Il
y a des signes qui ne trompent pas ! Lorsque nous voyons l’agitation dans
nos villes et villages pour l’installation progressive des lumières de Noël,
des cabanes du Marché de Noël là où la tradition existe, nous savons que le
temps est proche où nous allons entrer en Avent. Dans nos paroisses aussi, les
équipes pastorales nous permettent de vivre ce temps de l’attente de manière à
nous mener progressivement vers la joie de l’annonce d’une naissance, celle de
notre Sauveur. Mais n’allons pas trop vite : le temps de la préparation
n’est pas le temps de la réalisation.
L’évangile
que nous venons d’entendre laisse clairement entrevoir que quelque chose de
neuf se prépare. Les premiers mots de Marc que nous venons de lire le
rappellent avec force : Commencement
de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu.
Commencement :
il s’agit bien de découvrir, dans nos vies souvent répétitives, que quelque
chose de neuf peut advenir, qu’un commencement est toujours possible. Nos jours
ne sont pas simplement une suite continue et sans fin de gestes, de moments, de
phrases… à redire ou à revivre à l’infini. Nous sommes invités à vivre ce temps
comme le commencement d’un moment ou d’une rencontre qui peut bouleverser notre
vie. Ce commencement, dans l’évangile, est marqué par le rappelle d’une
promesse ancienne, formulée jadis par le prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager en avant de
toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Ce rappel ne
nous ramène pas des siècles en arrière ; il est là pour nous dire que
cette promesse trouve enfin sa réalisation, ici et maintenant. Je vous souhaite
de pouvoir vivre ce commencement en chassant l’idée que ce n’est qu’un
recommencement. Les années liturgiques se suivent et ne se ressemblent pas. Il
n’y a pas de routine en pastorale. Il n’y a qu’un chemin que nous sommes
invités à suivre, à frais toujours nouveau, à la rencontre du Christ. A frais
toujours nouveau parce que nous changeons, nous évoluons, nous grandissons,
nous mûrissons !
Commencement de la Bonne
Nouvelle : ce commencement est une invitation à
accueillir une Bonne Nouvelle. En ces temps de crise, voilà qui devrait nous
réjouir. Le monde n’est pas foutu ; l’homme n’est pas perdu. Il y a du
neuf sous le soleil ! Alors que notre monde semble gris, courant à sa perte,
voilà qu’une Bonne Nouvelle nous sera annoncée. Et cette Bonne Nouvelle
changera nos vies si nous savons l’accueillir. Ce temps de l’Avent est
justement donné pour entendre l’annonce de cette Bonne Nouvelle que Dieu
réalisera pour nous, et nous permettre d’en reconnaître les signes quand
viendra le temps de la réalisation. Nous ne pouvons donc pas laisser passer ce
temps de l’Avent sans rien faire, en pensant qu’aujourd’hui est comme hier, et
que demain finalement ne changera rien. Au contraire, tout peut changer si nous
entendons l’appel à la conversion que ce temps porte en lui. Tout peut changer
si nous nous mettons à l’écoute de cette voix qui crie dans le désert. La prophétie
d’Isaïe citée par Marc nous renvoie à cette autre prophétie d’Isaïe que nous avons
entendue en première lecture : Voici
votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance. Comme un
berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il
les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. Cette Bonne
Nouvelle, c’est donc que Dieu ne se désintéresse pas de l’homme, qu’une alliance
nouvelle est toujours possible. A nous de savoir lui préparer le chemin.
Commencement de la Bonne
Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Dans un monde
sécularisé, les interventions du religieux sont souvent mal perçues. Nous en
avons eu des exemples encore récemment avec la visite du pape aux institutions
européennes ou les attaques en justice quasi systématiques de la part de
groupuscules minoritaires qui veulent même supprimer du paysage public toute
manifestation particulière comme la mise en place d’une crèche dans une mairie
ou un conseil général, au nom d’une laïcité érigée en religion, si ce n’est en
dictature. Pourtant, la foi chrétienne porte en elle une originalité, celle d’un
Dieu qui vient à la rencontre de l’homme. Cette particularité nous fait non
seulement aimer l’humanité dans sa totalité, mais nous oblige à un engagement
permanent pour que tout l’humain soit non seulement respecté, mais aussi
stimulé. Si nous devons nous garder, avec raison, de tout prosélytisme, nous
n’avons pas pour autant à mettre nos convictions dans la poche, avec un
mouchoir dessus. Au cœur de nos pratiques, au cœur de notre engagement en faveur
de l’Homme, il y a le Christ, celui qui vient sans cesse à notre rencontre,
celui qui vient dans notre monde pour le sauver. Les temps de l’Avent et de
Noël, que nous allons vivre successivement, nous rappellent l’éminente dignité
de l’Homme que nous voulons servir à travers nos divers engagements. Chaque croyant,
qu’il soit religieux ou laïc, est engagé dans ce même service qui met l’Homme
au centre de nos préoccupations. La Bonne Nouvelle de Jésus Christ est annoncé
partout où l’homme est respecté dans sa dignité, partout où l’homme est servi,
partout où l’homme est appelé à grandir. Prions le Christ, Dieu fait homme, de
mettre au cœur de toutes nos communautés ce désir de servir l’homme, ce désir
de servir tout homme. La Bonne Nouvelle de Jésus Christ n’est bonne que parce
qu’elle est partagée, largement, de sorte que personne ne reste enfermé dans sa
misère, son désespoir, ses difficultés.
Vivre
ce commencement de l’Evangile ne se limite donc pas à vivre un nouveau temps. Vivre
ce commencement, c’est accueillir le désir de Dieu lui-même de transmettre au
monde une Bonne Nouvelle qui ne se paie pas de mots mais se vit en actes. Au
moment où Dieu lui-même s’apprête à entrer dans le monde, ne désertons pas ce
monde, mais rejoignons-le et proposons-lui de suivre avec nous le chemin qui
mène au Christ, source du bonheur véritable. Nous ne vivrons plus seulement
alors le commencement d’une Bonne Nouvelle ; nous aurons commencé le temps
de sa réalisation très concrète dans la vie et le cœur des hommes. Amen.
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