Faire route avec Jésus pour porter du fruit, le fruit d'une vie nouvelle.
Depuis le début du carême, nous avons vu Jésus affronter le Mal et vaincre le tentateur par sa fidélité à la Parole de Dieu. Dimanche dernier, nous pouvions contempler sa gloire, la gloire qui est sienne depuis toute éternité et qui resplendira par le mystère de la croix dressée et du tombeau ouvert ; cette contemplation par avance de la gloire nous donne déjà la force d’affronter les événements à venir de la Passion. Aujourd’hui, pour poursuivre notre marche à la suite de Jésus, il nous faut nous regarder, oser un regard sur notre propre vie : que produit-elle ? Car comment imaginer faire route avec Jésus sans envisager éventuellement de changer de vie, pour porter du fruit, le fruit d’une vie nouvelle ?
L’évangile de ce dimanche ne présente pas de difficulté particulière de compréhension. Il nous rappelle que les catastrophes ou les accidents de la vie ne sont pas la conséquence de notre péché. Le mal arrive dans notre vie, mais il est étranger à Dieu, parce que Dieu ne peut le concevoir. Vous pouvez relire les prophètes qui nous ont déjà été proposés au long de ces deux semaines de Carême. Nous avons ainsi entendu Ezéchiel nous dire que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. C’est là le seul projet de Dieu, parce qu’il nous a faits pour la vie. L’avertissement de Jésus ce dimanche, répété deux fois, nous rappelle cette évidence : si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Non pas que Dieu nous fasse périr (encore une fois, il ne veut que notre vie) ; mais, en refusant de nous convertir, en refusant de choisir Dieu et la vie qu’il nous offre, nous nous précipitons vers la mort. Aujourd’hui comme hier, Dieu voit la misère de son peuple, connait ses souffrances. Hier il envoyait Moïse vers son peuple pour le libérer d’Egypte, pour lui rendre une vie digne de lui. Puis il a envoyé son propre Fils, Jésus, pour libérer les hommes de la mort et du péché et les rendre à nouveau capables de Dieu, capables de la vie éternelle, cette vie nouvelle libérée de toute souffrance, libérée de tout mal. Il est ce vigneron qui bêche notre humanité, l’enrichit de la Parole de Dieu pour qu’elle porte le fruit que Dieu est en droit d’attendre.
Hélas, nous l’avons vu ces derniers temps, le mal fait encore des siennes. Il le fait dans notre monde ; nos journaux en sont remplis quotidiennement. Mais il est aussi arrivé qu’il soit fait dans l’Eglise, par des hommes et des femmes au service de cette Eglise. En ce troisième dimanche de Carême, fidèle à son engagement, l’Eglise catholique porte dans sa prière les victimes de tous les abus qui ont eu lieu en son sein. Ce drame nous rappelle l’urgence qu’il y a pour tous de marcher à nouveau avec Jésus. Hors de lui, pas de salut ; hors de lui, pas de délivrance du mal. Cela vaut pour tous, y compris pour les ministres de l’Eglise. L’ordination, pas plus que le baptême, ne protège du mal qu’on peut nous faire, ni du mal qu’on peut faire. L’ordination, comme le baptême, nous donne une responsabilité particulière dans cette lutte de chaque instant contre le mal qui rôde, d’abord dans notre propre vie. Seule la marche humble et persévérante avec le Christ nous offre une voie de salut. Seule la marche humble et persévérante avec le Christ nous permet d’identifier le mal, de le dénoncer, de le rejeter. Ce mal des abus commis, qu’ils soient abus sexuels, abus de pouvoir ou abus de confiance, se devait d’être dénoncé et d’être traité à la hauteur des souffrances qu’il a provoqué. Que cela ait porté atteinte au crédit de l’Eglise, c’est une évidence. Mais j’ai la conviction que Dieu continue de bécher le sol dans lequel cette Eglise est plantée pour qu’elle porte à nouveau du fruit, un fruit de vie nouvelle, le fruit qu’elle n’aurait jamais dû cesser de porter. De cette épreuve, elle sortira grandie si elle se recentre sur son unique mission : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ qui nous libère de tout mal par son offrande sur la croix.
Le mal est étranger à Dieu qui ne l’a
pas créé, ni ne peut le concevoir. A travers toutes les alliances qu’il a
proposées aux hommes, il n’a cessé de le combattre. Appelés à vivre de la vie
même de Dieu, le mal doit nous devenir étranger. Il nous faut le combattre
toujours, si nous voulons être d’authentiques disciples de Jésus. Il y a tant
de beaux et de bons fruits à porter ; pourquoi ne pas y consacrer notre
énergie ? Le temps passé à imaginer et concocter le mal est toujours du temps
perdu, et définitivement perdu puisqu’il nous ferme le temps de l’éternité
bienheureuse. Le temps passé à imaginer et à faire le bien est toujours du
temps gagné, pour aujourd’hui d’abord parce qu’il nous rend heureux
immédiatement, et pour l’éternité ensuite puisqu’il nous ouvre au bonheur sans
fin. En choisissant de faire route avec Jésus au long de ce carême, en choisissant
de faire route avec lui tout au long de notre vie, nous ferons reculer le mal. En
choisissant de faire route avec Jésus, nous porterons du fruit, un fruit de vie
nouvelle, aujourd’hui et toujours. Amen.
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