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vendredi 14 juin 2013

11ème dimanche ordinaire C - 16 juin 2013

Quand rien ne va plus, il reste le pardon !


Tout a été dit et écrit sur le péché de l’homme, le pardon de Dieu et son amour pour nous et malgré cela,  il y a des hommes et des femmes qui ont tant de mal à bien vivre une démarche de pardon. Tout a été dit et écrit sur le péché de l’homme, le pardon de Dieu et son amour pour nous, et pourtant, il est encore des prédicateurs pour ne parler que du péché de l’homme, des efforts toujours insuffisants qu’il fait pour obtenir le pardon de Dieu. Tout a été dit et écrit sur le péché de l’homme, le pardon de Dieu et son amour pour nous, et nous avons toujours tant de mal à vivre en frères et en sœurs réconciliés par l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, mort et ressuscité pour nous. Tout a été dit et écrit. Avec les lectures de ce dimanche, revenons une fois de plus à ce qui a été dit et écrit à ce sujet dans nos textes sacrés. 
 
Commençons dans l’ordre chronologique avec David, le grand roi que Dieu lui-même a choisi et placé sur son trône. Il avait tout eu de Dieu et aurait eu encore plus s’il l’avait demandé. Il était tout pour Dieu et Dieu devait être tout pour lui. Il s’est laissé entraîner par ses passions ; et le résultat est désastreux : une femme entraînée à l’adultère, un homme tué sous les coups de l’ennemi, et pour David et sa maison un avenir sombre. Tout cela pour satisfaire les désirs d’un seul. Vous me direz : il n’a rien fait contre Dieu, il a juste pris la femme de son voisin, un étranger qui plus est ! Bien justement, en méprisant l’étranger, David a méprisé Dieu ; en s’en prenant à l’étranger, il s’en est pris à Dieu. La réaction de Dieu, c’est Nathan qui la livre : L’épée ne cessera plus de frapper ta maison. Les yeux de David s’ouvrent, son cœur se repend : J’ai péché contre le Seigneur. Et Dieu pardonne. Voilà une première chose à garder en mémoire, une chose sûre et vraie : il faut reconnaître son péché, le confesser, pour être pardonné. Avec le psalmiste et le roi David, nous pouvons reprendre le psaume 31 et chanter : Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts… Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute. Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse, de chants de délivrance tu m’as entouré. 
 
Vient alors la rencontre de Jésus avec la femme pécheresse chez Simon, le Pharisien. Une histoire que les enfants de nos paroisses qui se préparent au sacrement du pardon avec le livret Brise-chagrins connaissent bien. Elle est une des rencontres de Jésus qu’ils travaillent pour découvrir ce qui se passe quand, dans notre vie, rien ne va plus. Parce que, reconnaissons-le, quand nous nous laissons aller à faire le Mal, rien ne va plus dans notre vie, rien ne va plus selon le désir de Dieu. Si c’est le désir de Dieu qui anime notre existence, il n’y a pas de place pour le Mal dans celle-ci ; si nous étouffons le désir de Dieu, alors le Mal s’installe, le Mal se fait, et oui, rien ne va plus. Que faire alors ? Se laisser à nouveau rencontrer par Jésus, ou comme la femme de l’Evangile, aller à sa rencontre. Quand Jésus passe dans la vie de cette femme que les autres ont vite fait de taxer de pécheresse, tout change. Elle vient, mouille les pieds de Jésus de ses larmes, les couvre de baisers et les parfume. Des gestes bien étranges pour nous mais qui disent bien son désir d’accueillir Jésus dans sa vie. Normalement, c’est Simon, celui qui a accueilli Jésus dans sa maison, qui aurait dû se préoccuper de lui laver pieds et lui offrir le parfum en signe d’accueil. Visiblement, les coutumes se perdaient déjà à l’époque. Mais cette femme, qui n’est pas de la maison, s’en souvient. Elle ne parle pas à Jésus, elle agit pour lui. Comme l’écrivait Giovanni Papini dans son Histoire du Christ, la pécheresse qui entre dans la maison de Simon avec son vase de nard n’est plus une pécheresse. Avant ce jour elle a vu, elle a connu le Christ… Elle n’est plus la femme d’autrefois. Sans ces prémisses, on ne peut entendre l’histoire qui suit. La pécheresse sauvée veut donner à son Sauveur un témoignage de gratitude. Et elle prend une des choses les plus précieuses qui lui sont restées : un vase scellé plein de nard… Elle voudrait encore parler à Jésus… Mais où trouverait-elle les mots qu’elle devrait dire ?... Alors ses yeux parlent et non sa bouche : ses larmes tombent rapides et chaudes sur les pieds de Jésus comme autant de muettes offrandes de sa reconnaissance. Voilà une autre chose à garder en mémoire, une chose sûre et vraie : lorsque nous venons vers Jésus, confesser notre péché, avant même d’ouvrir notre bouche, nous sommes déjà pardonnés. Parce que Jésus n’attend que cela ; que nous revenions vers lui. Il a offert sa vie dans ce seul but ! Cela n’enlève rien à la première chose que je vous invitais à retenir : la nécessité de confesser son péché. Au contraire, cela lui donne toute sa force. En reconnaissant mon péché tout en me sachant déjà pardonné, je vais au bout de ma démarche ; ce que j’exprime avec mon corps en me déplaçant à la rencontre de Jésus, je le confesse avec ma bouche pour que cela soit expulsé de moi. Avec le psalmiste et la pécheresse pardonnée, nous pouvons reprendre ces autres versets du psaume 31 : Heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis ! Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude. 
 
Il reste alors l’enseignement de Paul qui reconnaît la grandeur du sacrifice du Christ et son importance dans notre vie. C’est parce que Jésus s’est livré que nous sommes pardonnés ; c’est parce que Jésus a été jusqu’à la croix que nous sommes libérés. En effet, avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Et le Christ, nous le confessons, est vainqueur du Mal. Il a vécu notre condition d’homme en toute chose, excepté le péché, annonçant aux pauvres la bonne nouvelle du salut, aux captifs, la délivrance ; aux affligés, la joie (Prière eucharistique n° 4). Voici une troisième chose à garder en mémoire, une chose sûre et vraie : lorsque nous confessons notre péché, nous confessons en même temps l’amour que nous lui portons en reconnaissance de ce qu’il a fait pour nous, de ce qu’il ne cesse de faire pour nous. Avec le psalmiste et saint Paul, nous pouvons reprendre ces derniers versets du psaume 31 chanté ce matin : J’ai dit : Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés… L’amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui. Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ! Hommes droits, chantez votre allégresse ! 
 
Confesser son péché pour être pardonné ; venir vers Jésus en se sachant déjà pardonné ; confesser notre péché en même temps que l’amour de Dieu : voilà qui devrait nous libérer de nos scrupules et de nos peurs. Voilà ce que l’Eglise nous propose de vivre lorsqu’elle célèbre le sacrement de la réconciliation. Sans doute pourrions-nous dire et écrire encore plus ; d’autres le font mieux que moi. Je reste pour ma part convaincu que cela est suffisant et permettra à chacun d’expulser de sa vie le Mal qui quelquefois le ronge. Si quelquefois dans ma vie, rien ne va plus, j’ai la certitude qu’en venant vers Jésus pour reconnaître mes torts, je suis libéré, recréé à l’image et à la ressemblance de Dieu, car auprès du Seigneur est la grâce, près de lui la pleine délivrance. Aujourd’hui et toujours. Amen.

(Dessin extrait de Brise-chagrins, Vers le sacrement de la réconciliation, éd. Centurion - Cerf, Paris, 1999, p.27)

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