Certains pourront
s’offusquer de la teneur des textes de ce dimanche ; d’autres les
trouveront bien « cathos ». Cette insistance sur l’humilité, sur la
dernière place, qu’aucune tête ne dépasse : voilà bien un discours qui
peut agacer. Pourtant, à y regarder de près, voici que se révèlent une notion
tout à fait essentielle à qui veut suivre le Christ et témoigner de lui :
celle de la cohérence de vie.
Les textes de ce
dimanche nous rappellent que la foi, ce n’est pas une grande idée, ni un sujet
de discussion pour gens sérieux. La foi est d’abord un art de vivre. Que ce
soit par Ben Sirac dans la première lecture ou par Jésus dans l’Evangile, nous
sommes provoqués à réfléchir à notre manière de vivre, car notre manière de
vivre révèle notre foi. C’est une constante dans la Bible. Même Paul, qui par
ailleurs insiste tant sur la grâce, nous rappelle en certaines de ses lettres,
que notre foi se traduit dans des gestes et des attitudes au quotidien. Un geste,
une attitude valent souvent mieux que mille paroles. Les textes de ce dimanche
nous rappellent que la foi, ça se vit !
Les conseils de
Ben Sirac, s’ils peuvent paraître d’un autre temps, n’en sont pourtant pas
moins bien utiles. Il nous redit simplement qu’avec un peu d’humilité, les
choses se passent souvent mieux. Il est surprenant que l’homme repère très
rapidement l’orgueil de son voisin, mais presque jamais le sien. Le voisin sera
fanfaron, là où lui ne fera que mettre en avant ses grandes qualités. S’il est
juste et bon de se connaître, dans ses forces et ses faiblesses, il n’est nul
besoin d’en faire l’étalage, encore moins d’en profiter pour écraser l’autre. La
seule grandeur à louer est celle de Dieu qui surpasse tout chose et tout homme.
Mais pour chanter la grandeur du Seigneur, il faut justement savoir rester à sa
place, reconnaître que je ne suis pas Dieu. Dieu seul mérite louange et gloire !
Le conseil de Jésus
dans l’Evangile est sans doute celui que beaucoup comprennent bien mais
appliquent mal. Quand il s’agit de se réunir entre croyants le dimanche,
beaucoup choisissent encore la dernière place, comme s’ils osaient à peine
entrer dans une église. Le fond d’une église est toujours plus garni que l’avant.
Mais ce n’est pas cela que visait Jésus, mais bien une attitude fondamentale au
quotidien. Celle qui consiste à choisir volontairement la dernière place, celle
du service, celle du sans grade. L’honneur ne vient pas de la place que je
choisis, mais de la place que je reçois : Mon ami, avance plus haut. Avec Jésus, ce n’est pas la peine de
jouer des coudes, mais bien de se laisser rejoindre par Dieu lui-même, et de
progresser avec lui. Quiconque s’élève
sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. On pourrait alors traduire
cet art de vivre chrétien ainsi : sois à la place où Dieu te veut. Qu’importe
qu’elle soit importante aux yeux des hommes ; ce qui compte, c’est qu’elle
soit grande aux yeux de Dieu et que tu sois là où il te veut, car là tu seras
utile, là tu seras heureux.
L’art de vivre que
Jésus nous propose, en cohérence avec notre foi, c’est de croire finalement que
Dieu sait ce qui est bon pour nous, ce qu’il nous faut à tel moment de notre
vie, et qu’il nous le donne. Ainsi, même un temps d’épreuve pourra être vécu comme
un temps favorable pour nous ajuster davantage à la volonté de Dieu. Avec le
psalmiste, nous reconnaîtrons que Dieu veille sur nous, toujours. Avec l’Eglise,
nous pourrons prier encore comme nous l’avons fait au début de notre
eucharistie : resserre nos liens
avec toi, pour développer ce qui est bon en nous ; veille sur nous avec
sollicitude, pour protéger ce que tu as fait grandir. Amen.
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