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jeudi 2 avril 2015

La Passion de notre Seigneur - Vendredi Saint 03 avril 2015

Une Alliance à peine inaugurée et déjà terminée ?




Est-ce que cela valait la peine d’inaugurer une nouvelle Alliance si c’est pour qu’elle finisse aussi vite et de manière aussi tragique ? Une croix dressée, un homme crucifié : est-ce donc tout ce qui nous est donné à voir, après les signes de l’Eucharistie et du lavement des pieds ? 
 
Devant la croix dressée, se révèle notre foi. Devant la croix dressée, tout prend sens ou tout s’écroule, selon que nous soyons capables d’interpréter les signes à la lumière des innombrables alliances que Dieu a conclues avec nous par le passé. Ce n’est pas pour rien que nous relisons le prophète Isaïe et l’annonce d’un serviteur de Dieu, serviteur souffrant, serviteur rejeté par tous, mais serviteur portant sur lui les nombreux péchés, les nombreuses souffrances de l’humanité. Déjà la théorie du bouc émissaire reprise par les autorités du Temple à la veille du procès de Jésus : il vaut mieux qu’un seul meurt pour tout le peuple, surtout si celui-là qui meurt, ce n’est pas nous. Insondable mystère d’un Dieu qui s’offre, qui offre sa vie pour racheter la nôtre. Non seulement les hommes rejettent le serviteur de Dieu, non seulement ils le condamnent, mais ils obtiennent en plus, par lui, la possibilité d’une vie marquée du sceau de l’éternité, s’ils savent lire et reconnaître le signe de la croix dressée. 
 
Comprendrons-nous jamais vraiment ce mystère de notre rédemption qui s’accomplit par la plus grande forfaiture que l’homme puisse commettre, la mort d’un innocent ? Comprendrons-nous jamais l’immense amour de Dieu pour nous qui va jusqu’à l’abaissement total, jusqu’à l’anéantissement pour que nous puissions vivre ? Il faut une vue profonde, un regard perçant, pour voir encore là, devant la croix, notre vie qui naît, notre vie qui reprend force, notre vie qui se voit offrir un nouvel avenir, une nouvelle liberté. 
 
Devant la croix, l’homme n’a, paradoxalement, plus à craindre la mort. Devant la croix, l’homme peut espérer une vie nouvelle, plus forte que la mort. Devant la croix, l’homme peut reconnaître que l’avenir s’ouvre à lui, non sans Dieu, mais avec Dieu justement, avec celui qu’il vient d’y faire mourir. Alors même que tout semble perdu, tout entre en germination. Ce corps déposé au tombeau est comme le grain semé ; il fallait qu’il meure pour que nous puissions découvrir la puissance de vie contenue en lui. 
 
Devant la croix, dressée entre terre et ciel, comme un trait d’union entre le monde des hommes et le monde de Dieu, il nous faut faire silence et accompagner tous ceux qui avaient mis leur espoir en celui qu’ils ont transpercé. Devant la croix, dressée entre terre et ciel, comme un cri lancé vers Dieu, il faut que le croyant espère en Dieu qui toujours entend le cri de notre prière. Si l’Alliance nouvelle annoncée dans le repas de l’Eucharistie est bien une Alliance éternelle, l’histoire ne peut s’achever là ; quelque chose doit arriver encore ; Dieu doit se manifester à nouveau. Jusqu’à présent, il est resté silencieux, trop silencieux. Que dira-t-il de l’homme ? Que dira-t-il de sa volonté de se débarrasser de ce fils unique devenu trop gênant ? Que dira Dieu ? Que fera Dieu ? 
 
Peut-être que tout est allé trop vite pour qu’il puisse agir ? Peut-être laisse-t-il aux hommes, à chacun de nous, le temps de réfléchir à ce que nous avons fait ? Car c’est bien nous qui l'avons conduit jusque-là ; c’est bien nous qui le re-crucifions chaque fois que nous sommes incapables de nous entendre, chaque fois que nous laissons le péché dominer notre vie, chaque fois que nous écrasons le petit et le faible, chaque fois que nous décidons que notre vie, c’est bien mieux sans Dieu. 
 
Hier au soir, nous ont été donnés deux signes : le pain et le vin  à partager en mémoire du Christ et le lavement des pieds comme un appel à servir sans cesse. Aujourd’hui, c’est une croix dressée et un tombeau dans lequel repose le corps du Seigneur qui sont mis devant nos yeux. Les rangerons-nous au rayon de nos désillusions ou les ferons-nous vivre ? Profitons du silence de ce vendredi pour y réfléchir, et peut-être qu’un miracle sera possible ! Qui sait si Dieu ne se manifestera pas encore ? Qui sait s’il n’a pas entendu ce cri lancé vers lui par la croix dressée ? Qui sait ? Peut-être que cette Alliance inaugurée la nuit passée et qui semble réduite à néant aujourd’hui, peut-être qu’elle est vraiment faite pour durer. Quelque chose aurait pu nous échapper. Si nous croyons que Dieu s’est engagé par ces signes, pourquoi ne pas faire nôtre la prière du psalmiste : soyons forts, prenons  courage, nous tous qui espérons le Seigneur. Celui qui n’a rien dit durant le procès a peut-être encore son mot à dire. Amen.

(Station du Chemin de Croix de l'église de Krautergersheim - Alsace)

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