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samedi 6 juillet 2024

14ème dimanche ordinaire B - 07 juillet 2024

 Ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.




 

 

Depuis lundi, le groupe qui assure l’adoration au Mont Sainte Odile, approfondit sa foi à partir de la saga Harry Potter. Un parcours original, sans doute, qui nous a permis d’aborder des questions aussi diverses que l’appel, la question du bien et du mal, comment vaincre le mal, la notion de don de soi et de sacrifice, ainsi que, ce matin même, la plus puissante des magies révélées dans l’œuvre de JK Rowling, une magie que, chrétiens, nous ne pouvons renier : il s’agit de l’amour ! Cette magie ne vient pas d’un sort jeté, ni d’une baguette puissante, mais des hommes et des femmes eux-mêmes. Ainsi, c’est bien l’amour de sa mère qui a sauvé Harry Potter dès sa naissance, et lui a permis de survivre au sortilège de mort prononcé contre lui par Vous-savez-qui. 

La deuxième lecture de ce dimanche n’aborde-t-elle pas à sa manière cette puissante magie de l’amour ? Il faut bien entendre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens. Il reconnaît qu’il porte en lui une écharde qui l’empêche de se surestimer. Nous ne savons pas de quoi il parle exactement, mais il est certain que c’est pour lui une limite, une blessure qui le marque et dont il a demandé à être débarrassé. La réponse de Dieu à sa demande peut sembler curieuse : Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. Ce n’est probablement pas la réponse que Paul attendait – pas de libération, pas de guérison – mais il saura se contenter de cette affirmation que la grâce de Dieu l’accompagne. N’est-ce pas la manifestation même de l’amour de Dieu que l’affirmation de la présence de Dieu à notre vie, surtout dans les moments d’épreuves ? Reprenant le vocabulaire de Harry Potter, la puissante magie dont nous bénéficions en tant que chrétiens, c’est bien cette présence aimante de Dieu qui veille sur nous, nous accompagne et nous assure de sa grâce. Cette grâce de Dieu doit nous suffire, même dans nos moments de faiblesse. Il n’y a rien de plus puissant que l’amour de Dieu. Il n’y a pas de péché assez grand et assez fort pour contrecarrer l’amour de Dieu. Il n’y a pas de péché trop grand que l’amour de Dieu ne saurait combattre et pardonner. Le même Paul écrira aux Romains que là où le péché a abondé, la grâce de Dieu a surabondé (Rm 5, 20). Ce n’est pas une permission de nous laisser aller au péché, mais une invitation à ne pas désespérer, ni de nous, ni de l’amour de Dieu quand le péché semble dominer notre vie. L’amour de Dieu sera toujours plus fort que notre péché ; il ne nous manquera jamais. 

Nous ne prendrons jamais assez la pleine mesure de la puissance de l’amour de Dieu pour nous ; nous ne pouvons que l’expérimenter, jour après jour. Cet amour nous saisit et nous transforme lentement. Ici, au mont Sainte Odile, devant le Saint Sacrement exposé, nous pouvons ressentir cet amour pour nous à travers la paix profonde qu’il nous procure. Pèlerins d’un jour ou adorateurs pour une semaine, nous touchons du doigt cet amour à l’œuvre dans notre vie, comme il fut à l’œuvre de notre bien-aimée patronne de l’Alsace que nous célébrons en ce dimanche. L’amour qui n’a jamais fait défaut à Odile, même quand son père a décidé de la faire éliminer, ne nous fera jamais défaut. Nous devons être habités de cette certitude que nous sommes profondément et éternellement aimés, avant même d’avoir seulement commencé à aimer Dieu en retour.  Accueillant la puissance de cet amour divin pour nous, nous ne pouvons que demander la grâce de savoir en témoigner à notre tour et de répandre cet amour autour de nous. Ce n’est pas quelque chose à faire quand nous aurons le temps ; ce n’est pas quelque chose à faire parce que nous n’aurons rien d’autre à faire à ce moment-là. C’est quelque chose qui s’impose à nous. Caritas Christi urget nos – la charité du Christ nous presse, écrit le même Paul dans cette même lettre aux Corinthiens ! Comment, en étant aimés absolument et inconditionnellement, ne pas aimer de même, absolument et inconditionnellement ? Serions-nous des enfants ingrats, revendiquant pour nous seuls ce que nous refusons aux autres ? Nous ne pouvons garder pour nous ce que Dieu nous partage aussi généreusement ! Comme l’écrit saint Jean dans sa première lettre : Nous devons aimer ! Il n’y a pas d’autre choix possible ! Quand j’ai lu, tout au long de la semaine écoulée, dans nos journaux, que des personnes d’origine étrangère se voit rappeler leurs origines, au point qu’elles ressentent qu’elles ne sont pas les bienvenues quand bien même elles seraient pleinement insérées depuis des années, je me dis que nous avons oublié d’aimer et que notre amour pour l’autre, différent, est en grand danger. Comment, en quelques jours, un vrai sentiment de haine a-t-il pu se développer et se répandre ainsi dans la patrie des Droits de l’Homme ? Comment une nation dont la fraternité fait partie de la devise, peut-elle ainsi manquer aussi gravement à ce qui la constitue et la définit ? La fraternité ne serait-elle plus la sœur de l’amour ? 

Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dan la faiblesse. Plus que jamais, demandons la grâce d’aimer à nouveau, profondément, absolument, inconditionnellement, toute personne qui frappe à la porte de notre cœur, à la porte de notre pays. Ne nous contentons pas de recenser et de déplorer les incidents signes d’un manque d’amour ; agissons clairement pour que l’amour dont Dieu nous aime rayonne à travers nous pour tous. Accueillons la puissance d’amour que Dieu déploie pour combler nos manques et nos difficultés à aimer. Amen.


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