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vendredi 24 août 2012

21ème dimanche ordinaire B - 26 août 2012

Voulez-vous partir, vous aussi ?


Il ne suffit pas de s’appeler Jésus, ni même d’être Fils de Dieu, reconnu comme Christ et Messie, pour que tout vous réussisse dans la vie. La fin du chapitre 6 de l’Evangile de Jean que nous lisons aujourd’hui, nous le rappelle, hélas. Certes, ce n’est pas la première fois que des gens s’éloignent de Jésus. Il a, depuis un moment déjà, de fervents et farouches opposants. N’a-t-il pas reconnu lui-même que personne ne peut venir à lui, si le Père qui l’a envoyé ne l’attire vers lui ? Mais voilà, jusqu’à maintenant, il s’agissant d’opposants, ou d’anonymes qui trouvaient Jésus trop radical peut-être. Maintenant, ce n’est plus vrai !

Saint Jean, dans le passage que nous venons d’entendre, le dit sobrement : Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle. » Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! » Beaucoup de ses disciples ! Il ne s’agit plus d’inconnus, il ne s’agit pas davantage d’opposants ; non, la contestation gagne ses partisans. Nous avons souvent tort de croire que ceux qui suivent Jésus se limitent aux Douze. Or, nous savons par les évangélistes, que des foules nombreuses l’ont suivi, pas uniquement parce qu’il aurait été beau gosse ou beau parleur. Je crois que certains s’étaient vraiment attachés à lui comme à un maître à penser. Ils ont aimé ce qu’il disait, ce qu’il faisait, la manière dont il parlait de Dieu. Mais là, nous dit saint Jean, c’en est trop ! C’était la phrase à ne pas dire. A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’éloignèrent et cessèrent d’aller avec lui. Ils vont être bien moins nombreux à le suivre, jusqu’à se réduire à n’être plus que trois au pied de la croix ! En même temps, l’opposition va grandir et se renforcer. C’est le début de la fin. Il a suffit pour cela que Jésus précise qui il est et ce qu’il entend être pour ceux qui le suivent. Bref, il lui a suffit de dire la vérité !

Il y a quelque chose de pathétique dans ce passage lorsque saint Jean précise encore que Jésus savait depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait. Et si la liturgie nous avait fait lire le dernier verset du chapitre 6, les choses auraient été encore plus claires. En effet, Jésus répond à la question de Pierre (à qui irions-nous, Seigneur ?) : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze ? Et l’un d’entre vous est un diable. » Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; c’est lui, en effet, qui devait le livrer, lui, l’un des Douze. Nous sommes bien à un point de non retour. Nous ne connaissons pas, dès ce moment, les pensées secrètes de Judas, mais peut-être a-t-il été, comme tant d’autres, choqué par les paroles de Jésus ; peut-être que, dès maintenant, sa déception grandit jusqu’à devenir, un jour, trahison. Il en faut si peu à l’homme pour retourner sa veste, et de brebis pacifique se faire loup menaçant.

Nous comprenons dès lors la question de Jésus : Voulez-vous partir, vous aussi ? Elle traduit sans doute une vraie interrogation pour lui : a-t-il donc totalement échoué ? N’a-t-il donc pas même réussi à en convaincre Douze ? Essayez un instant de vous mettre à sa place ; essayez de comprendre ses sentiments, et vous comprendrez mieux la force de caractère qu’il lui a fallu pour poursuivre malgré tout. La réponse de Pierre peut alors être comprise comme une consolation : A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Même s’il ne mesure sans doute pas toute la portée de ses mots, voilà Pierre entrain de faire une bien belle profession de foi. Il va plus loin encore en affirmant : nous croyons et nous affirmons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. Dans cette première grande crise que traverse Jésus, il peut compter sur Pierre et sur les autres apôtres qu’il s’est choisi. Du moins pour le moment ! Cela aide bien à repartir ! On comprend alors pourquoi la liturgie a choisi de taire, pour l’instant, le dernier verset du chapitre. Cela nous permet de finir sur une note d’espoir !

De plus, finir sur la profession de foi de Pierre, et non sur l’annonce de la trahison de Judas, permet à l’Eglise de nous interroger, aujourd’hui, nous qui suivons le Christ des siècles après ces événements. Ayant entendu durant quelques semaines l’enseignement de Jésus tel qu’il est donné dans le chapitre 6 de saint Jean, ayant nécessairement entendu des prêtres parler du sacrement de l’Eucharistie et sur sa portée dans notre vie, qu’avons-nous à répondre à Jésus qui nous interroge chacun : veux-tu toi aussi partir comme ceux-là ? Avons-nous le courage de la fidélité avec Pierre, malgré un enseignement difficile à saisir, malgré l’opposition qui grandit, malgré les défections nombreuses ? Dans l’enseignement de Jésus, qu’est-ce qui nous paraît intolérable ? Et surtout comment nous en sortons-nous ? Quittons-nous l’Eglise sur la pointe des pieds ? Ou plutôt avec pertes et fracas ? Préférons-nous trahir le visage du Christ en sélectionnant dans son enseignement, dans la Parole de Dieu, ce qui est convenable de ce qui ne l’est pas ? Ce que nous pouvons et voulons entendre de ce que nous ne voulons pas ? Nous faisons-nous un Christ à notre image, à notre taille, un petit Christ bien sympathique, un vrai pote, quoi ? Ou l’acceptons-nous tel qu’il se révèle à nous ?

Nous n’aurons jamais finis de répondre à ces questions ; toujours elles retentiront et se résumerons ainsi : Voulez-vous partir, vous aussi ! Et je reconnais que la réponse n’est pas simple dans une Eglise qui traverse un monde en crise. Mais ce que Pierre affirmait jadis peut nous guider dans notre propre réflexion : Jésus n’est pas n’importe qui, et ce qui importe, c’est ce que m’apporte mon compagnonnage avec lui ; ce qui importe, c’est qui il est réellement pour moi et comment je compte répondre à son invitation à le suivre. Nous avons du temps pour préciser tout cela, pour trouver nos propres réponses, vérifier la qualité de notre lien à Jésus. Mais un jour, viendra le temps de la réponse ; et ce jour là, nous serons au pied de la croix. Ou pas. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

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