Faire route avec les disciples dans l'attente du retour du Christ.
Il n’y a rien de très difficile à comprendre à la fête de l’Ascension. Ce Jésus, qui était mort et dont les Apôtres ont acquis la certitude qu’il est bien vivant, ressuscité, ce Jésus donc retourne vers son Père. Ce retour est nécessaire pour que ces mêmes Apôtres puissent voir se réaliser la promesse de Dieu : leur baptême dans l’Esprit Saint, que nous célèbrerons dans quelques jours, lors de la Pentecôte. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a rien de difficile à comprendre que cela ne pose pas de question. J’en ai deux à méditer avec vous ce matin.
La première question qui m’a travaillé l’esprit est la suivante : est-ce plus facile de se dire que je ne verrai plus quelqu’un parce qu’il est mort ? ou de se dire : je ne le verrai plus bien que je le sache toujours vivant ? Autrement dit que se passe-t-il dans la tête des Apôtres quand ils comprennent que Jésus, ils ne le verront plus de leur vivant ! Je n’ai pas de réponse claire puisque Luc donne deux versions du même épisode. Dans les Actes, il nous dit qu’ils restent là à regarder le ciel, alors que dans son évangile ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Les deux versions peuvent ne pas être incompatibles : ils peuvent d’abord rester là à regarder le ciel, pendant un moment plus ou moins long, avant de finalement rentrer joyeux ; mais quand même. Si tel était vraiment le cas, pourquoi ne pas l’avoir dit, même deux fois. Il n’y aurait rien eu de gênant.
La deuxième question concernerait plutôt la suite : Jésus est parti, c’est admis. Mais, en attendant son retour dans la gloire, comment on fait pour vivre de lui ? Est-ce que Jésus va juste devenir un souvenir, de plus en plus lointain à mesure que le temps passe ? Que devient alors la promesse qu’il a faite d’être avec eux jusqu’à la fin des temps alors même qu’il n’est plus là ? Le premier élément de réponse est donné par Luc, dans les Actes et dans l’évangile : les Apôtres recevront l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus, qui sera avec eux. La promesse sera tenue à travers lui. Un deuxième élément de réponse nous est donné par vous qui faites aujourd’hui votre première des communions. Vous l’avez appris, je pense lors de vos rencontres de catéchèse, Jésus, nous le croyons, est réellement présent dans le Pain et le Vin partagés. Le Pain consacré que vous recevrez pour la première fois aujourd’hui, c’est Jésus qui se donne à vous ; c’est Jésus qui s’invite chez vous ; c’est Jésus qui se rend présent au plus profond de vous. Le morceau de pain sur lequel je vais invoquer la puissance de l’Esprit Saint restera du Pain et pourtant il contiendra la présence de Jésus tout entier. Quand nous mangeons ce Pain consacré, c’est toute la vie de Jésus qui passe en nous pour transformer notre vie. c’est un grand mystère qui nous dit cette présence permanente de Dieu dans notre vie.
Ce Pain consacré, c’est le pain des forts, le pain de ceux qui sont forts ou qui veulent rester forts dans la foi. Si nous ne restons pas fidèles à Jésus, si nous ne l’accueillons pas dans ce Pain rompu et partagé, nous ne pouvons pas rester forts dans notre foi. C’est pour cela que la messe du dimanche reste la seule obligation à laquelle nous sommes soumis. Le dimanche, un chrétien catholique n'a pas d’autre choix, s’il veut rester attaché à Jésus, que d’aller à la messe, retrouver ses frères et sœurs, écouter avec eux l’enseignement de Jésus et participer avec eux au repas que lui-même nous sert. Pour rester forts dans notre foi, nous avons besoin de l’eucharistie dominicale. Ce serait être fou que de croire le contraire ; ce serait être fou que de croire que je peux rester chrétien sans Jésus dans ma vie.
Ce Pain consacré, c’est aussi le Pain d’effort, le Pain qui me donne la force de faire les efforts nécessaires pour rester fidèle, malgré les épreuves que je peux rencontrer dans ma vie. parce que croire en Dieu, ce n’est pas toujours simple. Dans notre monde qui a largement rangé Dieu au rayon des curiosités de l’histoire, se dire croyant demande un effort, une force qui ne vient pas de nous. Ce morceau de Pain consacré que nous recevons chaque dimanche vient nous redonner la force pour vivre une nouvelle semaine dans la fidélité à l’enseignement de Jésus. Parce qu’être chrétien, ce n’est pas seulement aller à la messe ou prier ; être chrétien, c’est d’abord un art de vivre animé par l’amour de tous. Je ne peux pas dire que j’aime Dieu si je n’aime pas les personnes qu’il met sur ma route. Comment je montre que j’aime Dieu ? En aimant les autres en qui Dieu est présent. Et Dieu sait qu’avec certains, il me faut faire un effort surhumain pour croire que Dieu est présent en eux. L’eucharistie, Pain d’effort, me permet d’aimer quand même, à travers Jésus.
A vous qui allez faire votre première
des communions, je ne peux que vous redire ici l’importance pour vous de
revenir, dimanche après dimanche, pour que cette première communion ne soit pas
aussi la dernière, et pour que surtout, vous ressentiez, au milieu des autres
chrétiens, la présence de Jésus dans votre vie. Ne faites pas de Jésus, après
cette belle journée un beau souvenir, ni une belle idée. A la messe, Jésus se
donne à entendre dans la Parole proclamée ; à la messe, Jésus se donne à
voir et à manger dans le Pain et le Vin consacré. Pour être, avec les
disciples, témoins de Jésus ressuscité, nous avons besoin de cette
rencontre hebdomadaire avec Jésus qui se donne totalement à nous. A nous,
adultes de cette communauté, il revient de les encourager et de les accompagner
sur ce chemin de foi, à la suite des disciples, dans l’attente du jour où le
Christ reviendra dans sa gloire. Alors nous aurons notre place à la table où
Dieu nous attend, et dont notre eucharistie n’est qu’un reflet. Amen.
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