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Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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samedi 19 novembre 2016

Fête du Christ, Roi de l'univers C - 20 novembre 2016

Make human great again !





« Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Cette invective adressée au Christ crucifié annonce déjà ces nombreuses expressions du doute moderne, formulé ainsi : « Si Dieu existait vraiment, il n’y aurait pas tant de choses horribles dans notre monde ! » Pourtant, cette parole adressée au Crucifié dit à la fois toute la complexité du mystère de Dieu révélé en Jésus Christ et la difficulté de l’homme à adhérer à ce mystère. Ce que l’homme ne comprend pas est, hélas, souvent taxé d’irréel, d’inexistant !
 
A l’époque de Jésus, le peuple juif attendait un messie, un roi qui enfin rendrait à Israël son indépendance perdue il y a longtemps. A l’époque de Jésus, nombreux étaient ceux et celles qui croyaient que Jésus serait cet homme qui rendrait sa fierté et son orgueil à ceux qui furent jadis - au temps de David et de Salomon - un grand peuple (Make Israel great again !). A l’époque de Jésus, nombreux étaient également ceux et celles qui furent déçus par le refus de l’engagement politique de Jésus et qui le sanctionnèrent en réclamant sa mort en croix. S’il ne veut pas nous libérer comme nous le voulons, au moins ne nous dérangera-t-il plus ! Ont-ils seulement compris que c’est en agissant ainsi qu’ils donneraient au Christ la possibilité d’exprimer sa toute-puissance ? 
 
Aujourd’hui, nombreux sont ceux et celles qui attendent quelqu’un qui donne du sens à leur vie. Aujourd’hui, nombreux sont ceux et celles qui se soumettent à un gourou, pensant ainsi échapper à l’emprise du monde sur leur vie. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes attendent quelqu’un qui leur rendre leur fierté, voire leur orgueil. N’avons-nous pas vu aux Etats-Unis un président élu sous le seul slogan : Make America great again ? N’est-ce pas ce qu’attendant, pour la France, nombre de nos concitoyens à l’approche des élections présidentielles ? 
 
En ce jour où nous célébrons le Christ Roi de l’univers, nous sommes invités à redire notre foi en Celui qui a tout donné par amour pour l’homme et à redécouvrir que le Christ est venu dans le monde pour porter toutes les croix du genre humain et libérer, de manière définitive, l’humanité de tout ce qui l’empêche de vivre, de croire et d’espérer un monde meilleur. Si la liturgie nous fait méditer l’évangile de la crucifixion, c’est bien pour nous rappeler que c’est dans cet acte insensé que Jésus révèle sa véritable royauté, son véritable pouvoir sur le monde. C’est dans l’absolu dénuement, dans l’absolue injustice, dans l’absolu abaissement que Dieu peut montrer son absolue puissance, son absolue maîtrise des événements, son absolue volonté que l’homme vive, vive libéré de toute peur, vive libéré de toute souffrance, vive libéré de tout péché. Il fallait, oui, il fallait que Dieu accepte d’aller jusqu’au bout de l’aventure humaine, jusqu’au bout extrême de la souffrance humaine pour dire que désormais, cela n’arrivera plus, désormais Dieu sera avec chaque homme qui lutte, qui souffre, qui doute, qui hurle sa misère et qui attend un signe, qui attend un Sauveur. Seul un Dieu crucifié pouvait libérer un homme crucifié par tant de souffrances, tant d’injustices, tant de regards moqueurs, tant d’exclusions. Avec Jésus crucifié, Dieu prend définitivement le parti de l’homme affaibli, de l’homme rejeté, de l’homme calomnié. Sur la croix, Jésus a le choix entre se sauver lui-même, comme le lui conseille les moqueurs, ou sauver tout homme, tout l’homme, en prenant cette dernière place que personne ne veut, cette place où il est exposé, humilié au vu et au su de tous. 
 
Oui, c’est cet homme bafoué, suspendu au gibet qui devient le salut et l’espoir de la multitude. Incroyable sagesse de Dieu, folie aux yeux de l’homme, qui nous vaut aujourd’hui de reconnaître la toute-puissante royauté du Crucifié. L’instrument de honte qu’était la croix devient le signe de notre salut, de notre fierté. Ce n’est que l’aboutissement logique de toute une vie entièrement donnée aux petits et aux exclus. De la crèche à la croix, jamais cet homme n’aura cessé de proclamer sa solidarité avec tous les hommes. De la crèche à la croix, jamais quelqu’un ne l’aura détourné de sa mission première : rendre à tout homme sa dignité d’enfant de Dieu, de fils du Père éternel. Là réside sa royauté, là se trouve notre salut à tous. Parce qu’à la différence des politiques, il ne cherche pas à favoriser un pays, un clan, une tribu, mais tous les hommes ; avec le Christ, un seul slogan : make human great again ! 
 
Parce que le Christ aura été au bout de la misère humaine, tout homme – quelle que soit sa souffrance – peut se tourner vers lui et le voir partager cette souffrance pour mieux la crucifier et ainsi mieux le libérer. Désormais, chacun peut dire du plus profond de sa nuit : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi ! et s’entendre répondre : Vraiment, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. AMEN.

(Le Calvaire, Huile sur bois d'Andrea Mantegna, 1457-1459, Musée du Louvre, Paris)

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