Qu’est-ce qui fait d’un
rassemblement de gens un peuple ? Dans la Bible, c’est simple, un peuple,
c’est un chef, une loi, une terre. La terre, Dieu l’a promise ; ceux qu’il
a fait sortir d’Egypte à bras fort, il les y conduit. Une Loi, ce sont les dix
commandements que nous avons entendu en première lecture ; elle est le
cadre de l’Alliance que Dieu conclut avec les hommes. Un chef : le peuple
en a un depuis qu’il a accepté de le suivre hors d’Egypte. Ce n’est pas Moïse,
c’est Dieu lui-même. C’est lui qui est à l’origine de tous les signes qui
auront fait plier Pharaon, Roi d’Egypte, qui ne voulait pas laisser partir ceux
que Moïse réclamait au nom de son Dieu.
Depuis le Mercredi des
Cendres, nous découvrons l’alliance que Dieu veut faire avec nous. Nous avons
vu que cette alliance est alliance pour la vie et alliance pour la joie de l’homme.
Elle est aussi alliance qui fait de tous ceux qui la suivent un seul peuple, le
peuple que Dieu se donne. Le don de la Loi ne se veut pas un acte d’aliénation ;
il ne s’agit pas d’enfermer le peuple dans un carcan légaliste. Au contraire,
cette loi est donnée pour poursuivre l’œuvre de libération entreprise avec la
sortie d’Egypte. C’est l’obsession éternelle de Dieu. Libérer l’homme de tout
ce qui l’entrave, de tout ce qui le tient loin de Dieu.
Il n’y a qu’à relire les
Ecritures du Premier Testament pour s’en rendre compte. Le seul but de Dieu,
c’est d’entrer en alliance avec l’homme, d’avoir un vis-à-vis qui lui ressemble
et à qui il puisse offrir, par grâce, les richesses de son amour. La Loi donnée
par Dieu dans le désert visait à simplifier cette relation d’alliance et à en
fixer le cadre. L’homme, selon les dix paroles données à Moïse, « ne
gardera qu’un Dieu, celui qui lui a manifesté tendresse et miséricorde en le
sortant d’Egypte ; il renoncera aux formules magiques, il se délivrera de
toute contrainte un jour par semaine et honorera ceux dont il tient la vie.
L’homme manifestera ainsi qu’il n’a la maîtrise ni de Dieu, ni de son travail,
ni de ses parents, mais qu’il a reçu une liberté, une foi, un travail, une
terre ». L’homme n’est pas sa propre origine et l’alliance vient justement
le lui rappeler.
Les autres commandements
établissent les règles nécessaires à toute vie sociale : interdit du vol,
de l’adultère, du meurtre. Ainsi sera préservée la vie du groupe. Rompre un
seul interdit, revient à casser l’harmonie voulue par Dieu, et donc à briser
gravement et durablement l’alliance. En agissant ainsi, l’homme s’éloignerait
de ce qui le rend semblable à Dieu : la capacité d’aimer et d’agir par
amour.
Les dernières paroles
introduisent un nouveau terme entre Dieu et l’homme : le prochain. Déjà se
retrouvent unis le respect de Dieu et le respect de tout homme, union que Jésus
reprendra à son compte dans le double commandement de l’amour. Il est ainsi
attesté que Jésus ne vient pas changer la religion, mais la porter à son terme,
en réalisant l’alliance ultime que rien ne pourra plus défaire.
Ces dix paroles visent donc
bien la liberté de l’homme : sa liberté individuelle, mais aussi sa
liberté sociale : en vivant selon ces paroles, l’homme se découvrira
vraiment libre. Le Dieu qui l’a sorti d’Egypte la lui garantit : il
l’appelle à cette liberté. Voilà qui devrait rassurer ceux qui pensent que la
religion est l’opium du peuple. Le Dieu de l’alliance est celui qui nous libère.
Il en fait lui-même le rappel avant de donner sa Loi. Je suis le Seigneur
ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage. Puisqu’il nous a sorti de l’esclavage du
péché, pourquoi voudrait-il nous y faire retourner ? Nous sommes le peuple
que Dieu s’est donné ; nous sommes à son image et à sa ressemblance :
libres, souverainement libres. Amen.
(Dessin de Coolus, Le blog du lapin bleu)
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