Silence, tais-toi !
Silence, tais-toi ! Voilà une parole prononcée avec autorité qui réalise ce qu’elle dit : Le vent tomba, il se fit un grand calme. Il n’y a véritablement que Jésus qui puisse prononcer une telle parole et la voir suivie d’effet. Mais sans doute est-ce courir trop vite à la conclusion et faut-il ne pas oublier le reste de l’histoire.
Le reste de l’histoire, c’est d’abord Jésus qui a passé la journée à enseigner la foule : la parabole du blé semé et qui lève seul sans que l’homme ne sache vraiment comment, la parabole de la graine de moutarde et de nombreuses paraboles semblables. C’était l’Evangile de dimanche dernier. Nous pouvons comprendre que Jésus soit fatigué ; nous pouvons comprendre qu’il ait envie d’un peu de calme et qu’il invite ses disciples à quitter ce lieu pour l’autre rive. Nous pouvons comprendre aussi que Jésus s’endorme dans la barque : son humanité a pris le dessus ; il a beau être Fils de Dieu, il n’en est pas moins fatigué. Ce qui ne cesse de m’étonner, c’est la réaction des Apôtres au milieu de la tempête. Ils réveillent Jésus et lui disent : Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? Après avoir entendu l’enseignement de Jésus, après l’avoir suivi depuis quelques temps déjà, comment peuvent-ils encore croire que ce qui arrive aux hommes indiffère Jésus ? Le cela ne te fait rien est hors de propos. Soit ils savent que Jésus saura faire quelque chose pour eux, et il est bon alors qu’ils le réveillent. Soit ils pensent que déjà tout est perdu et demander à Jésus ce qu’il en pense ne sert à rien. Le réveiller est même cruel en ce sens qu’il me semble préférable de mourir dans son sommeil en ne se rendant compte de rien, que d’être réveiller par les autres pour finir comme eux, pleinement conscient de ce qui arrive. La Parole de Jésus à ses disciples, après que la mer se soit calmée, semble me donner raison : Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?
Cette dernière question me dit bien que, dans la foi, nous pouvons tout. Nous n’avons pas à craindre le sommeil de Jésus ; nous n’avons pas à craindre que notre sort lui indiffère. Quand Jésus est dans la barque, quand bien même il y serait endormi, ceux qui sont dans la barque avec lui sont bien gardés. Tout ce que démontre cet épisode, c’est que les disciples de Jésus n’ont pas encore vraiment compris qui il est. Ils ne cessent d’ailleurs de s’interroger à son sujet : Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? A ceux qui se posent cette question, une démonstration a été faite, une réponse a été donnée : il est celui qui a autorité sur les forces du Mal, la mer étant le lieu où réside les forces du Mal. Allez donc essayer de calmer une tempête comme Jésus pour comprendre cette identification entre la mer et le lieu où réside le Mal.
Silence, tais-toi ! Cet ordre de Jésus, suivi des effets que nous connaissons, doit nous convaincre que Jésus est toujours avec nous et qu’il est vainqueur des puissances du Mal. Là où est Jésus, le Mal recule. Là où est Jésus, le Mal n’a plus de pouvoir. Disciples de Jésus depuis notre baptême, nous sommes des porteurs du Christ. Disciples de Jésus depuis notre baptême, nous pouvons dire que Jésus est avec nous, présent dans notre vie, même si quelquefois nous le mettons en sommeil. Le Mal doit donc reculer dans notre propre vie d’abord. Il ne saurait y avoir de place pour Jésus et pour les forces du Mal en même temps dans notre vie. Ou bien nous sommes à Jésus, ou bien nous sommes au Mal. Ou bien nous appartenons au monde ancien, ou bien nous appartenons au monde nouveau. C’est à nous de poser ce choix, à nous de redire que nous reconnaissons cette présence de Jésus au cœur de notre vie. Mais ne nous laissons pas impressionner et dominer par le Mal pour ensuite dire à Jésus : tu as vu ? et tu ne fais rien ? ça ne te dérange pas ? tout va bien ?
Silence, tais-toi ! Cette parole, nous pouvons nous la dire à
nous-mêmes lorsque nous nous sentons dériver vers le Mal, être dominés par le
Mal quand bien-même nous avons l’assurance de la présence de Jésus dans notre
vie. Si nous croyons que Dieu, en Jésus, a fait sa demeure en nous, nous devons
croire aussi que la puissance de résister au Mal est en nous aussi. Jésus
n’abandonne aucun de ceux qu’il reconnaît comme disciple. La barque de notre
vie, il y est dedans, avec nous. La barque de l’Eglise, il y est dedans, avec
nous tous. Ne le croyons ni endormi, ni indifférent à nos vies, à nos épreuves.
Crions vers lui, oui, mais pas pour lui reprocher une indifférence supposée,
mais pour lui dire notre foi en sa puissance sur le Mal et la Mort. Il est
mort pour tous, nous a rappelé Paul dans sa seconde lettre aux Corinthiens.
Comment, après un tel sacrifice, pourrait-il dire à un seul d’entre
nous : tu ne m’intéresses plus ? Soyons sérieux ! Prenons notre
foi au sérieux et le vent et la mer qui agitent notre vie et la vie de
l’Eglise, s’apaiseront. Amen.
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