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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 25 avril 2010

4ème dimanche de Pâques C - 25 avril 2010

Puisque vous ne voulez pas la Parole de Dieu !


La jeune communauté croyante d'après Pâques a bien du mal à se faire accepter. La difficulté, qu'elle a elle-même eu, pendant un temps, à reconnaître la résurrection de Jésus, s'étend au peuple dont elle est issue et se tranforme en hostilité de la part de ceux qui ont fait condamner Jésus. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi : supprimer donc quelqu'un de votre vie, et il y a fort à parier que vous ne voudriez pas non plus que, sans cesse, on vous reparle de lui.N'est-ce pas, le problème est réglé, on tourne la page, on passe à autre chose. C'est dans ce contexte que nous retrouvons Paul et Barnabé au cours de leur mission. De là, va naître une véritable stratégie missionnaire en deux temps.

Premier temps : s'adresser aux frères dans la foi. Avant d'être chrétiens, Paul et Barnabé sont Juifs. Ils sont de ce peuple de l'Alliance que Dieu lui-même a établi pour être la lumière des nations, c'est-à-dire le peuple particulier de Dieu qui guidera tous les autres vers la vérité tout entière ; le peuple qui attirera à Dieu tous les autres peuples. Fidèles à cette conviction, Paul ne cessera pas de s'adresser d'abord à ses frères et soeurs dans le judaïsme. Puisque sa mission vient de Dieu, puisqu'il a été chargé d'annoncer la Parole de Dieu aux hommes, il commencera toujours d'abord par ceux à qui cette Parole s'est adressée en premier. Il ne le fera pas par provocation (vous avez tué Jésus, je vais vous montrer que vous aviez tort !) ; non, il le fait par fidélité à ce Dieu de l'Alliance qui annonce à son peuple qu'il est sauvé malgré son péché, malgré son éloignement de Dieu. Combien de fois, par le passé, des hommes ont-ils ainsi été envoyés par Dieu pour dire à ce peuple la fidélité de Dieu à son Alliance, pour dire à ce peuple qu'il est sauvé ? Tout les livres de la Première Alliance en témoignent. Et Paul n'a d'autre ambition que de se situer dans la lignée de ces hommes et de ces femmes que Dieu a ainsi mandatés.

Dans ce peuple, il y a des gens qui écoutent et qui accueillent favorablement l'annonce de Paul. Il y en a qui se convertissent : les Actes des Apôtres en témoignent. La Parole de Dieu touche les coeurs ; la Parole de Dieu convertit. Ce n'est pas une parole vaine. Mais cette même Parole de Dieu rencontre aussi toujours des obstacles, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Pourquoi une parole qui n'est qu'amour et paix est-elle ainsi rejetée ? Pourquoi une parole qui dit le salut des hommes devient-elle, pour certains, inaudible ? Sans doute touchons-nous là du doigt le mystère de la relation à Dieu. Devant celui qui ne veut pas se laisser approcher de Dieu, devant celui qui refuse de l'écouter, Dieu se retire ; il ne s'impose jamais. Paul en fera donc autant. C'est à vous, nécessairement, qu'il fallait d'abord annoncer la Parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes.

Voici le deuxième temps de sa stratégie : aller vers celles et ceux qui, sans être nécessairement du peuple de la Première Alliance, ont envie d'entendre Dieu et de le suivre. Rien ne doit arrêter la Parole de Dieu. Et si ceux à qui elle était destinée n'en veulent pas, il y en a d'autres qui pourraient être intéressés. La Parole de Dieu ne s'arrête pas à des considérations d'origine ou de religion. Le psalmiste le reconnaissait-il pas déjà lorsqu'il chante dans le psaume 99 : Acclamez le Seigneur, terre entière, servez le Seigneur dans l'allégresse, allez à lui avec des chants de joie !

Cette Parole que Paul a entendu sur le chemin de Damas, cette Parole qui semble le brûler de l'intérieur, il ne peut la retenir, il ne peut l'étouffer. Il sera donc l'Apôtre des Nations, l'Apôtre de celles et ceux qui attendent cette Parole, l'Apôtre de celles et ceux qui ont besoin et envie d'être sauvés. Il en est convaincu : Jésus, sur la croix, s'est offert pour tous. Jésus, sur la croix, offre à tous le pardon de Dieu et la vie éternelle. Il faut donc laisser résonner cette promesse de telle sorte que tous puissent l'entendre.

