Nous approchons de la fin du Carême. Encore une semaine et nous entrerons dans la Grande Semaine qui nous fera vivre la Passion et la résurrection de Jésus. Et déjà la liturgie nous prépare à ces moments en mettant sur les lèvres de Jésus cette parabole du grain de blé.
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits. Toute personne qui jardine connaît cette loi élémentaire. Les grains que nous plantons doivent mourir en terre pour produire les fruits que nous en attendons. Il n’y a pas d’exception à cette règle. Et nous n’en sommes pas tristes, au contraire. Lentement, la terre fera son travail de germination et le grain deviendra herbe, l’herbe deviendra épis et les épis porteront leurs grains. Vient alors le temps de la récolte et la joie qui l’accompagne.
Ainsi en est-il de Jésus. Lentement, il prépare le cœur de ses disciples à l’inévitable, à sa mort en croix. Mais cette mort n’est pas une fin ; cette mort n’est pas l’anéantissement de Jésus. Cette mort sera source de vie. Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. C’est à vivre ce paradoxe que nous nous préparons. En acceptant d’être le grain qui devra être moulu sur le bois de la croix, Jésus va réaliser cette alliance nouvelle dont parlait le prophète Jérémie : Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Si Jésus réalise dans sa mort cette alliance nouvelle, cela signifie que nous avons à entrer nous-aussi dans ce mouvement de vie offerte pour qu’elle porte du fruit. Nous avons aussi à mourir pour que la vie jaillisse.
Ce surcroît de vie n’est possible que si nous lâchons ces petits riens qui encombrent nos vies, qui nous empêchent d’aller vers les autres. Il ne s’agit pas pour nous de mourir physiquement, mais d’accepter ces petites morts quotidiennes pour que d’autres puissent se mettre en route et découvrir ce qui nous fait vivre. A ceux qui veulent aujourd’hui encore voir Jésus, nous avons à répondre par une vie offerte et libre. C’est bien en nous voyant vivre de la puissance de vie qui vient de Jésus, qu’ils recevront le mieux le témoignage de ce Jésus, semence de vie éternelle pour tous les hommes de tous les temps.
A la question de savoir s’il cela ne serait pas possible autrement que par ce passage par la mort, il faut bien se résoudre à répondre non. En offrant sa vie, Jésus ne la perd pas ; il la multiplie et la transforme en vie marquée du sceau de l’éternité : Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. C’est assurément un grand mystère. Mais comme l’Amour véritable, la Vie véritable ne s’accroît que lorsqu’elle est partagée. A la suite de Jésus, risquons notre vie, offrons-là à Dieu et aux frères. Le Dieu de toute alliance, Père de Jésus Christ, Premier-né d’entre les morts, saura la faire fructifier pour sa gloire et le salut du monde. Amen.
(Image de Jean-Yves Decottignies, in Mille dimanches et fêtes, Année B, Les Presses d'Ile de France, p. 52)
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