Homélie donnée en l'église saint-Germain-d'Auxerre de Persan (95) à l'occasion de la veillée de prière prénuptiale de David & Marjorie. Méditation sur l'évangile de Saint Matthieu 19, 3-6.
Quand Jésus parle du mariage, il nous fait revenir aux origines !
J'ai toujours trouvé curieuse la présence de ce texte dans le lectionnaire du mariage à cause de la question préalable : est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif ? Drôle de question : l'homme aurait-il plus de raison de renvoyer sa femme que la femme de renvoyer son homme ? A moins que celle-ci n'ait pas besoin de raison ! En tous les cas, ce n'est pas une question à poser le jour du mariage, et c'est pourquoi je vais y répondre ce soir. Rassurez-vous : je ne vais pas énumérer toutes les bonnes raisons, si d'aventure il y en avait, que David pourrait trouver pour renvoyer Marjorie ; et je n'en ferai pas davantage pour Marjorie. Mais puisque la question est posée, il faut bien y répondre. Et je le ferai en précisant l'argumentaire du Christ lui-même.
Première constatation : Jésus supprime ou ignore le n'importe quel motif. Il se refuse lui-aussi à établir une liste de motifs plus ou moins valables pour se débarrasser de l'autre devenu gênant ou encombrant. Sa réponse nous entraîne à voir plus loin, plus profond. Sa réponse nous entraîne au commencement, c'est-à-dire au projet initial de Dieu pour l'humanité. Et ce projet est un projet d'amour, toujours.
C'est ma seconde constatation : il n'est plus possible de répondre par un n'importe quoi puisque Jésus fixe lui-même l'horizon de la réponse. Nous ne ferons donc pas, et nous ne pouvons plus faire l'économie d'un retour aux origines. Je vous ferai grâce de la lecture du livre de la Genèse et me contenterai de ce que Jésus en cite.
Au commencement, le Créateur les fit homme et femme.
D'un même mouvement semble nous dire le chapitre premier de la Genèse d'où Jésus tire sa citation. Il les créa homme et femme, unis mais différents, particuliers mais semblables, d'une même dignité parce que voulu par le même et unique amour de Dieu. Il n'est donc pas possible d'établir une hiérarchie entre les deux, l'un devenant le dominant de l'autre. Ils sont voulus du même amour, ils devront s'aimer du même amour.
D'un même mouvement semble nous dire le chapitre premier de la Genèse d'où Jésus tire sa citation. Il les créa homme et femme, unis mais différents, particuliers mais semblables, d'une même dignité parce que voulu par le même et unique amour de Dieu. Il n'est donc pas possible d'établir une hiérarchie entre les deux, l'un devenant le dominant de l'autre. Ils sont voulus du même amour, ils devront s'aimer du même amour.
Voilà pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme !
Je rassure tout de suite David : la femme en fait autant ! Tu n'ouvres pas un harem. L'amour de celui ou celle que Dieu destine à quelqu'un suppose une rupture d'avec le milieu d'origine. Il n'est pas question de fâcherie ; il est question de sortir de son monde pour construire avec l'autre un nouveau monde où cet amour particulier pourra se développer. L'amour qu'un homme porte à une femme, à sa femme (et vice versa), a besoin d'espace pour s'épanouir, pour permettre à ce lien nouveau de trouver sa stabilité.
Et tous deux ne feront plus qu'un !C'est cela, construire un nouveau monde, votre nouveau monde. Il ne s'agit pas de fusion, l'un se confondant ou se noyant dans l'autre. Il s'agit de trouver la bonne distance qui fait que vous êtes toujours vous, uniques et différents, mais n'existant pas vraiment ou pas totalement sans l'autre. Une trinité en plus modeste quoi, deux personnes (Marjorie & David) mais une nature : votre couple ! Le tout maintenu par l'amour, comme dans la Trinité, l'Esprit Saint étant le baiser d'amour que s'échangent le Père et le Fils.
Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !Ceux qui posaient la question du début à Jésus, semblaient avoir oublié Dieu ! Puisque c'est lui, l'Immuable, celui qui ne change pas, celui qui est toujours fidèle à son Alliance malgré le péché de l'homme, si c'est bien lui, Dieu, qui a voulu les choses ainsi, il n'est pas possible de trouver n'importe quel motif, ni même un motif particulier pour que l'homme renvoie sa femme ! Dieu les a unis dans son amour ; cet amour est de toujours et pour toujours ! Dieu les maintiendra dans son amour. Dieu vous maintiendra dans son amour. Oser poser la question des pharisiens, c'est, me semble-t-il, mettre Dieu et son amour à l'épreuve. C'est refuser de croire que l'amour de Dieu est plus fort que tout ; c'est refuser de croire que l'amour de Dieu est donné pour toujours. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin la reconnaissance du mariage comme sacrement par l'Eglise catholique ; tout est là. Jean-Paul II, me semble-t-il, est allé encore plus loin en retraduisant ce verset ainsi : Ce que Dieu a uni, l'homme ne peut pas le séparer ! Il y a là une impossibilité liée à la différence entre Créateur et créature. Nous ne sommes pas Dieu, que voulez-vous ! Même si nous sommes appelés à lui ressembler. Alors soyez saints comme Dieu est saint, et votre amour sera sans limite, et votre amour sera véritablement de toujours et pour toujours.
Et puisque Jésus lui-même nous ramène aux origines, n'oubliez jamais, à l'avenir, de sans cesse revenir à l'origine de votre amour. Je ne veux pas jouer au naïf : des moments plus difficiles vous en connaîtrez comme chacun. Mais vous avez désormais une origine commune, un projet originel et original, qui doit vous permettre de rebondir sans cesse et recommencer, comme Dieu lui-même, dans ses alliances successives, est toujours revenu à son premier et unique projet : construire avec l'humanité un monde où l'amour serait premier ; construire avec l'humanité un monde où Dieu et l'humanité ne feraient plus qu'un ; construire avec l'humanité un monde d'où le mal serait absent. Avec Dieu comme source et témoin de votre amour, pourquoi n'y réussiriez-vous pas ? C'est en tout les cas le voeu que je forme pour vous. Amen.
(En illustration, le jeune couple. Merci à Marjorie & David pour l'autorisation de publication)
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