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vendredi 2 mai 2014

03ème dimanche de Pâques A - 04 mai 2014

Un dimanche pour accueillir le Ressuscité !




Voici déjà le troisième dimanche qui passe depuis que c’est arrivé, et peut-être sommes-nous encore comme ces hommes qui font route de Jérusalem à Emmaüs, perdus dans leur douleur, leur doute, leur désespoir. Avec la mort de Jésus, leur monde s’est écroulé. Que reste-t-il ? Rien, pas même un espoir. Leur rêve de liberté s’est évanoui. Ils broient du noir comme l’humanité seule sait le faire lors des grandes crises de son Histoire. Que voulez-vous : le monde est foutu ! Pourtant, en ce dimanche, un jour nous est donné pour accueillir le Christ ! Je reconnais que ce n’est pas là chose simple. Quand il ne vous reste que vos yeux pour pleurer, où trouver la force de relever la tête ? Où trouver un peu de consolation ? Comment retrouver l’espérance ? L’expérience de ces hommes en route pour Emmaüs peut nous aider. 
 
Nous admettons tous, spontanément, que ces deux hommes ont tout perdu avec la mort de Jésus. Nous les imaginons sans mal rentrant chez eux, le pas lourd, la mine triste, échangeant des paroles d’incompréhension devant les événements qu’ils vivent de vivre. Celui qui les rejoint n’a pas dû avoir grand mal à les rattraper. Ont-ils vraiment regardé celui qui les interrompt dans leurs échanges ? Saint Luc dit sobrement que leurs yeux étaient aveuglés et ils ne le reconnaissaient pas. Nous sentons bien le poids de leur douleur et de leur désarroi. Mais l’étranger ne veut en rester là ; le dialogue s’engage. Pour la première fois sans doute, quelqu’un les fait parler ; quelqu’un leur fait mettre des mots sur leur douleur ; quelqu’un les accompagne. Jésus avait promis à ses disciples de ne pas les laisser orphelins ; en attendant le don de l’Esprit Saint, c’est lui-même qui va accompagner ces disciples sur leur chemin d’humanité qui va devenir chemin de foi. Il ne les provoque pas en disant : Mais regardez-moi ! C’est bien moi ! Non, il les accompagne, il les écoute et il va leur parler. Il va leur permettre de prendre un peu de hauteur. Il va leur faire comprendre les Ecritures… En partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. 
 
Voilà un premier pas important : pour qui veut comprendre quelque chose à l’histoire de Jésus, il ne suffit pas de connaître Jésus, il ne suffit pas d’avoir vécu avec lui ; il faut être capable de comprendre en quoi cette histoire est singulière, en quoi cette histoire particulière reprend toute l’histoire de Dieu avec les hommes et la mène à son achèvement. Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth n’est pas un accident de l’Histoire ; ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth n’est une énième injustice faite à l’homme. Ce qui est arrivé là est à la fois l’aboutissement et un nouveau départ dans les relations entre Dieu et les hommes. Quand le jour de la Pentecôte, Pierre prend la parole, c’est bien ce schéma-là qu’il reprend. Il n’accuse pas les hommes du meurtre de Jésus ; il rappelle que c’était là le plan et la volonté de Dieu. Plusieurs, dans les Actes des Apôtres, Pierre et les disciples, vont ainsi relire pour leurs contemporains l’histoire de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Nous ne pouvons donc pas faire l’économie de ce travail. La liturgie nous a permis de le faire durant la nuit de Pâques, lorsque nous avons relu la longue histoire de Dieu avec son peuple. Nous avons encore à le faire en approfondissant toujours plus notre connaissance des Ecritures et notre goût de Dieu et de sa Parole. Cela est-il suffisant ? Non, un deuxième pas est nécessaire et capital pour entrer dans le mystère de Jésus, mort et ressuscité pour nous. 
 
Les disciples, rejoints par Jésus, arrivent à destination. Ce devrait être le temps de la séparation. Mais voilà qu’ils invitent l’étranger à entrer avec eux. Ce qu’il leur a expliqué les a remués ; ils le reconnaîtront eux-mêmes : notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ? Quelque chose a bougé en eux, mais pas encore assez pour que leurs yeux s’ouvrent. Ils n’ont toujours pas reconnu Jésus. Alors Jésus s’attable  avec eux. Et il pose un geste qui va tout changer, pour eux d’abord, pour le monde ensuite : il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. A ceux qui s’attendaient à quelques gestes extraordinaires n’est donné que le signe du pain rompu et partagé entre tous. Ce simple geste, d’une banalité terrifiante, a tout changé. Ce qu’ils avaient peut-être pressenti sur la route sans oser y croire encore, se révèle à eux avec une évidence bouleversante : c’est Jésus, il est ressuscité. Ce qu’avaient dit les femmes au matin est vrai. Sitôt Jésus reconnu, sitôt Jésus disparaît. Mais il n’y a plus de place pour la peur, ni pour la tristesse de n’avoir pu le retenir plus long. Ces deux hommes refont tout le chemin qu’ils viennent de faire à l’envers pour annoncer la Bonne Nouvelle aux autres. Ils ont accueilli Jésus, ils vont le partager, comme lui-même leur a partagé la parole et le pain. 
 
Pour tous ceux qui se disent ses disciples, le même chemin est à faire : travailler la Parole de Dieu pour mieux la connaître et y découvrir le projet d’amour de Dieu pour tous les hommes, et rompre le pain avec lui. Lire la Bible ne suffit pas pour connaître Jésus : encore faut-il l’accueillir à la table de notre vie et rompre avec lui le pain de son amour. L’eucharistie devient ainsi le lieu où nous accueillons le Christ, sa vie donnée pour nous et la certitude de sa présence permanente au milieu de nous. Nous ne pouvons pas faire l’économie de ce rassemblement autour du Christ qui se donne dans la Parole méditée et le Pain rompu. Nous n’accueillons pas vraiment ni totalement le mystère du Christ si nous ne participons pas avec fidélité et reconnaissance au repas de son amour. Là, dans l’eucharistie, Dieu nous livre sa Parole. Là, dans l’eucharistie, Jésus se livre pour nous. Là, dans l’eucharistie, Jésus se fait reconnaître, vivant et présent,  et se partage à tous. Accueillons-le. Amen.

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