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samedi 5 juin 2010

Fête du Corps et du Sang du Christ - 06 juin 2010

Homélie donnée en dimanche en l'église saint Joseph de HOENHEIM.


Ils ont l'air fin, ces hommes et ces femmes qui ont suivi Jésus toute la journée et qui, le soir venu, se rendent compte qu'ils n'ont rien à se mettre sous la dent parce qu'ils ont oublié leur pique-nique. Ils ont l'air un peu stupide, ces disciples qui ne sont même pas capables d'organiser une petite sortie autour du Christ et d'assurer l'intendance. Il a l'air moqueur, Jésus, lorsqu'il se tourne vers ses disciples pour les inviter à nourrir ces têtes-en-l'air qui se sont nourris l'esprit de sa parole, mais qui n'ont pas de pain pour le ventre. Ainsi additionnées, cela fait beaucoup d'incohérences. Mais ne fallait-il pas cela pour que la gloire de Dieu soit manifestée ? Car, n'en doutons pas : avec Jésus, chaque incohérence de la part des hommes est occasion de manifester la puissance de Dieu et sa présence au monde des hommes. N'est-il pas, lui, Jésus, Dieu fait homme, vivant au milieu de son peuple, pour le combler de ses dons ?

Si nous avions arrêté notre lecture au moment où les disciples informaient Jésus de la situation, quiconque, connaissant un peu le Christ, aurait pu prédire que cela finirait bien, que Jésus, forcément aurait pitié de cette foule et qu'il interviendrait en sa faveur, comme il était déjà intervenu lors de cette noce à Cana, où il n'y avait plus de vin. Car quiconque connaît, ne serait-ce qu'un peu, Jésus, sait qu'il est venu pour le bonheur des hommes, pour que les hommes connaissent la joie de Dieu. Mais alors se pose la question de cette déviation mise en place par Jésus lui-même et qui nous fait passer par les Apôtres. Ils sont comme un maillon indispensable à la réalisation du signe du pain multiplié. Donnez-leur vous mêmes à manger ! L'ordre est sans appel. Il oblige les Apôtres à faire l'inventaire de ce qui est disponible : cinq pains et deux poissons ! Peu de chose, convenons-en ! Mais ce peu de chose va se trouver multiplié par la force de l'amour : l'amour de Dieu à l'égard des hommes qui attendent un signe de sa main ; l'amour d'un inconnu qui a accepté de céder ces choses dérisoires face au grand nombre à nourrir. Car là se trouve peut-être le secret de la toute puissance de Dieu : Dieu veut avoir besoin de nous pour agir auprès de nos frères.

Donnez-leur vous mêmes à manger ! Cet ordre du Christ aux Apôtres a mis les hommes en marche ; des solidarités se sont nouées ; Jésus a pu rendre grâce à son Père pour cela et chacun a pu manger à sa faim. Ce premier ordre sera amplifié au soir du Jeudi Saint, lorsque le Christ célèbrera la première eucharistie de l'histoire. Ne dira-t-il pas aux siens : Faites cela en mémoire de moi ? Aujourd'hui, nous ne pouvons séparer ces deux événements. Si le repas de la nuit du Jeudi Saint est explicitement eucharistique, le repas partagé de l'évangile de ce jour l'est tout autant. Cette multiplication des pains annonce en effet que Dieu veille sur les siens et qu'il leur donne la nourriture au temps voulu. Ce repas surmultiplié va marquer au coeur les Apôtres ; quand ils entendront le Christ les inviter à refaire les gestes du Jeudi Saint, comment pourraient-ils ne pas penser à tous ces repas pris avec lui, et plus particulièrement à ce repas où il a nourri une multitude. Dans cet endroit désert, il partage aux hommes un peu de pain et de poisson, signe de l'amour partagé ; au soir du Jeudi Saint, il partage à ses disciples du pain et du vin, signe d'une vie offerte par amour, signe de la vie des hommes sauvés par le don de la sienne. Dans les deux cas, les disciples sont au coeur du signe : au désert, le partage entre tous leur revient ; à la cène, le devoir de mémoire devient leur quotidien.


