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vendredi 20 septembre 2013

25ème dimanche ordinaire C - 22 septembre 2013

Priez pour les chefs d'Etat et pour ceux qui exercent des responsabilités.




Sans vouloir faire beaucoup de politique, permettez que j’aborde aujourd’hui la question induite par Paul  dans sa première lettre à Philémon : pourquoi faut-il prier pour les chefs d’Etat et tous ceux qui ont des responsabilités ? Si Paul donne une première réponse (que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité), il me semble pourtant que, dans un état qui met en place des chartes pour la laïcité, la question se pose à frais nouveaux et mérite notre attention. Je voudrais vous indiquer trois raisons qui me semblent justifier cette demande de Paul.
Il nous faut prier pour les responsables publics, non pas parce qu’ils seraient à convertir, mais pour qu’ils soient conscients d’être responsables du bien commun. Le bien commun, c’est ce qui nous permet de vivre tous ensemble, sans stigmatiser un groupe, sans en exalter un autre. Le responsable politique, s’il est porté par un parti ou une idéologie, une fois élu, devient l’élu de tous. Il n’est plus d’un parti, d’une religion ou d’une idéologie : il doit veiller à ce que tous puissent vivre ensemble, dans le respect et la concorde. Nous savons tous que cela n’est jamais facile, ni évident : le voisin est supportable tant qu’il est d’accord avec moi. Mais s’il sort de la bonne pensée, il est à écraser, à éliminer. Prier pour nos responsables publics devient une obligation pour nous qui devons avoir à cœur  de construire dès ici-bas des conditions de vie aussi proches que possible du Royaume dont nous attendons la venue. Même s’ils ne sont pas de mon Eglise, de ma religion, de mon parti, je peux avoir à cœur de les porter devant Dieu afin que celui-ci leur révèle quelle est sa volonté, comment servir au mieux le bien de tous ceux dont ils ont la charge. L’histoire du peuple que Dieu s’est choisi dans la première alliance nous montre bien que chaque fois que son peuple était fidèle au projet de Dieu, il connaissait la paix ; chaque fois qu’il s’en éloignait, ce n’était plus que ruine et désolation.
Il nous faut encore prier pour les responsables publics, non pas parce qu’ils seraient naturellement, voire ontologiquement pervertis ou corrompus, mais pour qu’ils aient toujours conscience qu’ils sont au service d’hommes et de femmes concrets. L’homme politique n’est pas élu pour lui-même ; il est élu pour nous, pour nous conduire, nous inviter à aller de l’avant, pour nous donner un nouvel élan. Si nous avons besoin d’eux, ils ont besoin de nous, pas seulement au moment des campagnes électorales, mais tous les jours. Si je vois mal ce que peut donner un peuple sans dirigeant, je ne vois pas du tout à quoi sert un dirigeant sans peuple à guider ! Il aura beau manier de belles idées : si elles ne permettent pas à notre humanité de grandir, elles ne servent à rien. L’humain n’est pas un concept à manier ; l’humain, c’est toujours des hommes, des femmes, des enfants très concrets, avec une vie très réelle, qu’il faut améliorer quelquefois, soutenir toujours, pour que cette vie soit belle et épanouissante. Qui, mieux que Dieu, qui est le Maître du temps et de l’Histoire, peut le mieux nous indiquer comment rendre notre histoire personnelle et notre histoire commune plus belles pour tous ? N’est-il pas entré en alliance avec nous pour nous sauver et nous inviter à la vraie joie ? Son projet n’est-il pas que nous soyons vraiment heureux et libres, dès cette vie ?
Il nous faut enfin prier pour les responsables publics parce que c’est nous qui les choisissons. Je sais bien que nous serions tous de meilleurs maires, conseiller généraux ou régionaux, députés ou sénateurs, voire président que ceux qui sont en place tout au long des jours, sauf quand il s’agit d’y aller et de mouiller sa chemise. La politique de salon est tellement mieux que la politique réelle. Prier  pour eux, c’est aussi une manière de prier pour nous. Nous avons les hommes et les femmes politiques que nous méritons. Si nous votons par défi, par sanction, ou en nous posant en donneur de leçon, ne nous étonnons pas du résultat ! Nous ne pouvons pas nous plaindre que des lois quelquefois contraires au bon sens soient votées, si nous-mêmes ne faisons pas preuve de bon sens au moment de choisir nos élus. Prier pour nos responsables publics, c’est aussi prier Dieu afin qu’il nous éclaire, quand nous entrons dans l’isoloir pour donner notre voix à un avenir commun. Nous aussi, nous avons besoin de l’aide de Dieu et de la clarté de son Esprit pour faire le choix le meilleur pour nous et pour tous. 
Au cours de cette année pastorale, nous serons sollicités par des hommes et des femmes qui portent un projet d’avenir pour nous. Ils nous inviteront à les écouter et à poser un choix, le moment venu. Prenons bien le temps du discernement et de la prière afin que nous n’ayons pas à regretter plus tard le chemin pris ensemble. Redoublons de prière pour eux et pour nous afin que Dieu manifeste à notre esprit quel est le chemin à suivre pour un meilleur vivre ensemble, dans la justice et la paix. Amen.
 
(Image de Jean-Yves Decottignies, in Mille dimanches et fêtes, Année C, éd. Les Presses d'Ile de France)


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