Cette décision n'a pas dû être simple pour Paul ; mais elle s'est imposée à lui. Elle ne simplifiera pas les choses pour autant. Lui-même égrènera un jour tout ce qu'il a souffert à cause de cette Parole ; mais jamais il ne regrettera sa décision ; jamais il ne se soumettra à la facilité. Il sera obligé de fuir devant ses adversaires qui veulent faire taire cette Parole libre de Dieu.

Nous célébrons, en ce quatrième dimanche de Pâques, la journée de prière pour les vocations. Notre première vocation, celle de notre baptême, est de faire résonner cette Parole de Dieu dans notre vie d'abord en nous conformant à elle ; mais nous avons aussi à la faire résonner dans le monde, c'est-à-dire autour de nous, pour que d'autres puissent ainsi découvrir qu'ils sont aimés de Dieu, attendus par Dieu et sauvés par lui. Notre témoignage peut être source de vocation pour d'autres. Si nous éteignons cette Parole en nous, si nous refusons de la faire retentir pour les autres, qui marchera encore sur les pas du Christ ? Qui aura le courage de la faire entendre ? Qui aura la folie d'affronter l'épreuve au nom du salut de tous ?

Veillée de prière - 16 avril 2010

Homélie donnée en l'église saint-Germain-d'Auxerre de Persan (95) à l'occasion de la veillée de prière prénuptiale de David & Marjorie. Méditation sur l'évangile de Saint Matthieu 19, 3-6.



Quand Jésus parle du mariage, il nous fait revenir aux origines !



J'ai toujours trouvé curieuse la présence de ce texte dans le lectionnaire du mariage à cause de la question préalable : est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif ? Drôle de question : l'homme aurait-il plus de raison de renvoyer sa femme que la femme de renvoyer son homme ? A moins que celle-ci n'ait pas besoin de raison ! En tous les cas, ce n'est pas une question à poser le jour du mariage, et c'est pourquoi je vais y répondre ce soir. Rassurez-vous : je ne vais pas énumérer toutes les bonnes raisons, si d'aventure il y en avait, que David pourrait trouver pour renvoyer Marjorie ; et je n'en ferai pas davantage pour Marjorie. Mais puisque la question est posée, il faut bien y répondre. Et je le ferai en précisant l'argumentaire du Christ lui-même.


Première constatation : Jésus supprime ou ignore le n'importe quel motif. Il se refuse lui-aussi à établir une liste de motifs plus ou moins valables pour se débarrasser de l'autre devenu gênant ou encombrant. Sa réponse nous entraîne à voir plus loin, plus profond. Sa réponse nous entraîne au commencement, c'est-à-dire au projet initial de Dieu pour l'humanité. Et ce projet est un projet d'amour, toujours.

C'est ma seconde constatation : il n'est plus possible de répondre par un n'importe quoi puisque Jésus fixe lui-même l'horizon de la réponse. Nous ne ferons donc pas, et nous ne pouvons plus faire l'économie d'un retour aux origines. Je vous ferai grâce de la lecture du livre de la Genèse et me contenterai de ce que Jésus en cite.

Au commencement, le Créateur les fit homme et femme.
D'un même mouvement semble nous dire le chapitre premier de la Genèse d'où Jésus tire sa citation. Il les créa homme et femme, unis mais différents, particuliers mais semblables, d'une même dignité parce que voulu par le même et unique amour de Dieu. Il n'est donc pas possible d'établir une hiérarchie entre les deux, l'un devenant le dominant de l'autre. Ils sont voulus du même amour, ils devront s'aimer du même amour.

