Si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est sans valeur !
La résurrection n’est pas juste un appendice de notre foi, un petit truc que l’on prendrait en plus de tout le reste. Non, la résurrection du Christ, et de là la nôtre, est le cœur même de notre foi et notre espérance la plus profonde. Nous ne croyons pas en Jésus parce qu’il est venu au monde dans une crèche entre un âne et un bœuf. Nous ne croyons pas davantage en Jésus parce qu’il a eu des paroles réconfortantes, pleines de sagesse. Nous ne croyons même pas en Jésus parce qu’il a fait des miracles, posé des signes extraordinaires. Nous ne croyons pas plus en Jésus parce qu’il nous a magnifiquement parlé de Dieu, ni parce qu’il l’appelait Père. Nous ne croyons pas en Jésus enfin parce qu’il est mort sur la croix. Non, nous croyons en Jésus parce qu’il a livré sa vie pour nous sur la croix, qu’il est mort pour nous, qu’il a été mis au tombeau et que trois jours après, il était vivant, ressuscité, vainqueur de la Mort et du Péché. Sa naissance, son enseignement, ses miracles, sa proximité avec Dieu, sa mort même n’ont de sens que dans l’événement de la Pâque ; sa naissance, son enseignement, ses miracles, sa proximité avec Dieu et sa mort n’ont de sens que parce qu’il est vainqueur de la mort, une fois pour toutes, qu’il est vivant, définitivement vivant auprès de son Père et présent à notre vie par son Esprit. Paul a raison de dire aux Corinthiens qui déjà doutaient de la résurrection que, dans ce cas, leur foi est sans valeur. Elle ne vaut même pas la salive que l’on utiliserait pour la proclamer. Si Jésus n’est pas ressuscité, notre foi, c’est encore moins que du pipi de chat. Nada ! Nichts ! Nothing ! Rien !
Certains alors voudraient s’en sortir en disant que : « bon ben, je peux admettre que Jésus est ressuscité, mais cela ne change rien pour nous ; personne d’autre ne ressuscitera ; Jésus, c’est en quelque sorte l’exception qui confirme la règle : il n’y a pas de résurrection ». Mais alors pourquoi est-il mort, Jésus ? Pourquoi a-t-il accepté l’humiliation et la souffrance de la croix, si c’était juste pour lui ? En avait-il besoin pour rentrer chez son Père ? Non, bien sûr ! Il a fait ce chemin pour nous, pour toi, pour moi ; pour que, à sa suite, nous puissions ressusciter, nous puissions vivre, dès maintenant et pour toujours, avec Dieu, en Dieu. Il nous rappelle ainsi que notre vie n’est pas faite pour ce monde, mais pour le Royaume où Dieu nous attend. Et ce Royaume est le Royaume de la vie en plénitude, de la vie qui ne finit jamais. Ce n’est pas la peine de se fatiguer à être chrétien si c’est juste pour être gentil ici-bas. Des personnes gentilles, ça existe, même chez les non chrétiens, heureusement ! Devenir chrétien, c’est choisir d’être tendu tout entier, dès maintenant, vers ce Royaume où Dieu nous veut avec lui lorsqu’il nous appellera à quitter cette terre. Les béatitudes, que ce soient celles de Matthieu que nous entendons en chaque fête de la Toussaint, ou que ce soient celles de Luc que nous proclamons en ce dimanche, nous orientent vers cet au-delà et nous rappellent que nous sommes fait pour plus grand qu’une vie sur cette terre. Si nous sommes invités à développer un style de vie conforme à l’Evangile, ce n’est pas parce qu’on vit mieux ainsi dès maintenant, mais bien pour nous exercer à la vie du Royaume, pour nous exercer à la vie avec Dieu.
Je reconnais que les béatitudes de Luc, mal comprises, pourraient laisser croire qu’il vaut mieux être pauvre et mal foutu pour entrer dans le Royaume. Pire, elles laisseraient croire qu’il vaut mieux souffrir ici-bas pour être heureux dans l’au-delà. C’est oublier un peu vite que ce ne sont pas tant des choses à réaliser à la lettre qu’un état d’esprit, un art de vivre qui met le frère au cœur de ma vie parce que le Christ est solidement ancré dans ma vie et présent dans le cœur de chacun. Alors une certaine dépossession au profit du plus grand nombre devient possible ; alors le partage devient une évidence ; alors la compassion est la seule voie vers un monde plus heureux. Le riche dénoncé par Luc, c’est tout homme, financièrement riche ou pas, qui s’accroche au peu qu’il a et qui ignore son frère qui est encore plus dans le besoin. Le repus dénoncé par Luc, c’est tout homme qui refuse de partager ou qui gâche sa nourriture ou s’accapare la nourriture et laisse mourir de faim son frère. Le rieur que dénonce Luc est celui qui se moque des autres parce qu’ils n’ont pas la même chance que lui et qui refuse de partager leur souffrance pour leur permettre de la dépasser. Le louangé que dénonce Luc, c’est celui qui ne sait parler que de lui, ne mettre en avant que ses propres mérites sans voir que d’autres y ont contribué, ignorant même la part qu’ils ont pu prendre à sa réussite. Tous ces portraits dénoncés par Luc sont les portraits des hommes et des femmes qui sont pleins d’eux-mêmes et n’ont pas de place, en leur vie, pour Dieu. Ils sont leurs propres dieux. Comment voulez-vous dès lors qu’un Dieu crucifié, même ressuscité d’entre les morts, puissent les intéresser et les sauver ? C’est mission impossible, même pour le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.
La foi en la résurrection, si elle
reste inexplicable en termes de comment cela va se passer, nous invite à être
pleinement éveillés, dès maintenant, à être pleinement vivant, dès maintenant. Jésus,
durant sa vie terrestre, nous a montré ce que signifie être pleinement vivant :
c’est avoir à cœur le bien de l’autre avant le sien ; c’est avoir un cœur ouvert
à la détresse de celles et ceux qui croisent notre route ; c’est avoir un cœur
qui pleure avec ceux qui pleurent ; c’est avoir un cœur plein de Dieu, un cœur
plein des autres en qui Dieu se révèle à moi. Soyons donc pleinement vivant, à
la manière du Christ, dès maintenant, pour être pleinement vivants, ressuscités
avec le Christ, lorsque nous quitterons ce monde pour le Royaume où Dieu nous
attend. Apprenons aujourd’hui à être en état de ressusciter demain. Amen.
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