Notre ambition, c'est de plaire au Seigneur.
Il arrive qu’on m’interroge sur le choix du sujet de mon homélie. Qu’est-ce qui me guide ? Pourquoi telle approche plutôt qu’une autre ? Je ne saurais répondre. Quelquefois c’est un texte, quelquefois un mot, quelquefois une situation qui me guide, voire me saisit. Pour aujourd’hui, j’ai eu beau relire les textes de ce dimanche et quelques anciennes homélies, c’est toujours le même verset qui revenait au-devant. Il est tiré de la seconde lecture et résume bien Paul qui l’a écrit : notre ambition, c’est de plaire au Seigneur.
Vous pouvez examiner l’œuvre de Paul avant sa vocation ou après son appel par le Christ, c’est cette unique ambition qui l’anime. Qu’il persécute les chrétiens ou qu’il prêche le Christ, il ne le fait pas pour lui-même, ni pour plaire aux hommes, mais pour plaire au Dieu qu’il sert. Il nous faut nous rendre à cette évidence : même quand il pourchassait ceux dont il ne savait pas encore qu’ils allaient devenir ses frères, ce n’était pas par haine, mais par souci de préserver la foi, par souci de défendre le Dieu de ses pères. Il est et sera toujours animé d’un zèle authentique pour Dieu. Il peut humblement écrire : mon ambition, c’est de plaire au Seigneur, parce qu’il n’y a rien de plus vrai. C’est pour cela qu’il se laisse guider en toute chose par l’Esprit Saint. Nous avons pu le vérifier durant le temps pascal quand était proposé à notre méditation le livre des Actes des Apôtres. Plusieurs fois, il a accepté que l’Esprit Saint lui barre le chemin, l’empêche de se rendre en tel lieu pour aller là où Dieu lui-même l’attendait.
Plaire au Seigneur. Qui s’en soucie encore aujourd’hui ? Beaucoup, j’ose l’espérer quand même. Mais voulons plaire au Seigneur d’abord, par-dessus tout ? Ou cherchons-nous d’abord à plaire aux hommes en espérant que cela plaira aussi à Dieu ? Plaire aux hommes, nous savons que cela a un côté partisan, un peu intéressé. Je cherche à plaire à ceux qui peuvent quelque chose pour moi. Nous le voyons bien en ce moment alors que s’approchent deux scrutins. Des hommes et des femmes cherchent à nous plaire pour obtenir notre suffrage et le pouvoir qui va avec. Ce n’est pas condamnable ; c’est une bonne chose en démocratie. A condition que ce soit le bien commun qui les guide et non un quelconque esprit de revanche ou une soif de pouvoir. Et même si nous vivons dans un pays laïc, j’aimerais croire que certains d’entre eux se présentent à nous, non pour nous plaire, mais pour plaire au Seigneur. Ceux-là auraient vraiment le bien commun chevillé au corps ; ceux-là ne risquent pas d’oublier qu’ils sont choisis pour servir les hommes.
Plaire au Seigneur devrait être l’ambition de chacun de nous, rassemblés ce matin. Ce devrait être l’ambition de chaque croyant pour que resplendisse la communauté à laquelle il appartient. Dans de trop nombreuses communautés croyantes, il y en a encore qui se déchirent dans des luttes pour un pouvoir d’un autre âge ; trop de gens veulent encore être applaudis, mille fois remerciés pour avoir mis leur talent au service de tous. Il y avait, dans notre diocèse, un prêtre qui faisait régulièrement applaudir tout le monde : « elle a bien lu ; applaudissons-la ! Ils ont bien chanté ; applaudissons-les ! Le fleurissement est splendide : applaudissons ! » Pour les gens, cela avait un côté amusant et bon enfant au début, mais dimanche après dimanche, quel intérêt ? Dieu saura récompenser ce que nous aurons fait de bien pour le service de tous bien mieux que ne le feraient nos applaudissements. A moins que nous ne recherchions que la gloire qui vient des hommes ! Mais celle-là est passagère, alors que la gloire qui vient de Dieu est éternelle.
Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. Ce qui me semblait, à la première lecture, une ambition démesurée, m’apparaît alors comme la manifestation d’une grande humilité. Celui qui est habité par cette ambition, à l’exemple de Paul, se laisse totalement guider par l’Esprit Saint et n’attend rien des hommes. Son seul désir est de servir Dieu à travers ses frères. Sa récompense viendra lorsqu’il apparaîtra à découvert devant le tribunal du Christ. C'est-à-dire quand il ne pourra plus rien changer à ce qu’était sa vie, lorsque tout sera remis au Christ et que nous ne pourrons plus que mendier sa miséricorde. C’est en cherchant à plaire au Seigneur en toute chose que nous ferons grandir le règne de Dieu mystérieusement semé dans notre monde. Ce que nous faisons pour plaire au Seigneur peut ressembler à une graine de moutarde, la plus petite de toutes les semences ; une fois semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères.
Tel est le pouvoir de cette ambition
saine de vouloir plaire au Seigneur. Elle nous fait faire des choses toutes
simples souvent, de rares fois des choses exceptionnelles, mais qui sont, comme
la graine semée, invisible aux yeux des hommes. Mais toutes font grandir le
règne de Dieu ; toutes permettent aux hommes et aux femmes de notre temps
de pouvoir être saisis à leur tour par cette Parole de Dieu qui transforme les cœurs
et change le monde en mieux. Que notre unique ambition soit toujours de
ne plaire qu’au Seigneur pour le bien de tous. Amen.
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