Je suis la vigne, vous êtes les sarments.
Il n’y a rien de très compliqué dans l’évangile de Jean que nous avons entendu aujourd’hui. Même lorsque l’on n’a jamais vu de vigne, le principe édicté est le même pour tous les fruitiers. Il y a un tronc, des branches et au bout des branches, des fruits. Et pour que les branches puissent donner du fruit, il est préférable qu’elles soient fixées solidement à un tronc. Mais est-ce suffisant ? Tout homme qui a vu un arbre mort, sait qu’il ne suffit pas qu’une branche soit fixée à un tronc pour que du fruit jaillisse.
Ecoutons la parole de Jésus : Moi, je suis la vigne (le tronc), et vous, les sarments (les branches). Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits. Ce dernier verset suppose qu’il y ait une circulation de vie entre la vigne et les sarments, entre le tronc et les branches. Si la sève de la vigne ne se répand plus dans les sarments, ceux-ci ne donneront pas de fruits. Le sarment aura beau être fixé à la vigne, il sera déjà mort. Le verbe demeurer suggère une proximité, une présence réelle du sarment à la vigne et de la vigne au sarment. La vie circule entre les deux et le fruit devient possible. Ce que nous dit Jean, c’est qu’on ne peut pas juste être fixé au Christ, sans demeurer en lui. Demeurer en Christ, c’est vivre de lui. Et vivre du Christ, c’est vivre de sa Parole et de ses Sacrements. Voilà la sève qui fait circuler en nous la vie du Christ. Ecoutons encore Jésus : Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. La Parole du Christ doit donc demeurer en nous ainsi que les sacrements qui sont fondés par sa Parole. Le baptême : Allez, de toutes les nations, faites des disciples et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. L’eucharistie : Prenez et mangez, ceci est mon Corps ; prenez et buvez, ceci est mon sang…Faites cela en mémoire de moi. La confirmation : Recevez l’Esprit Saint. La réconciliation : Tout homme à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis. Le sacrement des malades : Je le veux, sois purifié, sans oublier l’enseignement de saint Jacques. Le mariage : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. L’ordre : Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis. Voilà la sève que nous devons accueillir, que nous devons laisser circuler en nous et que le Christ nous donne en abondance. Voilà ce qui nous permet de porter du fruit pour le Christ, par le Christ. Sans lui, nous ne sommes que du bois mort ; sans lui, nous ne pouvons rien. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en-dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Ils sont dans l’illusion, ceux qui pensent qu’il suffit d’avoir été ajouté au nombre des chrétiens pour être définitivement attachés au Christ. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève… Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. C’est donc au fruit que l’on reconnaît le sarment qui demeure en Jésus. Quiconque laisse la Parole du Christ et les sacrements irriguer sa vie, porte du fruit, vit comme un disciple véritable de Jésus. Par sa Parole, le Christ éclaire notre vie ; par les sacrements, Dieu nous offre la grâce de vivre selon cette Parole. Tout est lié ! Tout est donné ! Tu veux porter du fruit ? Accueille la sève, accueille la vie que le Christ t’offre. Accueille-la totalement. Laisse Dieu agir en toi et jamais tu ne seras un sarment mort.
L’histoire de Saul (Paul de Tarse), dont nous avons entendu un extrait significatif, nous montre très justement que l’on peut s’attacher à Jésus même après lui avoir été opposé. De persécuteur, Saul devient Apôtre (Saint Paul). Il a laissé le Christ entrer dans sa vie au point que sa vie en est totalement bouleversée, au point qu’il deviendra lui-même un persécuté, à cause de son attachement à Jésus. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Il suffit aujourd’hui d’ouvrir un Nouveau Testament pour constater les fruits nombreux que Paul a portés après avoir répondu à l’appel de Jésus. Selon le propre mot de l’Apôtre des Nations, ce n’est plus [lui] qui vit, c’est le Christ qui vit en [lui].
Que l’eucharistie que nous célébrons nous donne d’accueillir
toujours la Parole de Dieu dans notre vie. Que le sacrement de la présence
réelle du Christ nourrisse notre foi et nous attache toujours plus solidement à
celui qui est notre vie ; lui-même vivra en nous et nous donnera de porter
des fruits en abondance, aujourd’hui et toujours. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire