Rassemblés pour le repas que Dieu nous offre.
Nous l’avons entendu dimanche dernier quand le signe eut lieu à l’époque de Jésus. Nous l’entendons à nouveau ce dimanche, quand le signe eut lieu à l’époque de Moïse : Dieu veille sur son peuple jusqu’à lui donner la nourriture nécessaire à sa survie. Cette insistance doit nous permettre de comprendre enfin qu’entre les mains de Dieu, nous ne risquons rien ; entre les mains de Dieu, nous sommes bien gardés.
Au temps de Moïse, la grande idée de Dieu, c’était d’abord de libérer ceux qui deviendront son peuple. La grande nuit de la Pâque semble oubliée lorsque nous retrouvons ce peuple au désert et qu’il est confronté à la faim. Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! Le ventre qui gargouille obscurcit l’esprit au point de déformer la réalité, au point de pervertir le désir de salut de Dieu. La faim fait divaguer, et ce qui était, de la part de Dieu, une œuvre de vie, devient pour les hommes une œuvre de mort. L’homme ne comprend plus Dieu ; quand il a faim, l’homme ne voit plus le bien que Dieu fait pour lui. Et il récrimine, et il accuse. Pire, la liberté retrouvée lui semble bien moins désirable que ne l’était l’esclavage. Comme si une vie de corvées et de coups était soudain préférable à une vie de liberté. Dieu aurait pu se venger, il a préféré nourrir son peuple. Et de belle manière ! Il aurait pu faire pousser quelques légumes, il aurait pu rendre le désert fertile ; il a préféré donner le pain du ciel. A situation exceptionnelle, nourriture exceptionnelle pour que l’homme comprenne bien qui est celui qui le conduit.
Au temps de Jésus, c’est du pain quotidien, du pain d’orge, que Jésus a distribué, mais ceux qui en ont bénéficié ont bien compris qu’il y avait plus derrière ce pain, partagé à volonté et largement. D’où leur souci de retrouver Jésus et ses disciples. Parce qu’ils en veulent plus, parce qu’ils ne veulent jamais manquer de rien. Ils étaient bien là, auprès de Jésus, assis dans l’herbe. Pourquoi cela devrait-il cesser ? Mais Jésus n’est pas venu pour être le boulanger de l’éternité. Il est venu pour tourner les hommes vers Dieu. Aussi ne répond-t-il pas à leur demande, mais il les emmène plus loin : Travaillez non pas pour la nourriture que se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Il y a un horizon nouveau (la vie éternelle) que l’homme se doit de contempler et d’atteindre. Le moyen sûr et efficace d’y parvenir, c’est la foi en Jésus. L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Il est l’unique nécessaire, notre pain pour la route : Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Aujourd’hui, nous sommes le peuple de Dieu rassemblé par lui autour de Jésus, mort et ressuscité pour notre vie. Et nous partageons le pain de sa Parole ; et nous partagerons dans un instant le pain de l’Eucharistie, ce fruit de la terre et du travail des hommes, devenu pain du ciel par l’imposition des mains et la prière de consécration, signe de la présence réelle de Jésus au milieu de son peuple. Dieu nourrit aujourd’hui encore son peuple comme au temps de Moïse, comme au temps de Jésus. Il nous voit, affamés, et prend soin de nous, désirant aujourd’hui comme hier, notre salut, notre vie. C’est le sacrifice unique de Jésus sur la croix qui rend cela possible à travers le temps et l’Histoire. A ceux qui croient en lui est promise la vie éternelle. A ceux qui croient en lui est partagé ce pain de la vie, avant-goût du banquet que Dieu nous offrira lorsque nous serons appelés à le voir face-à-face.
Il
n’est pas de mystère plus grand que ce mystère de l’amour infini de Dieu pour
son peuple, qui pourtant souvent récrimine contre lui. Il n’est pas de repas
plus grand que celui de l’Eucharistie où le Christ s’offre pour notre vie. Nous
l’avons ressenti de manière particulière l’an passé lorsque nous étions privés
de rassemblement au début de la pandémie. Souvenons-nous en et cultivons ce
désir de nous retrouver, dimanche après dimanche, pour célébrer l’œuvre de
salut que le Christ accomplit pour nous. Creusons notre faim de lui ;
creusons notre désir de vivre de lui. Amen.
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