Voilà pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme !
Je rassure tout de suite David : la femme en fait autant ! Tu n'ouvres pas un harem. L'amour de celui ou celle que Dieu destine à quelqu'un suppose une rupture d'avec le milieu d'origine. Il n'est pas question de fâcherie ; il est question de sortir de son monde pour construire avec l'autre un nouveau monde où cet amour particulier pourra se développer. L'amour qu'un homme porte à une femme, à sa femme (et vice versa), a besoin d'espace pour s'épanouir, pour permettre à ce lien nouveau de trouver sa stabilité.
Et tous deux ne feront plus qu'un !C'est cela, construire un nouveau monde, votre nouveau monde. Il ne s'agit pas de fusion, l'un se confondant ou se noyant dans l'autre. Il s'agit de trouver la bonne distance qui fait que vous êtes toujours vous, uniques et différents, mais n'existant pas vraiment ou pas totalement sans l'autre. Une trinité en plus modeste quoi, deux personnes (Marjorie & David) mais une nature : votre couple ! Le tout maintenu par l'amour, comme dans la Trinité, l'Esprit Saint étant le baiser d'amour que s'échangent le Père et le Fils.
Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !Ceux qui posaient la question du début à Jésus, semblaient avoir oublié Dieu ! Puisque c'est lui, l'Immuable, celui qui ne change pas, celui qui est toujours fidèle à son Alliance malgré le péché de l'homme, si c'est bien lui, Dieu, qui a voulu les choses ainsi, il n'est pas possible de trouver n'importe quel motif, ni même un motif particulier pour que l'homme renvoie sa femme ! Dieu les a unis dans son amour ; cet amour est de toujours et pour toujours ! Dieu les maintiendra dans son amour. Dieu vous maintiendra dans son amour. Oser poser la question des pharisiens, c'est, me semble-t-il, mettre Dieu et son amour à l'épreuve. C'est refuser de croire que l'amour de Dieu est plus fort que tout ; c'est refuser de croire que l'amour de Dieu est donné pour toujours. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin la reconnaissance du mariage comme sacrement par l'Eglise catholique ; tout est là. Jean-Paul II, me semble-t-il, est allé encore plus loin en retraduisant ce verset ainsi : Ce que Dieu a uni, l'homme ne peut pas le séparer ! Il y a là une impossibilité liée à la différence entre Créateur et créature. Nous ne sommes pas Dieu, que voulez-vous ! Même si nous sommes appelés à lui ressembler. Alors soyez saints comme Dieu est saint, et votre amour sera sans limite, et votre amour sera véritablement de toujours et pour toujours.

Et puisque Jésus lui-même nous ramène aux origines, n'oubliez jamais, à l'avenir, de sans cesse revenir à l'origine de votre amour. Je ne veux pas jouer au naïf : des moments plus difficiles vous en connaîtrez comme chacun. Mais vous avez désormais une origine commune, un projet originel et original, qui doit vous permettre de rebondir sans cesse et recommencer, comme Dieu lui-même, dans ses alliances successives, est toujours revenu à son premier et unique projet : construire avec l'humanité un monde où l'amour serait premier ; construire avec l'humanité un monde où Dieu et l'humanité ne feraient plus qu'un ; construire avec l'humanité un monde d'où le mal serait absent. Avec Dieu comme source et témoin de votre amour, pourquoi n'y réussiriez-vous pas ? C'est en tout les cas le voeu que je forme pour vous. Amen.

(En illustration, le jeune couple. Merci à Marjorie & David pour l'autorisation de publication)

2ème dimanche de Pâques - 11 avril 2010

Retranscription de l'homélie donnée en la Basilique d'Echternach (Luxembourg) à l'occasion du rassemblement diocésain des servants d'autel de METZ (57). Avec mes remerciements à Victor BENZ pour son invitation à prêcher cette eucharistie.


Pourquoi ne serions-nous pas butés aussi ?


Il y a quelque chose de buté chez les Apôtres dans l'Evangile que nous venons d'entendre. Pour bien comprendre, il nout faut faire un peu d'histoire. Dimanche dernier, c'était Pâques ; Jésus ressuscitait, il apparaissait à ses disciples (du moins à 10 d'entre eux, Judas s'étant pendu et Thomas étant absent). Que se passe-t-il alors ? Les disciples étaient enfermés chez eux (ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient), Jésus vient ; il leur donne sa paix, leur montre ses plaies, et leur donne son Souffle (l'Esprit Saint). Ils sont contents, mais cette joie ne semble pas changer grand chose. En effet, lorsque une semaine plus tard, Jésus se manifeste à nouveau, en présence de Thomas cette fois, nous constatons que ces mêmes disciples sont toujours enfermés (Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées). Enfin, ils ont tout eu huit jours plutôt : la paix, la vision des plaies, le don de l'Esprit Saint. Qu'auraient-ils pû recevoir de plus ? En plus, je les imagine bien se moquer du pauvre Thomas : Nous avons vu le Seigneur, mais pas toi ! Sans compter toutes les apparitions dont les uns ou les autres ont pû bénéficier depuis ce premier soir. L'évangile de ce samedi de l'octave de Pâques nous le disait encore ce matin : malgré le nombre d'apparitions du ressuscité signalées aux disciples, ceux-ci ne crurent pas ! Certes, l'événement est d'une telle nouveauté, que je peux comprendre leur difficulté. Quelle serait ma réaction si, me promenant au matin de Pâques sur le cimetière où sont enterrés mes proches, je découvrais la tombe familiale éventrée et vide ? Serais-je enclin à croire à la résurrection ? Ne serais-je pas un peu buté à l'image des Apôtres ?

