Nous voici presque au terme
de notre marche vers Pâques et déjà la liturgie nous fait entrevoir la seule
chose qui vaille la peine d’être annoncée : Dieu nous propose une alliance
nouvelle.
Cette
alliance nouvelle, le prophète Jérémie l’annonçait déjà alors même que le
peuple allait connaître les pires moments de son histoire. Alors qu’il ne va
rien rester de la grandeur de Jérusalem, alors que le peuple va connaître la
défaite militaire et l’exil, voici que Jérémie annonce des temps nouveaux. Voici venir des jours où je conclurai avec
la maison d’Israël et avec la maison de Judas une alliance nouvelle. Il fut
avoir connu l’anéantissement total soi-même pour comprendre l’absolue nouveauté
de cette annonce et en même temps son incongruité ! Alors qu’il ne reste
rien, comment Dieu pourrait-il proposer une alliance nouvelle ? Et comment
savoir que cette alliance sera enfin la bonne ? Car enfin, elles n’ont pas
manquée, depuis ce jour où Dieu a libéré son peuple d’Egypte, comme n’ont pas manqué
les ruptures d’alliance de la part de ce peuple à la nuque raide. L’homme
peut-il attendre quelque chose d’une nouvelle alliance ? Et plus
fondamentalement, Dieu peut-il enfin croire que l’homme va tenir sa part dans
cette alliance ? Pour le prophète, il n’est pas de doute que cette
alliance nouvelle sera la bonne, la dernière. Il reçoit de Dieu cette assurance :
je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ;
je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Avez-vous
saisi la nouveauté, garante de la permanence de cette alliance nouvelle ? La
nouveauté consiste en ceci : cette alliance ne sera plus extérieure à l’homme,
inscrite sur des tables de pierre ; elle sera intime à l’homme, inscrite
sur son cœur, c’est-à-dire dans le lieu même qui permet à l’homme de prendre
ses décisions. Inscrire la Loi de Dieu dans le cœur de l’homme, c’est y établir
concrètement sa demeure. L’homme ne pourra plus ignorer Dieu ; il ne
pourra plus s’éloigner de lui, puisque Dieu sera en lui, au plus profond de
lui. Ainsi, cette alliance sera bien définitive : tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. C’est
bien la méconnaissance de la Loi de Dieu qui a tourné le peuple vers les idoles
et qui lui a valu son anéantissement. Si chacun voit la loi de Dieu inscrite en
son cœur, il ne pourra plus l’ignorer !
Cette
alliance nouvelle, c’est bien Jésus qui la réalise pour nous. Le premier, il
avait la Loi de Dieu inscrite en lui puisqu’il est lui-même la Parole
authentique de Dieu. Mais de même que, du temps de Jérémie, il a fallu que le
peuple tout entier passe par l’abaissement de l’exil jusqu’à n’être plus rien,
il faudra que Jésus passe par l’abaissement et même l’anéantissement pour
inaugurer cette alliance nouvelle scellée dans son sang. Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais
s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Nous comprenons que le temps de la
passion est inévitable ; il va falloir que le Jésus passe la mort pour être
reconnu comme le Christ, le Messie Sauveur, y compris par et pour ceux qui l’auront
mis à mort. C’est librement qu’il va vers sa mort ; c’est librement qu’il
donne sa vie pour notre salut. Cela ne signifie pas que c’est une partie de
plaisir pour lui, mais qu’il a bien conscience qu’il n’y a qu’ainsi que l’homme
sera définitivement libéré de la mort. Il faut que Jésus affronte la mort sur
son propre terrain pour que l’homme puisse vivre, enfin ! Maintenant, mon âme est bouleversée. Que vais-je
dire ? « Père, sauve-moi de cette heure » ? Mais non, c’est
pour cela que je parvenu à cette heure-ci ! Jésus tient le salut du
monde entre ses mains ; toute sa vie est offerte pour le salut du monde. Alors
même que les forces opposées à Jésus penseront mener le monde et les
événements, c’est Jésus qui toujours mènera l’Histoire : Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai
été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes.
Cette
alliance nouvelle, nous la célébrons en chaque eucharistie. Faisant mémoire de
la mort et de la résurrection du Christ, nous sommes associés à l’unique
sacrifice du Christ et nous profitons pleinement de ces fruits de salut. Puisqu’il est avec nous comme à l’aube de Pâques,
ne manquons pas le rendez-vous du sang versé… Prenons le pain, buvons la coupe
du passage, accueillons-le qui s’est donné en nous aimant jusqu’à la fin. Amen.
(Dessin de Coolus, le Blog du Lapin bleu)
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