La lecture des Actes des Apôtres est
passionnante. Elle fait toucher du doigt l’évolution de la première communauté
chrétienne et sa capacité permanente à vivre de l’esprit de Pâques, cet esprit
qui nous fait vivre sans cesse le passage de la mort à la vie, à la suite du
Ressuscité. Avec la mort d’Etienne, commence la dispersion de la communauté des
croyants au Christ et nous voyons ainsi Philippe arriver en Samarie. Je
rappelle, à toutes fins utiles, que les Juifs et les Samaritains ne se
fréquentaient pas, pour ne pas dire qu’ils s’excommuniaient réciproquement.
Souvenez-vous du dialogue de Jésus avec la Samaritaine : même la demande d’un
peu d’eau semble totalement déplacée.
Pour Philippe, le travail avait dû
être facilité par cette rencontre préalable de Jésus avec les Samaritains. Il faut
là encore relire cette page de l’évangile de Jean pour comprendre l’attachement
des Samaritains à Jésus. L’accueil de Philippe, qui venait proclamer le Christ,
a sans doute été chaleureux. Il n’empêche : il a marqué un premier
tournant dans la mission de l’Eglise. Désormais, l’Eglise s’adresse à d’autres
que ceux qui sont dans la droite ligne du judaïsme. Avec Philippe et la mission
en Samarie, la communauté croyante est passée du repli à l’ouverture, même si
cette première ouverture était plutôt facile. L’Esprit Saint est à l’œuvre par
Philippe : les délivrances et les guérisons en témoignent.
Cette page des Actes des Apôtres
nous concerne aujourd’hui encore. Nos paroisses, nos mouvements, et chaque
croyant, sont sans cesse appelés à passer du repli à l’ouverture. Nous ne
pouvons pas vivre recroquevillés sur nous-mêmes. Le confinement que nous avons
connu (et que nous risquons de connaître encore) est une épreuve pour notre foi
qui comporte une dimension communautaire évidente. Personne ne peut être
chrétien tout seul ; personne ne peut être chrétien pour lui-même. Nous sommes
croyants au Christ pour le monde. Jésus nous l’avait dit dans son enseignement :
nous sommes sel de la terre et lumière du monde. Non pour être meilleurs
que les autres, mais pour attirer les autres au Christ. L’œuvre de Philippe, l’œuvre
des Apôtres, n’est jamais finie. Il nous faut toujours encore accepter de
sortir de nos églises, sortir de nos zones de confort, pour annoncer Jésus Christ,
mort et ressuscité pour la vie des hommes. Nous devons sortir de nos habitudes,
de nos « on a toujours fait comme ça », pour trouver les chemins sur
lesquels nous attend l’Esprit Saint pour nous conduire vers nos frères. Nous ne
pouvons pas attendre qu’ils viennent à nous. Nous ne pouvons même pas espérer
qu’ils viennent à nous si nous ne sortons pas aux périphéries, comme nous y
invite le pape François depuis le début de son pontificat. Passer du repli à l’ouverture
est un passage nécessaire, un mouvement résultant de la Pâques du Christ. Nous ne
saurions nous y soustraire si nous voulons vivre dans la force du Ressuscité. La
vie qu’il nous offre est ouverture à tous ceux et celles qui entendent l’Evangile
et se laissent toucher par lui. La vie qu’il nous offre est ouverture à la vie
même de Dieu : il nous faudra bien quitter l’étroitesse de nos vies humaines
quelquefois étriquées pour entrer dans cette nouvelle manière de vivre.
Ce passage du repli à l’ouverture
est un passage fondamental qui en entrainera encore d’autres. Nous ne
comprendrons rien ni au mystère de l’Ascension, ni au mystère de la Pentecôte,
et à ce qu’ils supposent, si nous ne posons pas déjà ce premier pas, cette
première ouverture. Acceptons donc de sortir de nous ; acceptons de ne
plus vivre repliés sur nous-mêmes. Entendons l’Esprit Saint qui frappe à la
porte de notre vie. Il est le don promis. C’est à lui d’abord que nous devons
être ouverts. Préparons-nous à l’accueillir et nous n’aurons rien à craindre de
ce nouveau passage à vivre : l’Esprit qui vient sera notre Défenseur, Jésus
nous l’a promis. Amen.
(Tableau d'Arcabas, titre inconnu, trouve sur internet)
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