Thomas aussi semble un peu buté face aux affirmations des autres (Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas !) ; mais je le comprends mieux. Il n'a eu ni la paix du Seigneur, ni son Esprit Saint, ni la vision des stigmates. Il ne demande rien d'autre finalement que de faire la même expérience que les autres. Et on lui reproche d'être incroyant ! Mais quand Jésus vient en sa présence, il a cette belle affirmation de foi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Et il n'a touché à rien !

Il restera quelque chose de buté chez les Apôtres lorsqu'ils auront intégré la résurrection de Jésus, parce que malgré les oppositions, malgré les dangers, malgré les coups reçus, ils iront désormais annoncer celui qui était mort et que Dieu a rendu à la vie. Et qu'importe le prix à payer !

Il y a quelque chose de buté dans l'attitude de Tarcisius qui nous a rassemblés aujourd'hui en ces lieux. Ce jeune chrétien, désigné pour porter aux malades et aux prisonniers le trésor de l'Eucharistie, refuse de le livrer à ceux qui n'en sont pas dignes, à ceux qui ne comprennent rien à ce grand trésor qu'il porte contre son coeur. Il ne cèdera rien, même sous les menaces, même sous les coups redoutables qui vont le mener à la mort. Buté parce que Celui qu'il transportait ainsi ne devait pas être profané. Buté parce qu'il avait compris l'importance de cette mission qui lui avait été confiée : des frères dans la détresse attendaient le réconfort de l'Eucharistie. Comment aurait-il pû l'abandonner entre des mains païennes ? Il ne cède pas ce qui est vital pour lui et ceux de sa communauté. Son côté buté à cause de Jésus Christ lui vaut de mourir martyr et vous vaut à vous, servants d'autel, l'exemple d'un jeune homme qui ne cède rien pour ce qui est vital.

Alors je m'interroge : ne devrions-nous pas être un peu plus butés nous-aussi pour ce qui est au coeur de notre existence ? Ne devrions-nous pas tenir plus que tout à Celui qui a tout donné par amour de nous ? Comme Tarcisius à son époque, vous connaissez aujourd'hui quelquefois les moqueries à cause de votre attachement au Christ et votre fidélité à le servir, dimanche après dimanche. Quelqu'un ne disait-il pas justement dans un atelier cet après midi qu'il n'avait pas joué des crécelles le vendredi saint à cause de ce que pourraient en penser les copains s'ils le voyaient faire ? Qui n'a jamais été moqué parce que le dimanche il allait d'abord servir la messe avant de rejoindre les copains ? Oui, quelquefois, être buté, être attaché à ce qui est important et le faire quand même, quoi qu'il en coûte, parce que nous savons que c'est juste et bon, oui, quelques fois, être buté, c'est bien. Votre fidélité au service de l'Eucharistie, un service bien fait, avec dignité et simplicité est le signe que, comme Tarcisius, vous restez attachés à Jésus et au trésor de l'Eucharistie.

Comme les Apôtres, comme Tarcisius, soyez buté pour Celui qui est vraiment important. Devenant ainsi le coeur de votre vie, il vous aidera à grandir dans cette fidélité et à vivre toujours mieux votre service. A travers vous, d'autres parviendront à mieux comprendre ce grand trésor de l'Eucharistie. Oui, cela vaut la peine d'être buté pour cela. Amen.

(En illustration, Tarcisius portant le trésor de l'Eucharistie, Sculpture de Bernhard LANG, Suisse. La statue sera exposée place Saint Pierre de Rome à l'occasion du 10ème pèlerinage international des Servants d'autel organisé par le CIM en août 2010)

samedi 24 avril 2010

Saint Jour de Pâques - 04 avril 2010

Homélie donnée en l'église de Dalhunden (67).



Pour suivre le Christ, il nous faut passer la mort !





Nous n'aurons qu'un signe et la foi des premiers Apôtres pour continuer à suivre Jésus, malgré les événements de la Passion, malgré sa mort en croix. Juste un signe : un tombeau vide, des linges pliés. Rien de plus ! Pas de vision de la résurrection au moment même où elle se déroulait ; pas d'apparition aujourd'hui, de ce même Jésus, dont nous disons qu'il est ressuscité. Non, rien d'autre qu'un tombeau vide. La mort elle-même ne peut pas nous aider, elle qui n'a pas su retenir celui qu'elle a eu tant de mal à attraper ! Tant pis pour tous les cartésiens, tant pis pour tous les maniaques de la preuve ! Pas d'autres indices que ce tombeau vide. Pas d'autres témoins que ces femmes qui ont vu la pierre déjà roulée, et Pierre & Jean qui sont allés vérifier les dires des femmes.





