Je vais commencer la publication des homélies à partir du dimanche des Rameaux de cette année. L'homélie a été donnée en l'église de Dalhunden (67).
Pour suivre le Christ, il faut apprendre l'obéissance au Père !
Il y a un mot qui permet de résumer l'attitude spirituelle qui caractérise chaque lecture de ce dimanche si particulier. C'est un mot simple, que nous avons tous appris ; que souvent, nous détestons quand nous devons le mettre en oeuvre, mais que nous applaudissons lorsqu'il nous permet de commander aux autres : c'est l'obéissance. Oui, sans obéissance, il n'y a pas ce jour particulier du dimanche des rameaux qui ouvre notre Semaine Sainte. Sans obéissance, il n'y a pas, pour nous, possibilité de suivre le Christ sur le chemin de sa passion, ni même possibilité de partager sa gloire au matin de Pâques.
L'Evangile que nous avons entendu sur le parvis de l'église nous montre l'obéissance des disciples. Un ordre curieux de Jésus : Allez à la ville et amenez l'ânon que vous trouverez attaché à l'entrée ! Lui qui a parcouru tout son pays de long en large et en travers, et le tout à pied ou en barque, le voilà qui demande un ânon, l'animal monté par les rois. Nous comprenons bien que cette demande ne souffre pas de discussion. Elle introduit une série d'événements qui vont s'enchaîner avec une redoutable précision, ces événements que nous allons revivre justement au long de cette grande semaine sainte. Cette obéissance des disciples à l'égard de leur maître se calque sur cette obéissance plus fondamentale de leur maître à l'égard de Dieu. Si l'on vous demande : pourquoi le détachez-vous ?, vous répondrez : le Seigneur en a besoin ! Nous entrons bien dans ce temps pour lequel Jésus a préparé ses disciples, ce temps que Jésus lui-même semble redouter, mais qui est nécessaire à l'accomplissement de sa mission : le temps où ce ne sont plus les hommes qui mènent le jeu, même s'ils peuvent encore en être convaincus. Ce temps est le temps de Dieu, le temps où Dieu va manifester sa gloire. Et il le fait d'abord à travers cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, prémice de son entrée dans la gloire de Dieu après l'affrontement ultime avec la mort.
Cette obéissance du Christ à son Père n'est pas une obéissance servile. Elle est la marque du Fils bien-aimé qui se sait investi d'une mission précise : apporter aux hommes la paix par le sang de sa croix. Ne croyons pas qu'il y va la fleur au fusil et le coeur léger. La passion que nous méditons nous montre bien l'angoisse du Christ. Son obéissance est librement consentie ; il s'est laissé intruire par Dieu son Père durant toute sa vie et maintenant vient le temps où cet enseignement va porter son fruit. Jésus accepte l'acclamation de la foule le jour de son entrée triomphale à Jérusalem, comme il acceptera que cette même foule, précédée d'ailleurs de ses propres disciples, l'abandonne quand viendra pour lui l'heure d'être élevé de terre sur la croix. En montant sur cet ânon, il devient le Roi de l'univers par obéissance et non par orgueil ou vanité. En se laissant acclamer, il devient Roi des hommes non pour les soumettre à son autorité, mais pour leur proposer le seul chemin d'avenir : le chemin de l'amour offert sans retour. Sans doutefaut-il la force tranquille de cet animal pour que les pieds de Jésus ne se dérobent pas. En se laissant porter par cet ânon, il se laisse porter désormais par les événements qui vont conduire à la libération de l'humanité tout entière à travers le temps et l'histoire. Son obéissance au Père le fait refuser d'être traité autrement qu'un homme. Il va, par obéissance au Père, s'abaisser jusqu'à n'être plus rien pour devenir tout pour ceux qui le reconnaîtront vivant au matin de Pâques. Il faut savoir tout perdre pour tout recevoir de Dieu. Il faut savoir n'être plus rien pour se recevoir Fils de ce Dieu qui nous aime et nous protège.
A nous qui allons vivre au long de cette semaine le coeur de notre foi, il nous est demandé d'entrer dans cette obéissance. Nous ne comprendrons sans doute jamais totalement pourquoi il aura fallu le drame de la Passion pour que nous soyons pleinement sauvés, mais par notre obéissance à la Parole de Dieu, nous pourrons toujours mieux comprendre ce grand mystère qui nous vaut la vie. Oui, il nous faut apprendre l'obéissance au Christ pour le suivre sur le chemin douloureux de la passion ; il nous faut apprendre l'obéissance au Père pour comprendre toujours mieux l'offrande du Fils unique. Nous avions tout le temps du Carême pour questionner Dieu et nous laisser intruire. Maintenant est venu le temps de suivre, pas à pas, Celui que nous confessons comme Seigneur et Sauveur. Même si nous ne comprenons pas bien ; même si nous aurions préféré un autre chemin. Il ne nous est donné désormais que le chemin qui passe par la croix. Alors avançons, dans l'obéissance à Dieu et la fidélité au Christ. Amen.
(En illustration : Copie d'une icône de l'entrée de Jésus à Jérusalem, 16ème siècle, collection de l'auteur du blog)
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