Aujourd'hui encore, l'Eglise vit de ces signes du Christ : signe du pain partagé par amour, signe de la vie donnée, offerte par amour. Lorsque nous célébrons l'Eucharistie, c'est bien de cela qu'il s'agit : partager un morceau de pain, dans lequel nous reconnaissons la présence agissante du Christ, mort et ressuscité pour nous. Participer à ce repas est tout, sauf banal. Communier au Corps et au Sang du Christ devient le signe fort de ma volonté de suivre le Christ et de le reconnaître présent en chacun de ceux qu'il me donne de rencontrer. Et ceci se vérifie dans les deux manières que nous avons d'envisager la communion.

Nous pouvons, un instant, considérer la communion sous l'angle de celui qui la donne. Que fait-il ? Il tient la place des Apôtres, chargés de donner au peuple les bienfaits de Dieu. Lorsque vous vous approchez de lui, il élève une hostie, il vous regarde et vous adresse une parole : Le Corps du Christ ; puis il vous partage le pain. Cette succession - regarder, parler, donner - est loin d'être innocente. Si je ne regardais pas la personne à qui je partage le pain, je ne ferais que distribuer quelque chose, sans considérer ni ce que je donne, ni la personne à qui je donne. Lorsque je regarde la personne qui se présente devant moi, je la regarde à travers ce morceau d'hostie que j'élève ; je la vois à travers Dieu, avec les yeux de Dieu. La question ne se pose pas alors de savoir si cette personne m'aime, ni même si moi, je l'aime ! Il n'est pas davantage important de se demander à ce moment-là si je vais donner ou pas. Ce qui compte, c'est cette personne qui avance, avec son histoire, avec sa vie et qui demande, en tendant les mains, un peu de la vie de Dieu pour elle. En lui donnant ce pain, devenu Corps et Sang du Christ, je reconnais qu'elle fait partie de ma famille, je reconnais qu'elle marche aussi à la suite du Christ. Le court dialogue qui s'établit dans la foi, vient consolider cette appartenance commune. En disant : Le Corps du Christ, je pose une affirmation qui ne peut être reçue que par ceux qui partagent la même expérience de foi que moi. Par la réponse : Amen, réponse donnée distinctement, la personne adhère publiquement au Christ Sauveur. Les personnes qui donnent la communion témoignent de l'amour de Dieu pour tous ceux et celles qui s'approchent de l'autel ; les prêtres le font encore d'une manière toute particulière puisque, consacrant le pain, ils rendent possible cet échange de vie et d'amour entre Dieu et les hommes.


Nous pouvons maintenant envisager la communion sous l'angle de celui qui la reçoit. Il s'approche de l'autel, il se déplace. Il manifeste physiquement sa volonté d'aller à la rencontre du Christ et de recevoir de lui ce qu'il veut lui donner. Il exprime aussi qu'il est prêt à partager, avec les autres qui s'approchent, ce don de Dieu à tous les hommes. Il tend les mains, ouvertes, vides et accueillantes ; il reconnaît qu'il a besoin de Dieu pour remplir sa vie. Il pose enfin une parole de foi, en réponse à celle qu'il a entendue. Il adhère pleinement à ce qui lui est proposé, puis il mange le pain reçu. En se déplaçant, il a répondu à l'invitation de Dieu à partager sa table ; en mangeant le pain, il reçoit Dieu dans sa vie, au plus intime de lui-même. Et c'est parce que Dieu demeure désormais chez lui qu'il peut regarder le monde avec les yeux de Dieu. C'est parce que Dieu demeure chez lui qu'il peut tendre ses mains vers ses frères en signe d'amitié, de pardon, de partage. C'est parce que Dieu demeure chez lui qu'il peut aller à la rencontre des autres. C'est parce que Dieu demeure chez lui qu'il peut proclamer à son tour les merveilles de Dieu pour son peuple. Tout son être, toute sa vie sont comme dilatés par l'amour de Dieu reçu au coeur de son existence. Et cet amour-là ne peut pas rester inactif ; cet amour-là ne peut que se partager, se répandre. A partir d'un petit morceau de pain donné et reçu dans la foi, c'est tout un monde qui peut s'ouvrir à la bonté et à la miséricorde de Dieu.

Il a suffit d'un peu de pain, de quelques poissons et de disciples prêts à partager pour qu'une foule immense, au temps de Jésus, mange à sa faim. Il suffit d'un peu de pain et d'un peu de vin pour transformer ce monde, notre monde, en monde d'amour. Nous accueillerons le pain, nous accueillerons le vin. Il ne manquera plus que toi pour les recevoir ; il ne manquera plus que toi pour les partager. Amen.


(Dessin de Coolus, extrait du blog du lapin bleu. Voir liens)

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