De ce tombeau vide, que pouvons-nous dire ? Si nous étions à Jérusalem, nous pourrions le décrire : sa hauteur, sa profondeur, sa largeur. Mais après ? Cela nous informerait-il sur l'absence du corps ? Non. Nous pourrions, pour peu qu'elle existe encore, estimer le poids de la pierre qui a été roulée. Mais après ? En saurions-nous plus sur ce qui est arrivé dans la nuit ? Non. Nous serions toujours devant ce tombeau désespérément vide. Il faut donc voir au-delà du signe. Il nous faut donc voir au-delà de la mort. Désormais, Jésus n'est pluys au milieu des morts. Désormais, pour suivre Jésus, il nous faudra passer la mort, laisser la mort à ceux qui ne veulent plus, ne veulent pas être des vivants. Ce tombeau vide nous dit que celui qui était mort ne l'est plus. Par quel hasard, par quel miracle ? Qu'importe finalement : ce qui compte, c'est qu'il est vivant ! Ce qui compte désormais, c'est ce qu'en disent ceux qui l'ont suivi les premiers, ceux qui l'ont accompagné avant, ceux qui l'ont entendu quand il prêchait. Au-delà de la mort, il n'y a que ces témoins-là pour nous dire quelle est notre foi.



Ce tombeau vide et ces quelques témoins nous disent donc que, si Jésus n'est plus dans ce tombeau, c'est qu'il est vivant. Que voulez ? Si un assoiffé n'est plus au bar, c'est qu'il n'a plus soif ! Et donc, si un mort n'est plus dans son tombeau, c'est qu'il n'est plus mort ! Et si les hommes n'ont pas d'explication valable, autant se tourner vers Dieu. Et la réponse de Dieu, c'est Pierre qui nous la donne dans la première lecture entendue : Ce Jésus que Dieu a consacré par l'Esprit, ce Jésus qui a passé parmi nous en faisant le bien, ce Jésus dont on peut dire que Dieu était avec lui, ce Jésus que vous avez mis à mort sur une croix, ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ! Le Dieu de la vie, le Dieu des vivants, a repris Jésus auprès de lui. Celui qui était mort par notre faute est vivant par la grâce de Dieu ! De ce procès au goût amer du vendredi saint où Dieu semblait absent, il est sorti une parole assourdissante de Dieu lui-même. Ce procès qui a condamné un innocent, Dieu l'a condamné. Les accusateurs se voyant renvoyés, leur sanction ne tient plus. Celui qu'ils ont condamnés à mort, Dieu l'a rendu à la vie. Voilà la puissance extraordinaire de Dieu dévoilée à tous !





Ce tombeau vide, s'il est le signe de la résurrection de Jésus, nous dit encore bien plus. Il nous dit que si nous aussi nous passons la mort avec Jésus, et bien avec lui, nous revivrons ! Morts avec le Christ, nous dit Paul, nous sommes ressuscités avec lui ! Ce signe et ces témoignages des premiers Apôtres nous concernent donc à double titre. Ils nous concernent d'abord à cause de ce qu'ils nous disent de Jésus : il est vivant ! Mais ils nous concernent aussi à cause de ce qu'ils nous disent de nous-mêmes : votre vie n'est plus limitée par la mort ! Désormais, par-delà la mort, il y a votre vie si vous suivez Jésus jusqu'au bout ! Pâques, ce n'est pas qu'une bonne nouvelle pour Jésus (tu vas pouvoir sortir de ton tombeau) ; Pâques, c'est une bonne nouvelle pour nous tous. Nous sommes dès maintenant vivants pour Dieu avec le Christ ressuscité. Identifiés à lui par notre baptême, nous pouvons désormais vivre comme lui d'une vie qui ne finira jamais et qui nous introduira dans la gloire de Dieu. Paul va encore plus loin quand il nous dit : le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. Ne vous contentez pas d'un métro-boulot-dodo. Il y a plus que ça dans la vie ! Ne vous contentez pas de consommer idiot. Il y a plus que ça dans la vie ! Levez les yeux ; regardez vers Dieu. Là est votre avenir, là est votre salut. Et pour que nous ne mourions pas d'une élongation du cou à force de regarder trop haut, Dieu se révèle en chaque homme. Pour regarder Dieu, il suffit de regarder le frère. La résurrection de Jésus ne nous fige pas les yeux levés au ciel ; elle nous renvoie dans notre quotidien, comme ces femmes qui sont allées voir les Apôtres après un tour au tombeau. Cette bonne nouvelle se partage, cette bonne nouvelle se vit. Vivons ici-bas pour arriver là-haut un jour ; vivons ici-bas comme si nous étions déjà, là-haut ! Nous avons part dès aujourd'hui à la résurrection du Christ ; vivons donc dès aujourd'hui comme le Christ ressuscité. Suivons-le par delà la mort et nous partagerons tout de sa vie et de sa victoire. Alléluia !





