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samedi 11 août 2012

19ème dimanche ordinaire B - 12 août 2012

A l’exemple de Laurent, laissons-nous mener par Dieu.
(Homélie donnée en l'église St Laurent de Dahlunden, à l'occasion de la fête patronale)



Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi. Voilà exprimée en peu de mots la conviction du Christ lui-même au sujet de la foi, au sujet des mouvements de foules que Jésus provoque partout où il passe. Et il fait ce constat au moment même où cette foule, étonnée des signes qu’il pose, cherchant Jésus dès qu’il s’éloigne un peu, récrimine contre sa dernière parole. Pour qui se prend-t-il ? Nous le connaissons bien : comment peut-il parler ainsi ?

C’est le propre d’une foule d’être versatile. Elle ne fonctionne qu’à l’air du temps, au sensationnel. Il n’y a pas de différence entre cette foule qui suivait Jésus et les journaux à sensation d’aujourd’hui. A partir du moment où vous êtes connus, vous êtes scrutés, passés au microscope d’une soi-disant bonne société, et au moindre écart, vous qui étiez encensés hier êtes aussitôt crucifiés. La foule dit connaître Jésus parce qu’elle connaît ses parents. Mais est-ce suffisant ? Ne s’est-elle pas fabriqué une image de Jésus sur des critères humains ? Il nous amuse, il nous surprend, il nous intéresse, il nous guérit, il nous donne à manger. Mais est-ce suffisant pour suivre Jésus ? Est-ce suffisant pour croire en lui ? La réponse de Jésus est claire : celui qui vient à moi, c’est grâce à mon Père. Voilà le secret de la foi : elle est un don que Dieu fait à ceux qu’il appelle. Elle n’est pas une œuvre humaine ; elle n’est pas à confondre avec la connaissance humaine de Jésus. Pour comprendre les paroles et les gestes de Jésus, il ne faut pas le connaître humainement ; il faut avoir été choisi par Dieu, appelé par lui à entrer dans l’intimité de ce Fils qu’il a envoyé aux hommes pour les sauver. Lorsque la foule s’en tient à une connaissance humaine de Jésus, à la moindre parole difficile, c’est le clash ! La foule murmure de désapprobation et se retire. Par contre, celui qui est de Dieu, celui qui a mis Dieu au cœur de sa vie peut comprendre le sens véritable des paroles du Fils unique. Oui, le Christ se donne en nourriture véritable. Oui, il est celui qui nous donne la vraie vie, celle qui est marquée du sceau de l’éternité et que même la mort ne peut abattre. Nous vivrons éternellement si nous mangeons le Christ, si nous l’assimilons comme la nourriture quotidienne. C’est là l’œuvre de Dieu en nous.

Celui qui est appelé par Dieu lui-même à entrer dans l’intimité du Christ peut alors, selon la parole de Paul, chercher à imiter Dieu ! En effet, appelés par Dieu à connaître le Fils, nous sommes appelés à vivre comme Dieu lui-même, puisque, en ce Fils Jésus, il fait de nous ses enfants. Devenus par appel de Dieu membres de sa famille, nous devons tenir notre rang et notre place dans cette famille et vivre dans l’obéissance au Père. Paul décrit sommairement cette vie : une vie sans mal, sans colère, sans emportement d’aucune sorte ; une vie faite de tendresse, de générosité, de pardon. Voilà à quoi sont appelés ceux que le Père attire vers son Fils. Comprenant l’œuvre et les paroles du Fils unique, nous comprenons aussi qu’elles sont porteuses de vie et que notre vie dépend de cet art de vivre. Tout nous est donné par Dieu : la foi au Fils unique, la manière de vivre pour être vraiment fils et fille de Dieu, et l’Esprit qui nous permet d’accorder notre être à la volonté de Dieu, l’Esprit qui nous permet d’ajuster notre vie à la vie du Christ.

Lorsqu’un croyant entre ainsi dans la compréhension de Dieu, du Christ sous la conduite de l’Esprit, ce même Esprit peut le conduire jusqu’au témoignage ultime, à l’exemple de Laurent, diacre de l’Eglise, que nous célébrons aujourd’hui. Il n’est pas devenu martyr par sa volonté propre, mais parce que Dieu lui a permis de témoigner jusqu’à l’ultime de la puissance de Dieu, comme l’avait fait le Christ ! Il n’a pas imité le Christ comme un petit singe ; il a été conformé au Christ, par grâce, afin que son témoignage nourrisse la foi des fidèles à travers le temps et l’histoire, et qu’à travers son témoignage, les hommes puissent découvrir la puissance d’amour qui est en Dieu et la puissance d’amour que le Christ communique à ceux et celles qui croient en Lui. Appelé par Dieu à entrer dans l’intimité du Christ Serviteur des pauvres, Laurent a été jusqu’au don de sa vie pour témoigner que Dieu n’abandonne pas ceux qui croient en lui, et surtout pas les pauvres qui sont les préférés de Dieu et à qui Laurent a consacré son ministère. Comme le Christ s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire pour que nous soyons sauvés, de même Laurent s’est-il offert en sacrifice pour ne pas faire de tort à ces pauvres, seule richesse de l’Eglise. Il s’est offert parce que telle était sa vocation !

A nous qui rendons grâce à Dieu pour l’œuvre de son Fils, l’exemple de Laurent est laissé pour que nous comprenions bien que notre vie est en Jésus, notre unique nécessaire, notre unique nourriture. Lui faire confiance comme le Père nous le demande, c’est trouver le chemin de la vie qui ne finit pas. A l’exemple de Laurent, répondons à l’appel de Dieu et suivons le Christ là où lui-même veut nous conduire, sûrs qu’au bout du chemin il y a notre vie et notre joie. Amen.


(Détail d'une bannière de procession représentant St Laurent, Diacre et Martyr, église de Holtzheim - 67)

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