Il y eut un homme envoyé
par Dieu ; son nom était Jean. C’est ainsi que l’évangéliste
Jean introduit dans son livre le personnage de Jean le Baptiste, personnage clé
du temps de l’Avent. Dernier des prophètes, il est celui qui permet le passage
de l’Ancien Testament vers le Nouveau Testament, reprenant l’enseignement de
ses prédécesseurs et invitant à préparer le chemin pour le Seigneur. Car, pour
Jean le Baptiste, c’est une certitude : le moment est venu pour Israël d’accueillir
le Messie de Dieu si souvent annoncé et tant attendu.
Il est venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière. Témoin : c’est le
grand qualificatif du Baptiste chez Jean l’Evangéliste. Le Baptiste est témoin
de celui qui vient. En principe, on est témoin de quelque chose ou de quelqu’un
que l’on connaît, que l’on a vu. Jean le Baptiste n’a pas encore vu Jésus, sauf
éventuellement enfant puisqu’ils sont cousins. La mission de Jean le Baptiste
précède celle de Jésus. Comment peut-il alors être déjà témoin ? Quand les
prêtres et les lévites l’interrogent, il témoigne d’abord de lui, de qui il est
ou plutôt de qui il n’est pas : il n’est
pas le Christ, il n’est pas le prophète Elie, il n’est pas le Prophète annoncé.
Il n’est qu’une voix qui crie dans le
désert. Plutôt que d’être un témoin du Christ, il est plutôt un témoin de Dieu,
un témoin du temps de la réalisation des promesses de Dieu. Son témoignage est
de l’ordre du signe, du signal même au sens d’alarme. Il est plus que temps de
se préparer parce qu’il est au milieu des
hommes celui qu’ils ne connaissent pas. Nous
pouvons sentir l’urgence de la prédication du Baptiste, et l’importance de se
préparer à accueillir celui qui est annoncé. De Jésus lui-même, nous n’apprenons
que sa venue prochaine et sa grandeur puisque Jean reconnaît qu’il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Ceux
qui viennent à Jean pour en savoir plus sur lui ou sur le Messie, en sont pour
leurs frais, du moins pour l’instant. Qu’importe qui est Jean le Baptiste, qu’importe
même qui est le Messie : pour l’heure, une seule urgence : redresser le chemin du Seigneur.
Etre
témoin, en 2014, à la manière de Jean le Baptiste, c’est reprendre cette même
urgence. Il s’agit bien, pour nous, de nous convertir, de nous préparer à
accueillir quelqu’un que nous connaissons : le Christ Jésus. Il est venu
dans le monde des hommes pour le sauver et nous attendons son retour. Peut-être
tarde-t-il pour nous laisser encore le temps de nous préparer, pour nous
laisser le temps de lui préparer la route. La route sur laquelle il vient
marcher, c’est la route de notre cœur, la route qui nous mènera vers Dieu. Jésus
vient à notre rencontre pour orienter notre vie vers la vie de Dieu ; Jésus
vient à notre rencontre pour orienter notre espérance vers le salut de Dieu. Nous
avons à être témoin pour nous-mêmes, en nous mettant en alerte, en restant
éveillés. Mais nous avons aussi à être témoins pour les autres, afin que, nous
voyant vivre, ils sentent se creuser en leurs cœurs le désir d’aller à la
rencontre de celui qui vient. Nous avons à être témoins pour les autres de
cette Bonne Nouvelle d’un Dieu qui vient sauver l’homme, tout homme, tout l’homme.
Rien, de ce qui fait notre vie, n’est étranger au salut que Dieu propose. Rien,
de ce qui fait notre vie, ne saurait échapper au salut. En rencontrant le
Baptiste sur notre chemin d’Avent, nous sommes mis dans la peau de ces foules
qui l’entendaient crier dans le désert. Que ferons-nous ? Comment
réagirons-nous ?
Paul
ne se situe-t-il pas à la suite de Jean le Baptiste quand il nous invite à ne pas éteindre l’Esprit, à ne pas
mépriser les prophéties, mais à discerner la valeur de toute chose ? Ceux
qui viennent vers Jean le Baptiste pour l’interroger afin de mieux le cerner,
ne sont-ils pas déjà en train d’éteindre l’Esprit ? A force de vouloir
tout comprendre, à force de vouloir tout maîtriser, ils ne sont maîtres de rien ;
ils étouffent en eux les appels de Dieu, ils étouffent en eux la volonté de
salut qui est celle de Dieu pour eux. Si notre désir est bien de redresser le chemin du Seigneur, il nous
faut découvrir sa volonté pour nous. Elle sera source de notre joie, source de
notre liberté, source de notre accomplissement, tant il est vrai que Dieu ne
veut que le meilleur pour nous.
En
nous plaçant résolument à la suite du Christ qui vient, en témoignant de celui
qui vient à notre rencontre à la manière de Jean, nous n’aliénons pas notre
liberté, nous gagnons notre grandeur, notre dignité de fils et de fille de Dieu.
Le psalmiste l’a bien compris, lui qui nous fait chanter un extrait du Magnificat
en ce dimanche. Oui, mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble
servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse… Il relève
Israël son serviteur, il se souvient de son amour. Puissions-nous, en ce
temps de l’Avent, nous souvenir aussi des merveilles que Dieu fait pour nous et
en être témoins. Amen.
(Gustave DORE, Jean le Baptiste prêchant dans le désert)
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