(En illustration, Icône de la descente aux enfers, réalisée par Hélène IANKOFF pour l'ambon de l'église de Holtzheim, Photo de l'auteur du blog)

Vendredi Saint - 02 avril 2010

Homélie donnée en l'église de Dalhunden (67).


Pour suivre le Christ, il faut apprendre le langage de la croix.



Pouvait-il en être autrement ? Aurions-nous pu connaître le salut sans la mort du Christ en croix ? En ce vendredi saint, la question est légitime. Aujourd'hui, dans le silence, dans le rejet total, Jésus meurt en croix. Il va au bout de sa mission en offrant sa vie pour nos vies. Quel prix à payer pour que nous puissions vivre !




Jésus aurait-il pu éviter la croix ? Cela semble difficile à croire tant l'hostilité était grande. Les chefs des prêtres attendaient ce moment, ne reculant devant rien, pas même un procès falsifié, pas même une collusion avec l'ennemi romain pour obtenir ce qu'ils espéraient : la disparition pure et simple de ce prêcheur gênant qui sans cesse les rappelait à la vraie Loi de Dieu. Comme eux-mêmes ne pouvaient pas le mettre à mort, il fallait en passer par l'autorité romaine qui crucifiait ses délinquants. Politiquement, la croix était inévitable.




Jésus aurait-il pu éviter la croix ? Cela semble difficile à croire lorsque l'on reprend les actes et les paroles de Jésus surtout. Il avait annoncé sa mort par trois fois à ses disciples. Il les a invités à prendre eux-aussi leur croix pour marcher à sa suite. La croix était dès lors l'horizon de sa vie. Il fallait que s'accomplissent les Ecritures. Il fallait que Jésus aille jusque là pour affronter la mort elle-même. Sur la croix, c'est Dieu qui meurt. Sur la croix, la mort semble triompher. Sur la croix, l'Adversaire semble victorieux. Mais nous savons bien que tout cela n'est qu'illusion, comme es t toujours illusion l'oeuvre du Mauvais.




Cette croix, nous allons dans un instant la vénérer, non pour dire notre attrait du Mal, non pour dire notre désir de violence, mais pour réaffirmer qu'elle est pour nous, par delà la mort du Christ, le symbole de la vie, le signe qui nous vaut le salut. Vénérer la croix, c'est dire notre reconnaissance à Celui qu'elle porte, le Christ notre Sauveur. Vénérer la croix, c'est affirmer notre espérance : par delà la mort, nous espérons une vie avec Dieu. Vénérer la croix, c'est redire notre foi : ce Jésus, qui a donné sa vie pour nous aujourd'hui, nous le reconnaissons comme Christ et Sauveur. Vénérer la croix, c'est donner du sens à notre charité : nous aussi, à l'exemple du Christ, nous devons accepter de donner notre vie par amour de nos frères et soeurs en humanité. Vénérer la croix, c'est apprendre comment vivre mieux nos relations humaines, en ne rejetant, ni ne condamnant personne comme cela fut fait pour Jésus. Vénérer la croix, c'est dire déjà notre certitude qu'un jour, la mort elle-même n'existera plus. Vénérer la croix, c'est croire que nous pouvons résister au Mal et que rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer de Dieu.




Le langage de la croix est infini ; il est langage d'amour, de paix et de pardon reçu. Pour suivre le Christ en ce vendredi saint, il nous faut apprendre ce langage si particulier et voir derrière les apparences de mort, le monde de paix, de fraternité et de bonheur véritable que la croix inaugure. Nous avons le droit de garder le silence aujourd'hui, en signe de deuil. Mais il nous faudra espérer, tenir bon dans la foi, pour parvenir au matin de Pâques. Jésus, en mourant, nous a tout donné, nous ouvrant ainsi un avenir insoupçonné avec Dieu. Mais avant de s'offrir, il nous a donné sa parole : Je serai avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps. La croix n'abolit pas cette promesse, elle l'accomplit. Veillons donc et préparons-nous à accueillir tous les dons que Dieu nous fait par ce don du Fils unique. De son côté ouvert ont jailli l'eau et le sang, signe d'un avenir, signe d'une vie à découvrir. Amen.

