Faire route avec les disciples pour construire nos communautés.
La lecture du livre des Actes des Apôtres est intéressante parce qu’elle nous montre, par le détail, comment ce qui n’était qu’un tout petit groupe au sein de la religion juive, va peu à peu se développer jusqu’à devenir une entité à part, ce qui n’était pas du tout le dessein originel des Apôtres. Fonder une nouvelle religion n’était pas dans leur projet. Leur projet, c’était l’annonce de la bonne nouvelle de la Résurrection de Jésus. Et de l’annoncer comme l’accomplissement de la foi de leurs pères.
Nous avons compris, dimanche dernier, que cette annonce devait se faire ; il y a une sorte d’impératif qui fait que les disciples de Jésus ne peuvent se taire. Puisque leurs frères dans la foi ne veulent pas les entendre, ils se tournent donc vers les païens. Le premier voyage missionnaire de Paul et Barnabé est l’exemple même de la manière dont les disciples de Jésus sont peu à peu poussés vers le monde païen. Nous avons entendu aujourd’hui la fin de ce premier voyage et nous constatons que partout où Paul et Barnabé ont passé, des communautés ont été fondées. Le voyage de retour vers Antioche de Syrie d’où ils sont partis, leur fait revisiter ces communautés et les installer dans la durée en désignant des Anciens pour les conduire. Quelque chose qui n’était pas prévu va naître. A côté de la synagogue, lieu de rassemblement des Juifs, naissent des Eglises (des communautés de croyants au Christ) qui rassembleront les disciples du Ressuscité. Paul et Barnabé vont accompagner ce mouvement et organiser ces Eglises. Il ne suffit pas d’annoncer Jésus Christ, mort et ressuscité ; il faut aussi donner aux convertis les moyens de rester fermes dans la foi. Il y a là déjà la conscience que nul ne peut être chrétien tout seul ; nul ne peut demeurer chrétien tout seul. L’Eglise devient un marqueur pour ces hommes et ces femmes qui se convertissent. La mise en place de ces Eglises ne se fait pas non plus par hasard ; la fonction d’Ancien n’a pas forcément quelque chose à voir avec l’âge de ceux qui sont choisis. On ne choisit pas non plus forcément le plus grand, le plus beau, le plus intelligent. Ce n’est pas un pouvoir qui leur est confié ; c’est un service qu’ils doivent accomplir. Tout ce que Paul et Barnabé mettent en place se fait dans le jeûne et la prière, une manière de dire que la barque, c’est Dieu qui la mène. Vous pourrez vérifier par vous-mêmes lorsque vous entreprendrez la lecture continue de ce livre : rien ne se fait hors de Dieu ; la prière est omniprésente. D’ailleurs la finale du passage entendu aujourd’hui ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Luc écrit : Une fois arrivés, ayant réuni l’Eglise, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux et comment il (au singulier) avait ouvert aux nations la porte de la foi. L’œuvre des disciples, c’est de laisser Dieu agir ; l’œuvre de l’Eglise, c’est d’être ouverte aux appels de Dieu.
Dans nos communautés aujourd’hui, nous ne pouvons pas agir différemment. Si nous voulons bien construire nos communautés à l’exemple de ces premières Eglises, nous n’avons pas d’autre choix que de laisser là nos belles idées pour nous ouvrir à ce que Dieu veut pour nous. Pour le dire autrement, tout groupe qui se construirait en-dehors de ce lien profond au Christ mort et ressuscité, annoncé par les Apôtres et leurs successeurs, ne serait pas vraiment Eglise. Un groupe de chrétiens qui prétendrait agir au nom de l’Eglise sans jamais prier ensemble pour se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et de la volonté de Dieu, ne serait pas vraiment Eglise. Tout individu ou groupe qui prétendrait vivre sa foi en-dehors de toute communauté établie par les Apôtres et leurs successeurs, ne seraient pas vraiment d’Eglise. Faut-il rappeler que nos paroisses n’existent pas par notre volonté propre, mais parce qu’elles ont été voulues, autorisées par un évêque, successeur des Apôtres, qui en a établi le territoire et la mission ? En fondant les Eglises dans le bassin méditerranéen, Paul et Barnabé n’ont pas fait ce qu’ils voulaient, mais ce que l’Esprit de Dieu attendait d’eux. Nous avons confirmation de cela ailleurs dans les Actes quand Paul veut se rendre quelque part, mais que l’Esprit Saint s’y oppose. Et Paul obéira et ira où le pousse l’Esprit. C’est ainsi que se construit l’Eglise ; c’est ainsi que nous refondrons nos communautés : en étant, comme Paul et Barnabé, attentifs à ce que l’Esprit dit aux Eglises, pour reprendre le langage du livre de l’Apocalypse.
Nos
plus belles idées, nos plus grandes envies, si elles ne sont pas inspirées par l’Esprit
Saint, ne resteront que de belles idées, de grandes envies. Leur fécondité
vient de l’Esprit Saint qui nous les aura soufflées. Sans lui, rien ne porte de
fruits. Pour construire des communautés solides et fécondes, mettons-nous en
prière avant d’agir, à l’exemple des Apôtres. Et soyons conscients que Dieu travaille
avec nous et que lui seul peut susciter la foi. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire