Il
y a, dans l’évangile de ce dimanche, une prétention exprimée par Jésus :
celle d’être le bon pasteur, le vrai
berger ! Est-ce juste une phrase en l’air ? L’expression d’une
prise de grosse tête ? Ou simplement la vérité ? Qu’est-ce qui nous
permet de dire aujourd’hui encore que Jésus, plus qu’aucun autre, est bien
celui qu’il faut suivre, celui dont il faut écouter la voix ?
Le
premier indice, c’est Jésus qui nous le donne quand il complète son affirmation :
je suis le bon pasteur, le vrai berger
qui donne sa vie pour ses brebis. Ce
n’est pas l’affirmation d’un fanfaron, mais de quelqu’un qui s’engage, corps et
âme, dans sa mission, dans la réalisation du désir de Dieu pour l’humanité. Il donne
sa vie, non par plaisir, ni pour faire l’intéressant, mais parce que c’est là
le seul chemin pour obtenir le salut de l’homme, de tout homme. Sa prétention à
être le seul à suivre et à écouter, c’est lors de son procès et sur la croix qu’elle
se vérifie paradoxalement. Dans l’acceptation de ce qui lui arrive, il montre
son amour pour tous. Dans son abandon entre les mains de son Père, il montre
son souci de tous, y compris de ce malfaiteur qui est condamné avec lui et qui
se tourne vers lui, dans leur misère partagée. Nous pouvons croire Jésus parce
qu’il ne se paie pas de mots, mais parce qu’il dit ce qu’il va faire et fait ce
qu’il a dit. Sa vie, il l’a donnée pour nous, une fois pour toutes ; la
vie en plénitude, il nous l’offre en ouvrant ses bras sur la croix. En relisant
la vie de Jésus, nous ne pouvons que comprendre que sa prétention à être le bon
pasteur n’est pas une prétention usurpée.
Après
Pâques, les disciples font d’abord l’expérience que ce Jésus, qui a donné sa
vie sur la croix, est bien vivant. Et, à partir de la Pentecôte, ils vont se
mettre à l’annoncer. Ils vont reprendre à leur compte sa prétention à être
celui qu’il faut suivre. Ainsi Pierre, dans le discours dont nous avons entendu
un extrait en première lecture, dit sans ambages : ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue
la pierre d’angle. Il dit bien que nous pouvons appuyer notre vie sur lui,
nous pouvons nous reposer sur Jésus. Et il l’affirme après avoir vu la
puissance du Ressuscité à l’œuvre, à travers lui, en faveur d’un infirme guéri.
Pierre ne reprend pas pour lui la prétention de Jésus à être le bon pasteur,
bien qu’il ait été établi pasteur du peuple par Jésus lui-même. Il redit que
seul compte Jésus ; seul peut faire des miracles la puissance de vie qui
est en Jésus, mort et ressuscité : c’est
par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a
ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant
vous, bien portant. N’est-ce pas là un second indice que Jésus disait vrai
quand il affirmait qu’il était le bon pasteur, à savoir le fait que d’autres le
reconnaissent ainsi ? Non seulement Jésus n’usurpe rien, mais d’autres
reconnaissent qu’il est toujours à l’œuvre, que c’est sa puissance de vie qui
se manifeste et que sans lui, ils ne peuvent rien. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre
nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. Jésus n’était pas
prétentieux, il disait la vérité : il est le bon pasteur, le vrai berger.
Aujourd’hui
encore, nous pouvons appuyer notre vie sur lui ; aujourd’hui encore, nous
pouvons accorder foi et confiance à sa Parole ; aujourd’hui encore, nous
pouvons suivre Jésus, sûrs qu’il nous mènera à la vraie vie, à la vie en
plénitude. Il est notre pasteur dans un monde en perte de repères ; il est
la voix qui nous révèle la vérité sur Dieu et sur nous-mêmes ; il est
toujours celui qui ne veut que notre vie pour la mettre à la taille de la vie
de Dieu même. Il est celui qui nous a dit quel
grand amour nous a donné le Père ; il est celui par qui nous sommes appelés enfants de Dieu. Avec les
Apôtres, reconnaissons que Jésus est toujours à l’œuvre ; il est et
restera le seul à pouvoir dire : je
suis le bon pasteur, le vrai berger. Il est et restera le seul qui peut
nous conduire à la vraie vie. Suivons-le !
(Dessin de Jean-François KIEFFER, Couleurs d'Evangile, éd. Siloé)