour ! Quelle heureuse contagion que la contagion de l’espérance qui
est la nôtre ! Quelle heureuse contagion que celle de la foi qui nous fait
vivre ! Il est dommage que ceux qui nous gouvernent ne l’aient pas encore
compris. Ils auraient moins joué sur nos peurs ; ils nous auraient ouvert
un avenir.
Quand
l’avenir se résume pour les uns au grand capital et pour les autres à la révolution,
peut-être faut-il faire réentendre cette voix du Christ qui nous dit qu’il est la porte de notre vie, la porte de notre avenir. Avec
lui, pas de crainte ; avec lui, pas de mensonge, ni de demi-vérité ;
avec lui pas d’autre révolution que celle de l’amour et de la vie. Avec le
Ressuscité, nous pouvons passer de l’inquiétude à la sérénité, car il a
réellement vaincu toutes nos peurs ; même la mort, avec lui, nous conduit
à plus de vie, à la vie véritable, à la vie en
abondance. C’est à cette vie que nous nous préparons ; c’est
cette vie que nous devons vivre et faire vivre, dès maintenant. Amen.
(Tableau d'Arcabas, La résurrection, source internet)
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