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samedi 18 septembre 2021

25ème dimanche ordinaire B - 19 septembre 2021

 Les disciples ne comprenaient pas ces paroles.





                Est-ce que la remarque cinglante faite à Pierre par Jésus dimanche dernier est restée dans les esprits des Apôtres ? Nous n’en savons rien. Toujours est-il que, lorsque nous croisons à nouveau Jésus et son groupe de disciples, et que celui-ci continue à les enseigner au sujet de sa Passion, Marc écrit sobrement : Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Comprenez : personne n’a envie de se prendre un nouveau Passe derrière moi Satan dans les oreilles, même en privé. Alors on fait quoi ? 

            D’abord, nous éviterons de juger les Apôtres. Il n’est pas sûr que nous aurions compris davantage les paroles de Jésus si nous avions fait partie du groupe. Nous ne pouvons pas, à partir de nos connaissances, dire que les Apôtres sont nuls, qu’ils auraient dû faire le lien avec le chant du Serviteur souffrant, ou qu’ils devraient faire plus confiance à Jésus, parce qu’il sait ce qu’il dit, et que nous savons, avec deux milles ans de recul, que c’est vrai : Jésus ne sauvera les hommes que par sa mort et sa résurrection ! Eux ne le savent pas ; ils n’ont pas encore vécu Pâques et l’annonce de la résurrection de Jésus. Eux ont juste accompagné Jésus ; ils le suivent quotidiennement ; ils le voient faire des miracles ; ils l’entendent enseigner ; ils constatent comment la foule l’accueille et le suit. Ils sont à mille lieux de pouvoir simplement concevoir que cette histoire puisse mal se finir. Et ce, quand bien même Jésus le leur dirait plus d’une fois. Il nous faut reconnaître que ce n’est pas évident d’entendre quelqu’un que l’on aime nous dire qu’il va devoir mourir, assassiné qui plus est, pour que nous puissions vivre. Comment croire l’incroyable lorsque celui-ci n’a encore jamais eu lieu ? 

            Ensuite nous pourrions leur suggérer de l’interroger quand même. Ils n’ont pas à avoir peur de Jésus. S’ils ne comprennent pas, qu’ils fassent comme les enfants à l’école : qu’ils interrogent leur Maître. Pierre ne s’est pas pris une volée de bois vert pour avoir interrogé Jésus ; il s’est fait remettre à sa place parce qu’il a contredit Jésus sur ce que Jésus venait de présenter comme le dénouement de sa mission. Il a refusé que l’enseignement de Jésus, pour surprenant et dérangeant qu’il puisse être, soit le destin de Jésus. Il a pensé qu’une autre porte de sortie était possible. Il a refusé d’entrer dans le projet de Dieu. Demander à Jésus de mieux s’expliquer, c’est une chose ; demander à Jésus d’envisager autrement sa mission et sa fidélité à Dieu, son Père, en est une autre. Nul ne peut refuser Jésus tel que Jésus se présente. Vous avez le droit d’imaginer votre Jésus, un Jésus à votre mesure, un Jésus qui corresponde bien à vos envies, à vos désirs ; mais vous ne pouvez pas demander à Jésus, le Christ, d’être à l’image de ce que vous avez rêvé. Jésus, on le suit comme il est ou on le laisse ! 

            Enfin, vous pourrez dire aux Apôtres que pour mieux comprendre, il faut peut-être tout simplement mieux écouter, et ne parler d’autre chose pour éviter de trop bien comprendre ce que dit Jésus. Sans doute est-ce plus passionnant de savoir qui était le plus grand ; mais cela n’apporte pas grand-chose. Surtout, cela détourne de l’enseignement de Jésus, de sa portée globale. Jésus n’a pas appelé de futurs petits chefs autour de lui ; il a appelé des disciples. Il ne donne pas un cours de management ou de bonne conduite des hommes ; il invite à le suivre, en prenant sa croix, en perdant sa vie à cause de Lui et de l’Evangile. Ce n’est pas une histoire de hiérarchie ; c’est une histoire de service, et de service du plus petit, du plus fragile. D’où ce geste avec un enfant. Quoi de plus fragile qu’un enfant qui n’a pas voix au chapitre ? Quoi de plus petit qu’un enfant qui n’a d’autre droit que de se taire et d’obéir. Pour être le premier, il faut suivre Jésus ; et suivre Jésus, c’est prendre l’avant dernière place, la dernière étant pour toujours à Jésus, sur la croix. Il n’y a pas plus bas, il n’y a pas plus humilié que Lui. Nous pouvons donc nous faire serviteur de tous. Ce n’est pas une humiliation ; c’est un honneur puisque c’est là que Jésus nous veut, Lui qui s’est fait l’esclave de tous. 

            Comme les disciples, il nous arrive de ne pas toujours comprendre ce que Jésus attend de nous. Comme les disciples, il nous arrive de vouloir entendre autre chose de la part de Jésus que ce qu’il a véritablement à nous dire. Patiemment et avec confiance, osons l’interroger. N’ayons pas peur de Lui. Il est celui qui veut notre vie et notre bonheur. A son école, nous apprenons que le service est la voie royale vers le Royaume. A sa suite, nous découvrons que la croix est passage vers la Vie véritable. Il ne tient qu’à nous de le croire. Il ne tient qu’à nous de le suivre. Personne ne peut nous y obliger, pas même Jésus. Le salut est offert par Jésus. Le chemin qui y mène est enseigné par Jésus. Il dépend de nous de le suivre ; il dépend de nous de l’accueillir. Amen.

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