Il commença à les envoyer en mission deux par deux.
En ce temps de vacances, je voudrais brièvement méditer avec vous sur ce verset de l’évangile : alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il n’a l’air de rien, ce verset, et pourtant il nous dit beaucoup sur ce que nous avons à vivre aujourd’hui encore.
Il commença. Parce qu’il faut un début à tout, parce que ce ne sera pas la seule fois, même si les évangiles n’en disent pas plus par la suite. Ce qui est commencé doit se poursuivre. Il n’est pas dans les habitudes de Jésus de commencer quelque chose sans que cela soit mené à sa fin. Et cette fin, le monde ne l’a pas encore connu au moment où je vous parle. Ce que Jésus a commencé là, s’est poursuivi et se poursuit encore de nos jours. Qu’a-t-il commencé ? La mission des disciples.
Il commença à les envoyer en mission. Pour ceux qui n’auraient pas tout compris, cela signifie que les disciples ne sont pas juste là pour faire jolis autour de Jésus. Pour ceux qui n’auraient pas tout compris, les disciples ne sont pas que le club des amis de Jésus, heureux de se retrouver autour de lui, pour entendre quelques bons mots ou assister à quelques miracles surprenants. Jésus a choisi des disciples pour le suivre certes, mais pour les former aussi et permettre qu’un jour, ils puissent dire aux hommes ce qu’ils ont vécu avec leur Maître. Le chois des disciples ne s’est pas fait pour que Jésus ne soit pas seul, mais pour que les disciples puissent un jour participer à la mission de leur Maître. Et ce premier envoi en mission ressemble fort à un stage en situation réelle. Rien de tel que le terrain pour former les esprits et les cœurs. La mission est l’essence même du disciple. Parler aujourd’hui de disciples missionnaires, c’est donc être redondant. C’est dire deux fois la même chose. Il faut comprendre aussi cette chose fondamentale : avant d’être missionnaire, il faut être disciple, être formé à être disciple. Et comme les Douze, nous ne nous formons à être disciples qu’auprès de Jésus, dans la prière, dans la fréquentation de sa Parole. Aller sur le terrain sans passer par ce temps de formation, ce temps d’intimité avec Jésus, c’est aller à la catastrophe. Avant de vouloir être missionnaires, devenons d’authentiques disciples de Jésus. Quand nous serons disciples authentiquement, nous serons nécessairement missionnaires. Parce qu’on ne devient pas disciple de Jésus juste pour soi ; on ne devient pas disciple pour faire plaisir à Jésus ; on ne devient pas disciple de Jésus pour grandir en société. On devient disciple pour témoigner de lui auprès de ceux qui ne le connaissent pas encore. Celui qui deviendrait disciple sans devenir en même temps missionnaire aurait manqué quelque chose de fondamental. Jésus n’est pas venu pour ses disciples ; il est venu pour se faire connaître par tous. Il revient donc à ceux qui le connaissent de le faire connaître encore.
Il commença à les envoyer en mission deux par deux. Pourquoi seulement deux et pas trois ou quatre ? Parce que deux, c’est la bonne mesure pour tout réfléchir et décider ensemble. C’est la bonne mesure pour apprendre l’unité. C’est la bonne mesure pour apprendre le compromis. C’est la bonne mesure pour apprendre la réconciliation. Voyez-vous, à partir de trois et au-delà, il n’est plus nécessaire de chercher l’unité. A partir de trois ou quatre, c’est la porte ouverte aux clans, aux partis et donc à la division. A trois, il suffit que deux se mettent d’accord pour qu’ils disent au troisième : on a la majorité, tu n’as plus le choix, nous décidons. Au-delà de trois, les possibilités augmentent à mesure qu’augmente le nombre. C’est encore plus de divisions ; c’est une unité encore plus difficile à atteindre. Pour un commencement, il vaut mieux des données simples pour que les bons principes et les bons réflexes s’ancrent dans l’intelligence collective. A deux, si chacun souhaite la réussite de la mission, il n’y a que la fraternité comme solution, avec tout ce qu’elle suppose.
Nous comprenons que Jésus sait ce qu’il
fait en envoyant ainsi ses disciples deux par deux, et nous entendrons dimanche
prochain la réussite de chacun dans cette mission aujourd’hui confiée. Que cette
page d’évangile soit une leçon pour nous qui devons devenir disciples de Jésus à
la manière des Douze que Jésus a choisis. Qu’elle nous permette de comprendre
que Jésus nous appelle à témoigner toujours encore de lui. Ce n’est pas parce
qu’il est davantage connu aujourd’hui qu’au moment de son passage sur terre,
que nous n’avons plus à lui rendre témoignage et à dire devant les hommes en
quoi il est important pour nous, en quoi il peut être intéressant pour ceux qui
ne le suivent pas encore. Souvenons-nous aussi qu’il suffit d’être deux pour
commencer à témoigner du Christ et à vivre son Evangile. Deux qui s’entendent
ont plus de poids que quatre qui se déchirent. Recherchons donc cette
fraternité fondamentale et multiplions-là. L’exemple nous est donné aujourd’hui ;
à nous de continuer ce qui est fondamental : l’annonce de l’Evangile du Christ
pour la conversion du monde. Amen.
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