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samedi 7 mai 2022

4ème dimanche de Pâques C - 08 mai 2022

 Faire route avec les disciples pour devenir missionnaires.



(Paul et Barnabé, fondateurs d'Eglise, 
Source internet : B.8. Retour à Antioche - Saint Paul apôtre (paroisse-immaculee-conception.fr)




A suivre les Apôtres durant le temps pascal, il devient vite évident qu’il est impossible de devenir chrétien juste pour soi. Depuis Pâques, nous avons vu comment les Apôtres eux-mêmes se sont lentement faits à la radicale nouveauté de la résurrection du Christ et de ce que cet événement allait changer en eux. C’est toute leur vie qui s’en trouve bouleversée, et par-delà, la vie de tous les hommes. Nous l’avions constaté dès le jour de Pâques dans l’extrait de la prédication de Pierre chez le centurion Corneille. Si nous reprenons le chemin parcouru depuis Pâques, nous devons nous rendre à l’évidence aujourd’hui : l’événement de Pâques ne nous fait pas seulement découvrir que l’impossible devient possible ; l’événement de Pâques ne nous propose pas seulement de nous attacher à ce Christ, vainqueur de la mort ; l’événement de Pâques ne nous demande pas seulement de témoigner du Christ vivant auprès de ceux qui ont du mal à entrer dans cette nouveauté ou qui la refuse. Non, l’événement de Pâques nous pousse à devenir missionnaire, réellement. Christ ne ressuscite pas pour que je le garde pour moi, mais bien pour que je l’annonce par ma vie et par mes mots à tous les hommes, qu’ils soient de mon clan, de ma religion ou pas. 

Voyez Paul et Barnabé. Nous les croisons lors de leur premier voyage missionnaire. Ils arrivent à Antioche de Pisidie et selon leur habitude, le jour du sabbat, ils entrèrent dans la synagogue et prirent place. C’est ce qu’ils ont toujours faits ; c’est ce qu’ont fait tous les premiers chrétiens, Pierre et les autres en tête. Issus du milieu Juif, ils annoncent Jésus, mort et ressuscité, à leurs coreligionnaires, en leur montrant comment Jésus, par sa mort et sa résurrection, accomplit les promesses faites par Dieu à leurs Pères dans la foi. Et nous voyons bien, ici à Antioche, qu’ils ne cherchent pas à les détourner de leur foi juive : Paul et Barnabé, parlant avec eux, les encourageaient à rester attachés à la grâce de Dieu. Ni Paul, ni Barnabé, ni Pierre, ni aucun autre disciple du Seigneur, n’a l’impression d’avoir changé de religion en proclamant que Christ, celui qui était mort, est désormais vivant, auprès de Dieu. Pour eux, c’est l’accomplissement normal de leur foi initiale. Le Dieu des Pères a (enfin) accompli les promesses faites depuis Abraham, Moïse et les Prophètes. Le problème, si problème il y a, ne vient donc pas d’eux, mais bien de certains auditeurs. Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. C’est comme si aujourd’hui, ceux qui se plaignent de nos églises vides le dimanche, entraient en colère si, à l’occasion de la venue d’un prédicateur brillant, les églises devenaient d’un coup, trop petites ! Et Paul est le mieux placé pour leur répondre. Souvenez-vous qu’il n’y a pas si longtemps encore, il s’excitait lui-même contre ceux qu’il qualifiait de secte dangereuse pour la pureté de la foi juive. Entre ces jours sombres où il poursuivait les adeptes de cette nouvelle voie et ce jour à la synagogue d’Antioche de Pisidie, il y a sa rencontre personnelle avec le Christ sur la route vers Damas. Cette rencontre était nécessaire et décisive pour qu’il comprenne l’accomplissement du projet de Dieu pour les hommes en son Fils Jésus, mort et ressuscité. 

Devant l’opposition des Juifs d’Antioche, Paul se rend compte de la nécessité de la mission. Elle ne saurait être arrêtée ou entravée par une quelconque opposition. Paul l’explique lui-même ainsi : C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Si vous relisez les douze chapitres précédents du livre des Actes, vous constaterez par vous-mêmes que c’est ce que les Apôtres ont toujours fait jusqu’à présent : annoncer le Christ ressuscité à leurs frères dans la foi juive. Mais, poursuit Paul, puisque vous la rejetez (…) nous nous tournons vers les nations païennes. Le message de la résurrection est tellement important que, si ceux à qui il était destiné au départ n’en veulent pas, il faut le passer à d’autres. Aucun disciple de Jésus, ayant fait l’expérience du Christ ressuscité, ne peut garder cette nouvelle pour lui, quand bien même ceux à qui ce message était destiné, n’en veulent pas. Il faut le transmettre, à tout prix. Et Paul de préciser pourquoi il va désormais agir ainsi : C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. La raison de l’impérieuse nécessité de la mission n’est pas philosophique ; elle n’est pas davantage une espèce de punition ou de vengeance (tu n’en veux pas, c’est pas grave je donnerai à un autre) ; non, la raison est théologique : c’est la réponse normale à l’ordre de Dieu lui-même. Le salut, que le Christ réalise par sa mort et sa résurrection, est pour tous les hommes ; Israël, dès le départ, a été voulu par Dieu comme son peuple particulier, non pas pour qu’il confisque Dieu à son seul profit, mais pour que toutes les nations parvienne à sa lumière. 

Ce qui était vrai du temps de Paul, reste vrai pour nous aujourd’hui. Le pape François n’a cessé de le rappeler depuis son élection. Pour reprendre son vocabulaire : nous devons aller aux périphéries. Sa demande ne s’adresse pas aux prêtres seulement, mais à toute l’Eglise, c'est-à-dire à chaque baptisé. Aucun de nous ne peut faire l’économie d’une démarche missionnaire authentique. Il ne s’agit pas comme Paul de parcourir le monde ; il s’agit de commencer dans sa famille, dans son quartier, auprès des hommes et des femmes que nous croisons. Et si l’art de la prédication n’est pas donné à tout le monde, l’art de vivre chrétien est notre lot commun. C’est d’abord par notre vie, par notre qualité de relation avec tous, que nous serons missionnaires, ou pas ! Avec les Apôtres, devenons missionnaires pour que le monde croit que Dieu veut le meilleur pour lui. Alors à nouveau les hommes seront dans la joie et rendront gloire à la parole du Seigneur. Amen.

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