Le Seigneur travaillait avec eux.
Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. Cette affirmation de l’évangéliste Marc n’aurait rien de surprenant s’il venait de nous relater un épisode de la vie de Jésus avec ses disciples. Mais voilà, c’est par ce verset qu’il conclut tout son Evangile et particulièrement le passage que nous avons entendu du retour de Jésus vers son Père, dans la gloire. Autrement dit, ce verset ouvre la période où Jésus n’est plus physiquement présent au milieu des siens.
Il faut bien entendre Marc. Il dit bien : Le Seigneur travaillait avec eux, et non pas : l’Esprit du Seigneur était avec eux ou en eux. Les Apôtres ne vivent pas du souvenir de Jésus. Ils ont cette conscience de vivre avec Jésus ; que Jésus, bien que retourné chez son Père, est toujours avec eux. L’Ascension n’est pas un abandon mais inaugure une présence nouvelle, réelle, qui fait comprendre à Marc que Jésus est toujours là, qu’il est toujours à l’œuvre à travers ses Apôtres. C’est comme si, voyant les Apôtres, il voit Jésus lui-même à l’œuvre. Comprenez-vous la qualité de relation qui était celle des Apôtres avec Jésus ? Jésus même absent, ils savent le rendre présent : le Seigneur travaillait avec eux. C’est la parole d’un témoin, de quelqu’un qui a vu cette chose se produire. C’est la réalisation concrète de la promesse de Jésus à ses Apôtres : Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.
Quand nous disons aujourd’hui que Jésus est avec nous, qu’il travaille avec nous, avons-nous conscience que c’est plus que juste une formule ? Prenons-nous au sérieux l’affirmation de la salutation liturgique : Le Seigneur soit avec vous ? Au-delà du souhait, ce doit être notre réalité, pas une vue de notre esprit, ni une convention religieuse. Ce n’est pas une bonne idée de catéchiste ou de prédicateur destinée à nous rassurer, du genre : le Seigneur est avec vous dans les épreuves que vous traversez. Ce qu’affirme Marc à la fin de son Evangile est tout simplement énorme. C’est pour nous une responsabilité immense : à la suite des Apôtres, par notre manière de vivre, d’agir ou simplement de parler du Christ, nous devons permettre à ceux qui nous voit vivre, à ceux qui nous voit agir, à ceux qui nous entendent parler de Jésus, de voir le Christ vivre et agir au milieu d’eux, d’entendre le Christ parler. Pour être très clair, chacun de nous, toi, toi, toi et toi quand quelqu’un te voit, il doit voir le Christ. Quand je vous dis que c’est énorme, croyez-le ! Avons-nous vraiment cette conscience, chaque jour, dans nos différents lieux d’action, de rendre le Christ présent et agissant ? Cela doit être vrai en toute chose, en tout lieu : en famille, au travail, à l’école, dans nos engagements sociaux, dans nos loisirs, en tout, Jésus travaille avec nous. Et cela doit être encore plus vrai dans toutes les situations où nous évangélisons directement : que ce soit une prédication, un temps de catéchèse, une soirée d’approfondissement de la foi, de partage biblique, de préparation d’un sacrement, ou que sais-je encore : ceux qui sont là doivent repartir avec l’impression d’avoir rencontré Jésus lui-même, et pas juste quelqu’un qui parle de lui !
C’est cela la puissance de la résurrection dans notre vie ; c’est cela qui nous prouve que la résurrection n’est pas qu’une vague bonne idée pour endormir les consciences, mais la réalité de notre foi. Jésus, celui qui est mort en croix, est bien vivant, il est dans la gloire de son Père. Et il continue de vivre et d’agir avec nous, pour que sa Parole se répande encore, pour que les cœurs soient convertis, pour que la vie des hommes soit plus belle et plus grande. Et lorsqu’il nous semble que nous sommes loin de cette réalité, nous pouvons venir ici, à la messe, reprendre des forces en communiant à Jésus vivant, présent dans cette Parole qu’il nous demande d’annoncer, présent dans le Pain de l’Eucharistie partagé, pour qu’il réaffirme sa Présence vivante et réelle en nous. En cette période où des enfants de notre communauté de paroisses font leur première des communions, il est important que nous, plus anciens, témoignions ainsi, par notre présence régulière à la messe, de ce que ce sacrement réalise en nous et dans le monde. Sans cette nourriture spirituelle prise à la table de la Parole et à la table de l’eucharistie, il n’est pas possible, durablement, de rendre le Christ présent aux hommes de notre temps. Si l’Ascension est pour certains cette fête qui renvoie Jésus au ciel d'où il n'aurait jamais dû sortir, elle est pour nous la fête qui nous envoie rendre Jésus présent au cœur de notre monde duquel certains n'auraient jamais dû le croire absent. Comme il a envoyé ses Apôtres, il envoie chaque baptisé proclamer l’Evangile à toute la création.
Jésus entre aujourd’hui dans la
gloire de son Père ; comme le rappellera la bénédiction solennelle de
cette fête, il nous ouvre ainsi le chemin du ciel. Mais ce chemin ne
consiste pas à rester là à contempler les cieux et à attendre le retour du Christ.
Ce chemin, c’est vivre de Jésus, dès maintenant, et le faire vivre, dès
maintenant, pour celles et ceux que Dieu met sur notre route. A la suite des
Apôtres, travaillons pour Lui pour qu’il puisse travailler avec nous à l’établissement
de son Règne. Amen.
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