Faire route avec Jésus pour le découvrir mieux et l'écouter.
Nous poursuivons notre route avec Jésus. Il nous emmène, à travers Pierre, Jean et Jacques, sur la montagne pour prier. Mesurent-ils, ces trois-là, la chance qu’ils ont d’être là avec lui, pour cet acte éminemment intime d’un fils conversant avec son père ? Vous aurez beau trouver la prière un brin ennuyeuse, voir Jésus prier, ça doit être quelque chose. C’est la seule fois, me semble-t-il, dans l’évangile que Jésus emmène quelqu’un avec lui pour prier. Il y aura bien, au soir du jeudi saint, le passage au Mont des Oliviers, mais Jésus s’éloignera de ses disciples pour prier. Ici, ils sont présents, ils assistent à tout, ce qui nous vaut la restitution de cet événement de la transfiguration.
Au-delà du côté peu banal de la scène, ce récit nous permet de mieux connaître Jésus. C’est la première raison de notre marche à sa suite. Jésus, on ne le connaît jamais assez. Et je crois bien qu’une vie entière ne suffit pas à le connaître parfaitement bien. A mesure que j’avance dans mon sacerdoce, je me rends bien compte que j’apprends encore, que je découvre encore qui est Jésus pour moi, qui est Jésus pour les hommes. Et ce n’est pas forcément parce que je suis lent à comprendre. Année après année, j’approfondis ma connaissance de celui que je reconnais comme Christ et Sauveur, parce que Jésus se révèle progressivement, dans les méandres de mon histoire personnelle. Dans ce récit de la transfiguration, Jésus se révèle à nous tel qu’il est, réellement, dans toute sa gloire. Nous comprenons, là, que Jésus n’est pas qu’un homme, si d’aventure nous l’avions oublié. Nous comprenons, là, grâce à Moïse et Elie apparus dans la gloire, que Jésus vient accomplir la Loi et les Prophètes ; il vient réaliser les promesses que Dieu a faites à son peuple. Nous comprenons que Jérusalem sera le lieu de cette réalisation : ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Nous comprenons qu’ils parlent ensemble de sa Passion parce que nous avons le recul du temps. Mais la parole est suffisamment vague pour que les disciples ne fassent pas le lien immédiat avec la première annonce de la passion que Jésus leur a faite peu de temps avant dans l’évangile de Luc.
Cette transfiguration n’est pas un événement qui doit effrayer ; c’est un de ces événements à garder au fond du cœur, et dont il faudra se souvenir au temps sombre de la Passion et de la mort de Jésus. La gloire resplendissante sera alors anéantie par le corps torturé, humilié, exposé du Serviteur souffrant sur la croix. Mais c’est le même corps, aujourd’hui et demain, qui sera donné à voir à ses disciples. Le corps du Christ Sauveur, resplendissant de la gloire de Dieu, est aussi le corps douloureux, le corps portant en lui toutes les souffrances de l’humanité persécutée, humiliée, déchirée. En assumant totalement notre humanité, jusque dans ces aspects les plus sombres, Dieu la fait resplendir de sa gloire et nous ouvre le salut. Si Moïse et Elie apparaissent, c’est bien pour rappeler le projet d’amour de Dieu, son unique projet révélé par la Loi et la Parole des Prophètes : que l’homme vive ! Dieu n’a d’autre projet pour nous que de nous vouloir vivants, pleinement. Jésus, dans sa transfiguration, vient nous dire que la vie en plénitude, c’est la vie éclairée par la gloire de Dieu, la vie transfigurée.
A ceux qui pensent que cette vie n’est que pour après, la voix du Père apporte un démenti radical. Il ne dit pas grand-chose, Dieu le Père, mais quand il parle, il vaut qu’on se donne de la peine pour bien l’écouter. Ce qu’il dit, c’est ceci : Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! Cette parole fait partie de l’événement qu’il faut garder au fond de notre cœur. Elle confirme ce que nous pressentions, à savoir que Jésus n’est pas qu’un homme ; déjà il est rempli de la gloire de Dieu. Mais cette parole nous dit surtout comment nous pouvons à notre tour être transfiguré, resplendir de la gloire de Dieu : en écoutant Jésus, la parole vraie du Père. Ce n’est qu’en marchant à sa suite, en écoutant sa Parole et en la vivant comme lui, que nous resplendirons de la gloire de Dieu qui a établi sa demeure en nous. Ne sommes-nous pas fils et filles de Dieu par notre baptême ? Ne sommes-nous pas fils et filles de Dieu en Jésus, mort et ressuscité pour nous ? Sa gloire est notre salut ; le salut qu’il nous apporte est notre gloire. N’est-ce pas ce qu’affirme Paul aux chrétiens de la ville de Philippes ? Nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux
Faisant
route avec Jésus au long de ce carême, nous avons pu contempler, durant un
instant, la gloire de Jésus, sur cette montagne, en présence de Moïse et d’Elie.
A celui qui veut mieux connaître Jésus, nous n’avons pas d’autre chemin à
offrir que celui de l’écoute de Jésus et celui de sa contemplation. Rien ne
vaut l’enseignement de Jésus en parole et en acte pour nous faire entrer dans
son intimité, pour nous faire entrer dans sa réalité. N’oublions pas non plus
le témoignage de Moïse et des Prophètes : en relisant ce que Dieu leur
avait révélé déjà, nous comprendrons mieux encore que Jésus est celui qui
vient au nom du Seigneur. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
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