(En illustration, Croix du cimetière joyeux de Sapinta, Roumanie, Photo de l'auteur du blog)

Jeudi Saint - 01er avril 2010

Homélie donnée en l'eglise de Drusenheim. Le texte qui suit est la retranscription d'un échange avec les enfants présents lors de la Messe en mémoire de la Cène de notre Seigneur.






Quels sont les signes que l'Eglise nous donne en ce soir ?



  1. Un repas : le repas de Jésus



  2. Un repas : le repas pascal



  3. Un signe : le lavement des pieds.

Le repas de Jésus, c'est le repas de l'amour donné, le signe de sa présence pour toujours au milieu de nous. Lorsque le prêtre bénit et partage le pain, c'estbien Jésus qui est présent au milieu de nous, nous offrant sa vie par amour.


Ce repas de Jésus n'est pas un repas auquel on s'attarde. C'est un repas comme celui de la Pâque, pris la ceinture aux reins, les sandales aux pieds et le bâton à la main. S'il est bon d'être auprès de Jésus, il n'est pas bon de rester là. Il nous faudra repartir dans le monde porter ce que nous avons vécu ici, dire aux hommes l'amour de Dieu dont nous sommes témoins.


Ce repas de Jésus comporte pour cela le signe du lavement des pieds. Il nous rappelle que si Jésus, notre Maître et Seigneur, s'est abaissé ainsi devant ses disciples, nous devons faire de même. Dans l'Eglise de Jésus, il n'y a pas de place pour des petits chefs. Il n'y a place que pour des serviteurs. Serviteurs de l'amour, serviteurs de l'attention à tous et à chacun. L'amour n'est pas une option : être chrétien, c'est aimer ; être chrétien, c'est un art de vivre !


Alors est-ce grave de ne pas venir à ce repas de l'amour ? Posons la question autrement : est-ce grave de ne pas aimer ? Combien de temps tiendra notre Eglise si chacun se décide de ne pas aimer, de ne pas venir ? Combien de temps peut tenir une église de pierres si, chaque fois que quelqu'un ne vient pas, on enlève la pierre qui le représente ? Pour les premiers, ce ne sera pas trop grave ; on y verra plus clair ; puis il y aura quelques courants d'air. Mais viendra le moment où, enlevant la pierre de trop, tout s'écroulera ! Alors, est-ce grave ?


Si Jésus nous a aimés jusqu'à la croix, jusqu'à donner sa vie pour nous, ne devons-nous pas donner un peu de notre temps pour lui et pour nos frères ? La Passion, que nous lirons demain, nous rappellera que Jésus s'est retrouvé bien seul, abandonné de tous. Au pied de la croix, il n'y avait que Marie et Jean. Soyons comme eux, là avec Jésus maintenant, pour mieux témoigner de lui demain. Amen.


(En illustration, Copie d'une icône byzantine classique représentant la Sainte Cène, collection de l'auteur du blog)

Dimanche des Rameaux - 28 mars 2010

Je vais commencer la publication des homélies à partir du dimanche des Rameaux de cette année. L'homélie a été donnée en l'église de Dalhunden (67).



Pour suivre le Christ, il faut apprendre l'obéissance au Père !




Il y a un mot qui permet de résumer l'attitude spirituelle qui caractérise chaque lecture de ce dimanche si particulier. C'est un mot simple, que nous avons tous appris ; que souvent, nous détestons quand nous devons le mettre en oeuvre, mais que nous applaudissons lorsqu'il nous permet de commander aux autres : c'est l'obéissance. Oui, sans obéissance, il n'y a pas ce jour particulier du dimanche des rameaux qui ouvre notre Semaine Sainte. Sans obéissance, il n'y a pas, pour nous, possibilité de suivre le Christ sur le chemin de sa passion, ni même possibilité de partager sa gloire au matin de Pâques.



