Laissons Dieu s'approcher de nous !
Je suis toujours bouleversé lorsque je lis ou entends le passage du livre de la Genèse que nous avons eu en première lecture. Nous sommes au commencement, Dieu a tout créé. Il existe une harmonie, une perfection dont nous ne pouvons que rêver. Et pourtant, elle va être rompue et le premier blessé, ce n’est pas l’homme, ni sa femme d’ailleurs ; le premier blessé, c’est Dieu. La femme s’est laissé tromper par le serpent, l’homme a partagé sa faute, ils se découvrent nus, prennent peur et se cachent de Dieu, obligeant celui-ci à les chercher. Comment ne pas être saisi par cette question de Dieu adressée à chacun de nous ce matin : Homme, où es-tu donc ?
Peut-être avez-vous entendu un jour Raymond DEVOS. Dans un de ses sketchs, il dit ceci : J’ai lu quelque part : « Dieu existe, je l’ai rencontré ! » Ça alors ! Ça m’étonne ! Que Dieu existe, la question ne se pose pas ! Mais que quelqu’un l’ait rencontré avant moi, voilà qui me surprend. Parce que j’ai eu le privilège de rencontrer Dieu juste à un moment où je doutais de lui. Dans un petit village de Lozère, abandonné des hommes. Il n’y avait plus personne. Et en passant devant la vieille église, poussé par je ne sais quel instinct, je suis entré… et là, j’ai été ébloui… par une lumière intense, insoutenable : C’était Dieu ! Dieu en personne, Dieu qui priait ! Je me suis dit : Qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même, pas lui, pas Dieu ! Non, il priait l’homme ! Il me priait moi ! Il doutait de moi comme j’avais douté de lui. Il disait : Oh homme, si tu existes, un signe de toi ! J’ai dit : Mon Dieu, Je suis là ! Il a dit : Miracle ! Une humaine apparition ! Je lui ai dit : Mais, mon Dieu, comment pouvez-vous douter de l’existence de l’homme puisque c’est vous qui l’avez créé ? Il m’a dit : Oui… mais il y a si longtemps que je n’en ai pas vu un dans mon église que je me demandais si ce n’était pas une vue de l’Esprit. Je lui ai dit : Vous voilà rassuré, mon Dieu ! Il m’a dit : Oui ! Je vais pouvoir leur dire là-haut : « L’homme existe, je l’ai rencontré ! »
Il y a là quelque chose de fondamental pour notre vie spirituelle, une manière autre de la comprendre. Il arrive que des gens disent ne pas croire en Dieu parce qu’ils n’arrivent pas à le voir. Les difficultés de leur vie, l’existence du mal, les injustices commises… tout cela leur fait dire que cela ne sert à rien de chercher Dieu. Si Dieu existait, tout ce mal n’existerait pas ! Peut-être cela vous est-il arrivé, un jour, de penser ainsi. Je ne dis pas que c’est mal ; je crois juste que c’est mal comprendre le mouvement de la vie spirituelle. Pour croire en Dieu, il ne s’agit pas tant de chercher Dieu, d’accumuler des preuves de son existence, mais plutôt de se laisser trouver par lui, de se laisser approcher par lui. Que Dieu existe, la question ne se pose pas, ni pour Raymond DEVOS, ni pour Adam et Eve. Ils savent qu’ils lui doivent l’existence. La question qui se pose est celle-ci : après avoir transgressé l’unique interdit, se laisseront-ils encore approcher de Dieu ? Se laisseront-ils encore trouver par lui ? Le seul fait qu’ils se cachent, par peur de Dieu, montre bien qu’ils n’ont pas compris qui est celui qui les a appelés à la vie. Le seul fait que Dieu les cherche, montre bien que la rencontre quotidienne avec Adam et Eve n’était pas pour Lui un moyen de les surveiller, de vérifier qu’ils ont bien tout fait comme il faut, mais un moment de grâce pour eux et pour Dieu. Dieu avait plaisir à les rencontrer chaque jour, et devant leur absence, il s’inquiète : Où es-tu donc ?
Nous retrouvons quelque chose de cela dans la page d’évangile entendue. Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là, dehors : ils te cherchent. » Cette manie bien humaine de chercher Dieu, de chercher Jésus. Ecoutez bien la réponse de Jésus : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Certains vont pinailler en disant que c’est bien la foule qui s’est rassemblée autour de Jésus. Oui, mais elle le laisse parler, elle l’écoute ! Ce seul fait me fait dire qu’elle a laissé Jésus s’approcher d’elle, la foule. Si je vais vers quelqu’un pour lui dire quelque chose, c’est moi qui le cherche, puisque j’ai quelque chose à lui dire. Si je vais vers quelqu’un pour l’écouter, c’est lui que je laisse approcher de moi ; je le laisse me donner ce qu’il a envie de me donner. Si je ne me laisse pas trouver par Dieu, il ne pourra pas me parler ; s’il ne peut me parler, je ne saurai pas quelle est sa volonté pour moi, et donc je ne pourrai pas l’accomplir. Seul celui qui vient vers Dieu avec l’intention de se laisser trouver par Dieu, peut connaître et accomplir sa volonté.
Laissons-nous donc approcher par Dieu, ne nous cachons
pas de lui. Quand bien même notre vie serait noire comme la nuit, allons vers
lui sans crainte. Il est celui qui nous a dit par Jésus : Tout sera
pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils
auront proférés. Seul le blasphème contre l’Esprit Saint n’aura jamais
de pardon. Celui qui se laisse approcher de Dieu et qui écoute Dieu ne peut
pas commettre ce péché impardonnable, puisque Dieu ne peut se retourner contre
lui-même. Approchons-nous Dieu avec la ferme intention de le laisser s’approcher
de nous ; et nous serons vraiment fils et filles du Très-Haut, frères et sœurs
de Jésus Christ. Amen.
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