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Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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dimanche 25 avril 2010

2ème dimanche de Pâques - 11 avril 2010

Retranscription de l'homélie donnée en la Basilique d'Echternach (Luxembourg) à l'occasion du rassemblement diocésain des servants d'autel de METZ (57). Avec mes remerciements à Victor BENZ pour son invitation à prêcher cette eucharistie.


Pourquoi ne serions-nous pas butés aussi ?


Il y a quelque chose de buté chez les Apôtres dans l'Evangile que nous venons d'entendre. Pour bien comprendre, il nout faut faire un peu d'histoire. Dimanche dernier, c'était Pâques ; Jésus ressuscitait, il apparaissait à ses disciples (du moins à 10 d'entre eux, Judas s'étant pendu et Thomas étant absent). Que se passe-t-il alors ? Les disciples étaient enfermés chez eux (ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient), Jésus vient ; il leur donne sa paix, leur montre ses plaies, et leur donne son Souffle (l'Esprit Saint). Ils sont contents, mais cette joie ne semble pas changer grand chose. En effet, lorsque une semaine plus tard, Jésus se manifeste à nouveau, en présence de Thomas cette fois, nous constatons que ces mêmes disciples sont toujours enfermés (Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées). Enfin, ils ont tout eu huit jours plutôt : la paix, la vision des plaies, le don de l'Esprit Saint. Qu'auraient-ils pû recevoir de plus ? En plus, je les imagine bien se moquer du pauvre Thomas : Nous avons vu le Seigneur, mais pas toi ! Sans compter toutes les apparitions dont les uns ou les autres ont pû bénéficier depuis ce premier soir. L'évangile de ce samedi de l'octave de Pâques nous le disait encore ce matin : malgré le nombre d'apparitions du ressuscité signalées aux disciples, ceux-ci ne crurent pas ! Certes, l'événement est d'une telle nouveauté, que je peux comprendre leur difficulté. Quelle serait ma réaction si, me promenant au matin de Pâques sur le cimetière où sont enterrés mes proches, je découvrais la tombe familiale éventrée et vide ? Serais-je enclin à croire à la résurrection ? Ne serais-je pas un peu buté à l'image des Apôtres ?

Thomas aussi semble un peu buté face aux affirmations des autres (Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas !) ; mais je le comprends mieux. Il n'a eu ni la paix du Seigneur, ni son Esprit Saint, ni la vision des stigmates. Il ne demande rien d'autre finalement que de faire la même expérience que les autres. Et on lui reproche d'être incroyant ! Mais quand Jésus vient en sa présence, il a cette belle affirmation de foi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Et il n'a touché à rien !

Il restera quelque chose de buté chez les Apôtres lorsqu'ils auront intégré la résurrection de Jésus, parce que malgré les oppositions, malgré les dangers, malgré les coups reçus, ils iront désormais annoncer celui qui était mort et que Dieu a rendu à la vie. Et qu'importe le prix à payer !

Il y a quelque chose de buté dans l'attitude de Tarcisius qui nous a rassemblés aujourd'hui en ces lieux. Ce jeune chrétien, désigné pour porter aux malades et aux prisonniers le trésor de l'Eucharistie, refuse de le livrer à ceux qui n'en sont pas dignes, à ceux qui ne comprennent rien à ce grand trésor qu'il porte contre son coeur. Il ne cèdera rien, même sous les menaces, même sous les coups redoutables qui vont le mener à la mort. Buté parce que Celui qu'il transportait ainsi ne devait pas être profané. Buté parce qu'il avait compris l'importance de cette mission qui lui avait été confiée : des frères dans la détresse attendaient le réconfort de l'Eucharistie. Comment aurait-il pû l'abandonner entre des mains païennes ? Il ne cède pas ce qui est vital pour lui et ceux de sa communauté. Son côté buté à cause de Jésus Christ lui vaut de mourir martyr et vous vaut à vous, servants d'autel, l'exemple d'un jeune homme qui ne cède rien pour ce qui est vital.

Alors je m'interroge : ne devrions-nous pas être un peu plus butés nous-aussi pour ce qui est au coeur de notre existence ? Ne devrions-nous pas tenir plus que tout à Celui qui a tout donné par amour de nous ? Comme Tarcisius à son époque, vous connaissez aujourd'hui quelquefois les moqueries à cause de votre attachement au Christ et votre fidélité à le servir, dimanche après dimanche. Quelqu'un ne disait-il pas justement dans un atelier cet après midi qu'il n'avait pas joué des crécelles le vendredi saint à cause de ce que pourraient en penser les copains s'ils le voyaient faire ? Qui n'a jamais été moqué parce que le dimanche il allait d'abord servir la messe avant de rejoindre les copains ? Oui, quelquefois, être buté, être attaché à ce qui est important et le faire quand même, quoi qu'il en coûte, parce que nous savons que c'est juste et bon, oui, quelques fois, être buté, c'est bien. Votre fidélité au service de l'Eucharistie, un service bien fait, avec dignité et simplicité est le signe que, comme Tarcisius, vous restez attachés à Jésus et au trésor de l'Eucharistie.

Comme les Apôtres, comme Tarcisius, soyez buté pour Celui qui est vraiment important. Devenant ainsi le coeur de votre vie, il vous aidera à grandir dans cette fidélité et à vivre toujours mieux votre service. A travers vous, d'autres parviendront à mieux comprendre ce grand trésor de l'Eucharistie. Oui, cela vaut la peine d'être buté pour cela. Amen.

(En illustration, Tarcisius portant le trésor de l'Eucharistie, Sculpture de Bernhard LANG, Suisse. La statue sera exposée place Saint Pierre de Rome à l'occasion du 10ème pèlerinage international des Servants d'autel organisé par le CIM en août 2010)

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