Rio a beau être éloigné, nul n’ignore que
s’y déroulent en ce moment les jeux olympiques d’été. Peut-être y a-t-il même
parmi vous des veilleurs, attendant avant impatience la retransmission en
direct des épreuves auxquelles participent vos champions favoris. Si j’en parle
ce matin, c’est parce que l’auteur de la lettre aux Hébreux utilise l’image du
sport pour nous inviter à renouveler notre vie de foi. Nous pourrions, en cette
année olympique, décider de vivre quelque chose de l’esprit de ces jeux, non pas
pour nous opposer les uns aux autres, ni même mesurer notre foi, mais pour
vivre notre foi comme une grande épreuve, une course d’endurance, ou une
épreuve de lutte pour reprendre la lettre aux Hébreux.
Les sportifs, j’entends par là ceux qui ne
se contentent pas de transpirer devant un écran ou dans les gradins d’un stade,
les sportifs pratiquants donc, savent que nul ne devient champion sans effort. Il
faut bien du travail, de la persévérance, de l’abnégation et une dose de
sacrifice pour arriver à se dépasser, pour être le meilleur. Le sport a cette
capacité de nous pousser dans nos retranchements, de nous faire dépasser nos
limites, pour aller plus vite, plus haut, et être le plus fort, selon la devise
des jeux olympiques modernes : Citius, Altius, Fortius. Cette devise n’est
d’ailleurs pas de Pierre de Coubertin, mais de son ami et conseiller Henri
DIDON, prêtre dominicain, proviseur d’un lycée catholique. Il l’a fait broder
sur le drapeau de son école pour encourager ses élèves à se dépasser à l’occasion
de rencontres sportives qui opposaient les élèves du lycée catholique à des
élèves des lycées publics. Ces trois mots : Citius, Altius, Fortius, sont
une invitation à donner le meilleur de
soi-même et vivre ce dépassement comme une victoire. Il ne s’agit pas d’être
le premier toujours, mais bien de cheminer
vers ses limites et tendre vers l’excellence (Wikipédia). Une attitude que
ne renierait en rien l’auteur de la lettre aux Hébreux.
Débarrassés
de ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –,
courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus.
Tout
est là : citius : courons ; altius : débarrassés de ce qui
nous alourdit ; fortius : avec endurance. Mais l’épreuve dont il
parle n’est pas une course dans un stade, c’est l’épreuve de la foi. Citius :
aller plus vite, courir vers le Christ, parce qu’il y a urgence à se convertir,
urgence à faire le choix du Christ ; Jésus nous le rappelle lui-même dans
l’évangile. Il exprime bien son impatience à voir se réaliser le salut de tous :
Je suis venu apporter un feu sur la
terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Altius : comment nous élever vers Dieu si
le péché nous retient au sol, plongés dans notre fange ? Il nous faut
viser plus haut, porter notre regard au-delà de nos envies terrestres, pour
nous élever vers la volonté de Dieu pour nous. Il faut faire fondre la graisse
de nos péchés mignons et garder nos yeux
fixés sur Jésus, lui qui a été élevé sur la croix pour nous conduire à Dieu.
Si nous ne gardons pas en ligne de mire Jésus, mort et ressuscité, qui siège à la droite du trône de Dieu, nous
nous effondrerons lamentablement. Oui, notre regard doit être levé vers le Christ,
levé vers ces réalités d’en-haut auxquelles nous sommes destinés. Fortius :
être toujours plus forts, ne pas se relâcher. Nous savons bien que, dans la vie
de foi, si on s’installe, on retombe. La lutte
contre le péché n’est jamais finie. Si nous ne sommes pas attentifs, si
nous ne sommes pas comme l’homme fort dont parle Jésus dans une de ses
paraboles, l’adversaire survient et envahit notre maison. Nous devons vivre
dans la force de Dieu, la force de l’Esprit Saint, pour vaincre dans ce combat
spirituel.
A ceux qui se décourageraient en chemin, trouvant
qu’aller plus vite, plus haut et être toujours plus fort, c’est irraisonnable, je
voudrais rappeler cette autre devise olympique qui n’est pas non plus de Pierre
de Coubertin, mais d’Ethelbert TALBOT, évêque de Pennsylvanie : l’essentiel n’est pas de gagner mais de
participer. Il a utilisé cette formule dans son homélie lors de la messe
olympique des jeux de Londres en 1908 (Wikipédia). C’est une autre belle devise
pour ceux qui s’engagent dans une vie spirituelle, parce qu’elle nous rappelle
que la victoire, c’est le Christ seul qui nous l’obtient. Mais nous devons
participer à sa vie, participer à la lutte contre le Mal, dès ici et
maintenant. Et lorsque nous tombons, eh bien nous nous relevons, et nous
recommençons à aller plus vite, plus haut, plus fort, participant encore et
toujours à la vie du Christ, l’essentiel de notre existence, lui qui est à l’origine et au terme de la foi. En
cet été olympique, engageons-nous dans une olympiade de la foi, non pour gagner
une médaille, mais la vie éternelle. Amen.
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