Quel est votre avis ?
Quel est votre avis ? A quelques jours de l’ouverture de la première session du synode sur la synodalité, comment ne pas être ravis par cette question de Jésus : Quel est votre avis ? Elle nous rappelle, avec toute la parabole qui suit, qu’en matière de relation à Dieu, chacun a son mot à dire. Nous avons tellement été habitués à une Eglise où tout venait d’en-haut, que je me demande même pourquoi personne, en haut-lieu, n’a jamais songé à supprimer ce verset, car trop dangereux si le bon peuple se rendait compte qu’il pourrait avoir son mot à dire.
La parabole que Jésus raconte n’a rien de compliqué. Un père, deux fils, une demande, deux réponses suivies chacune d’une attitude en contradiction avec la réponse apportée à la demande du père. Celui qui répond oui, finalement ne fait pas ce qu’il a dit ; celui qui dit non, se ravise et fait ce qu’il avait refusé d’abord. Nous avons tous connu cette situation, soit en lieu et place du père, soit en lieu et place des deux fils. Ne pas faire ce que nous avions dit, ou faire ce que nous avions refusé, ne fait pas de nous des gens mauvais ou bon ; au pire, cela fait de nous des grands adolescents qui ne veulent plus à midi ce qu’ils désiraient le matin et finiront par faire le soir ce qu’ils détestaient à midi. C’est la vie, quoi ! D’ailleurs, la question finale de Jésus n’est pas : « Qui est le bon ou qui est le mauvais ?», mais bien : Lequel des deux a fait la volonté du père ? Et tout est là, dans notre relation avec Dieu. La question n’est pas de savoir si nous sommes bons ou mauvais, mais plutôt si, par notre vie, nous faisons la volonté du Père ? Cette question, si elle doit être une attention quotidienne pour nous, ne sera pour Dieu que le regard sur notre vie quand elle parviendra à son terme. Si Dieu se refuse à juger une vie avant son terme, pourquoi nous le permettrions-nous ? Il nous faut avoir une attention à la volonté de Dieu pour nous, mais cela ne doit pas non plus être une obsession. Il y a des situations où réagir comme l’Evangile nous le demande, est quelquefois difficile. Ainsi, par exemple, tendons-nous toujours l’autre joue quand on nous frappe ? Sommes-nous toujours accueillant envers tous, et de bon cœur ? Ne nous laissons-nous jamais entraîner à la colère ? Aimons-nous vraiment toujours tout le monde ? Le prophète Ezéchiel, dans la première lecture, nous fait bien comprendre que rien n’est jamais jugé d’avance, et que chacun, celui que nous considérons juste, comme celui que nous considérons méchant, peut changer. Le juste peut finir injuste et mourir injuste ; le méchant peut devenir bon et mourir bon. Pour chacun, nous dit Dieu par son prophète, une seule fois suffit ! J’y vois là une invitation à la prudence quand je suis bon, et à l’espérance quand je le suis moins. Rien n’est écrit de mon histoire sinon le fait que Dieu m’aime infiniment.
Si je rapproche alors cette parabole de Jésus de l’extrait de la lettre aux Philippiens que nous avons entendu en deuxième lecture, je ne peux m’empêcher de remarquer que l’Eglise, c'est-à-dire la communauté des croyants que nous formons ensemble, a une responsabilité et un rôle à jouer ; et ce n’est pas de juger et de condamner à la place de Dieu. Ecoutons à nouveau Paul et comprenons : S’il est vrai que, dans le Christ (comprenons en Eglise, puisque c’est bien là le lieu où l’on est censé vivre dans le Christ), s’il est vrai que, dans le Christ donc, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Le rôle de l’Eglise, la communauté des croyants, est d’encourager, d’être pleine de tendresse et de compassion… Autrement dit, puisque l’Eglise, ce n’est pas que le pape, les évêques, les prêtres et les diacres, mais bien chacun de nous, nous avons à nous encourager… Pour le dire encore plus clairement, nous sommes responsables de la foi des autres ; nous sommes responsables de leur justice comme de leur méchanceté. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres, dit Paul. Nous encourager, nous supporter, vivre en communion, suppose que nous ayons à cœur notre propre salut et le salut de chaque membre de la communauté humaine. Ecoutons encore Paul : Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus, lui le Juste qui est allé à la mort pour le salut de tous. Jamais le Christ n’a condamné, jamais le Christ n’a rejeté, mais toujours il a averti, toujours il a invité à la conversion, sans juger, mais avec tendresse, respect et amour.
Quel est votre avis ? Dans quelle Eglise voulez-vous vivre ? Le synode qui s’ouvre cette
semaine touchera cette question. Mais nous ne sommes pas obligés d’attendre ses
conclusions prévues au mieux pour la fin de l’année 2024, début de l’année
2025, pour décider que nous voulons, ici et maintenant, vivre en ayant les uns
pour les autres les dispositions
qui sont dans le Christ Jésus. Que l’Eglise
soit à l’avenir plus synodale ne joue pas sur le fait que nous pouvons décider
dès maintenant d’être plus fraternels, réellement. Si nous faisons le choix du Christ,
nous faisons le choix de vivre comme lui pour nous-mêmes et avec les autres. Rien
ne compte davantage que cela, me semble-t-il. Mais ce n’est là que mon opinion.
A vous de dire quel est votre avis. Amen.
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