Attendus parce qu'aimés.
Au moment où la nature lentement se meurt et prend ses habits d’hiver, l’Eglise nous invite à célébrer tous les saints, c'est-à-dire tous les vivants en Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut. Cette fête pour eux est aussi une fête pour nous, pour nous rappeler, au moment où les ténèbres envahissent nos jours, que notre vie a un sens et que tout ce que nous vivons n’est pas vain, que la mort et les ténèbres n’ont pas le dernier mot. A ceux que l’hiver fait déprimer, la Toussaint rappelle que nous sommes attendus parce que nous sommes aimés.
Oui, nous sommes attendus. Et pas attendus au tournant, après une énième faiblesse ou un péché de trop. Non, nous sommes positivement attendus par Dieu. Le mystère de l’incarnation et le mystère de la rédemption nous redisent que Dieu nous attend. Le mystère de l’incarnation permet à Dieu de franchir lui-même la distance qui nous tient éloignés de lui, en entrant dans le monde par son Fils Jésus ; nous ne pouvons plus nous estimer indignes ou incapables de Dieu, puisque Dieu vient à nous. Le mystère de la rédemption permet à Dieu de nous faire franchir la distance due au péché qui nous tient éloignés de Dieu. Nous ne pouvons plus dire que le salut est impossible puisque Dieu lui-même, par la mort et la résurrection de son Fils, nous ouvre les portes du Royaume. Nous avons entendu un passage du Livre de l’Apocalypse que certains utilisent pour dire qu’il n’y aura que peu de sauvés : 12 fois 12 000, soit 144 000 ; douze milles de chaque tribu d’Israël ! Mais il faut lire attentivement le texte et sa suite immédiate pour comprendre que le salut est pour une multitude. Voici ce que dit Jean : Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Dieu attend toutes les nations, tribus, peuples et langues. Le texte se poursuit : Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Oui, le salut, notre salut, appartient à Dieu ; mais pas pour le restreindre, pas pour le limiter. Le projet de Dieu, c’est que nous vivions tous, pour toujours avec lui. Ecoutons encore : L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » La grande épreuve, c’est la participation à la Pâque de l’Agneau, notre propre passage par la mort et la résurrection de Jésus. Ce passage, nous l’avons tous vécu au jour de notre baptême. Heureux sommes-nous !
Nous sommes donc attendus par Dieu, attendus parce qu’aimés infiniment par lui. Ce n’est pas parce qu’il n’avait pas le choix que Jésus est mort en croix ; au contraire, en allant à la croix, il a fait le choix de nous sauver, il a fait le choix de l’amour. C’est parce qu’il nous aime qu’il s’est livré ; c’est parce qu’il nous aime, qu’il nous a laissé des signes, des sacrements de son amour. Jean l’affirme dans sa première lettre : dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. C’est quand nous parviendrons au terme de notre histoire que tout sera révélé ; c’est quand nous parviendrons au terme de l’Histoire, que l’amour de Dieu pour nous éclatera au grand jour. Nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Nous verrons l’Amour dans toute sa splendeur ! Nous verrons l’Amour dans toute sa gloire ! Et nous partagerons cette gloire pour peu que nous ayons essayé, ici-bas, d’aimer de cet amour qui a tout donné. A ceux qui doutent d’être aimés de Dieu, je voudrais redire ma foi que nul d’entre nous n’existe sans l’amour de Dieu ; c’est lui qui nous appelle à la vie à travers nos parents ; c’est lui qui nous fait grandir dans sa force. Son amour est acquis à chacun depuis le premier jour de son existence. Nul d’entre nous ne vit sans cet amour de Dieu ; mais voulons-nous tous vivre de cet amour et dans cet amour ? Dieu a pris la liberté de nous aimer ; prendrons-nous la liberté de répondre à son amour ? Les béatitudes nous ouvrent des pistes pour entrer dans cet amour : être pauvre de cœur ; c'est-à-dire non pas manquer de cœur, mais avoir le cœur ouvert à l’amour de Dieu. Savoir pleurer sur les manques d’amour manifestes pour être consolés par un surcroit d’amour. Savoir être doux ; c’est encore le meilleur signe que nous apprenons à aimer. Avoir faim et soif de justice, pour tous. Être miséricordieux parce que Dieu nous fait miséricorde par amour. Garder un cœur pur pour voir, ici et maintenant, l’amour de Dieu à l’œuvre. Se faire artisan de paix puisque la paix est la sœur de l’amour, et la condition de son existence ; ceux qui se font la guerre ne s’aiment pas ! Savoir tout risquer pour la justice, et accepter d’être moqué à cause de Jésus. Autant de signes que nous sommes capables de Dieu, capables d’amour.
Attendus
par Dieu, parce qu’aimés par lui. Les saints nous montrent les divers chemins
possibles pour accueillir et vivre l’amour de Dieu pour nous. Réjouissons-nous
avec eux, et avançons, éclairés par leurs vies et leurs exemples, jusqu’au
royaume où Dieu nous déclarera bienheureux. Alors l’Amour sera tout en tous. Amen.
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