L'Evangile que nous avons entendu sur le parvis de l'église nous montre l'obéissance des disciples. Un ordre curieux de Jésus : Allez à la ville et amenez l'ânon que vous trouverez attaché à l'entrée ! Lui qui a parcouru tout son pays de long en large et en travers, et le tout à pied ou en barque, le voilà qui demande un ânon, l'animal monté par les rois. Nous comprenons bien que cette demande ne souffre pas de discussion. Elle introduit une série d'événements qui vont s'enchaîner avec une redoutable précision, ces événements que nous allons revivre justement au long de cette grande semaine sainte. Cette obéissance des disciples à l'égard de leur maître se calque sur cette obéissance plus fondamentale de leur maître à l'égard de Dieu. Si l'on vous demande : pourquoi le détachez-vous ?, vous répondrez : le Seigneur en a besoin ! Nous entrons bien dans ce temps pour lequel Jésus a préparé ses disciples, ce temps que Jésus lui-même semble redouter, mais qui est nécessaire à l'accomplissement de sa mission : le temps où ce ne sont plus les hommes qui mènent le jeu, même s'ils peuvent encore en être convaincus. Ce temps est le temps de Dieu, le temps où Dieu va manifester sa gloire. Et il le fait d'abord à travers cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, prémice de son entrée dans la gloire de Dieu après l'affrontement ultime avec la mort.



Cette obéissance du Christ à son Père n'est pas une obéissance servile. Elle est la marque du Fils bien-aimé qui se sait investi d'une mission précise : apporter aux hommes la paix par le sang de sa croix. Ne croyons pas qu'il y va la fleur au fusil et le coeur léger. La passion que nous méditons nous montre bien l'angoisse du Christ. Son obéissance est librement consentie ; il s'est laissé intruire par Dieu son Père durant toute sa vie et maintenant vient le temps où cet enseignement va porter son fruit. Jésus accepte l'acclamation de la foule le jour de son entrée triomphale à Jérusalem, comme il acceptera que cette même foule, précédée d'ailleurs de ses propres disciples, l'abandonne quand viendra pour lui l'heure d'être élevé de terre sur la croix. En montant sur cet ânon, il devient le Roi de l'univers par obéissance et non par orgueil ou vanité. En se laissant acclamer, il devient Roi des hommes non pour les soumettre à son autorité, mais pour leur proposer le seul chemin d'avenir : le chemin de l'amour offert sans retour. Sans doutefaut-il la force tranquille de cet animal pour que les pieds de Jésus ne se dérobent pas. En se laissant porter par cet ânon, il se laisse porter désormais par les événements qui vont conduire à la libération de l'humanité tout entière à travers le temps et l'histoire. Son obéissance au Père le fait refuser d'être traité autrement qu'un homme. Il va, par obéissance au Père, s'abaisser jusqu'à n'être plus rien pour devenir tout pour ceux qui le reconnaîtront vivant au matin de Pâques. Il faut savoir tout perdre pour tout recevoir de Dieu. Il faut savoir n'être plus rien pour se recevoir Fils de ce Dieu qui nous aime et nous protège.



A nous qui allons vivre au long de cette semaine le coeur de notre foi, il nous est demandé d'entrer dans cette obéissance. Nous ne comprendrons sans doute jamais totalement pourquoi il aura fallu le drame de la Passion pour que nous soyons pleinement sauvés, mais par notre obéissance à la Parole de Dieu, nous pourrons toujours mieux comprendre ce grand mystère qui nous vaut la vie. Oui, il nous faut apprendre l'obéissance au Christ pour le suivre sur le chemin douloureux de la passion ; il nous faut apprendre l'obéissance au Père pour comprendre toujours mieux l'offrande du Fils unique. Nous avions tout le temps du Carême pour questionner Dieu et nous laisser intruire. Maintenant est venu le temps de suivre, pas à pas, Celui que nous confessons comme Seigneur et Sauveur. Même si nous ne comprenons pas bien ; même si nous aurions préféré un autre chemin. Il ne nous est donné désormais que le chemin qui passe par la croix. Alors avançons, dans l'obéissance à Dieu et la fidélité au Christ. Amen.





(En illustration : Copie d'une icône de l'entrée de Jésus à Jérusalem, 16ème siècle, collection de l'auteur du blog)

En guise d'introduction

Prêtre depuis 1992, actuellement sans paroisse fixe, j'ai choisi d'ouvrir ce blog pour y publier mes homélies chaque semaine. Il sera un lien avec mes amis, mes anciens paroissiens et avec tous ceux qui voudront découvrir la Bonne Nouvelle que le Christ nous invite à vivre et à partager largement autour de nous.
Merci à celles et à ceux qui me liront. A toutes et à tous, je souhaite de découvrir ainsi un chemin de vie à la suite de Celui à qui j'ai confié ma vie et que j'ai promis de servir.