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samedi 4 mars 2017

01er dimanche de Carême A - 05 mars 2017

Leurs yeux s'ouvrirent et ils se rendirent compte qu'ils étaient nus !





Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus ! Il y a quelque chose de dramatique dans cette affirmation du Livre de la Genèse, parce que rien ne préparait nos premiers parents à une telle découverte. Ils ont posé un choix, contraire à la parole reçue de Dieu, et les voilà nus, dépossédés de cette parole qui les a fait vivre. Ils ont posé un choix, contraire à la parole reçue de Dieu et plus rien n’est comme avant. Il faudra maintenant vivre avec ça : par un seul homme, le péché est entré dans le monde ; à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne. S’ils avaient pu prévoir, s’ils avaient pu savoir, auraient-ils écouté une autre voix ? Auraient-ils prêté attention à la voix du serpent qui travestit la voix de Dieu ? Il est trop tard pour s’apitoyer, trop tard pour faire de la théologie fiction : l’événement a eu lieu. Il n’est plus temps de deviser sur le passé. On peut le regretter, mais il nous faut vivre avec ce choix primordial et ses conséquences. 
 
N’en est-il pas ainsi pour nous, chaque jour : confrontés à la vie quelquefois rude, toujours pressés, nous n’avons pas toujours le temps de réfléchir, pas toujours le temps de mesurer toutes les conséquences de nos décisions. Et il nous faut vivre avec ! Le temps du Carême où nous sommes voudrait nous permettre une prise de recul pour évaluer les choix que nous avons fait et éventuellement redresser la barre si cela est possible. Là où nos premiers parents se rendaient compte qu’ils étaient nus sans savoir comment poursuivre, il nous est possible de changer : en effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. Nous mesurons pleinement, en méditant ce passage de l’épître aux Romains, combien l’œuvre du Christ est fondamentale pour nous, pour notre salut. Nous mesurons combien son comportement face à la tentation est riche d’enseignement. Après quarante jours de jeûne, affamé, épuisé, il est confronté au Mauvais, au serpent, à celui qui veut travestir encore une fois la Parole de Dieu, et qui ne se gène pas pour le faire. Mais malgré sa fatigue, Jésus tient tête, grâce à cette même parole : il est écrit, il est encore écrit, car il est écrit ! Il semble tellement facile à l’Adversaire de citer la Parole de Dieu pour induire en erreur, qu’il faut toute l’attention du Fils unique pour ne pas se tromper quant à la Parole authentique de son Père. C’est bien cette parole du Père qui tient le Diviseur à distance. Lorsque nous sommes sûrs de Dieu, confiants en sa Parole, rien ne saurait nous ébranler ! Le temps du Carême est un temps favorable pour revenir à l’authenticité de la Parole et pour redécouvrir sa puissance à l’œuvre dans nos vies. Avec elle, nous pouvons faire les bons choix. Avec elle, nous ne nous trompons pas ! 
 
Alors leurs yeux s’ouvrirent ! Nous pouvons profiter de ce carême pour vivre la même expérience : ouvrir les yeux sur notre vie. Non pas pour nous désespérer ; non pas pour nous condamner ; mais ouvrir les yeux pour nous sauver avec l’aide du Christ. C’est ce que propose l’Eglise lorsqu’elle invite à la célébration de la pénitence et de la réconciliation.  Aidés de la Parole de Dieu qui nous invite à une vie plus belle, nous pouvons regarder notre vie, en découvrir nos faiblesses et décider de changer. Là où l’Adversaire avait réussi à déstabiliser nos premiers parents, l’Eglise nous propose de réentendre la Parole de Dieu vraie pour nous aider à nous libérer du Mal qui ronge notre cœur. Prendre le temps du Carême pour relire à frais nouveaux la Parole de Dieu nous aidera à accueillir la parole de paix et de pardon que Dieu veut prononcer pour nous. Et nous aussi, nous verrons que nous sommes nus ! 
 
Nus parce que éloignés de Dieu, nus parce que rongés par le remord, nus parce que nous avons défiguré en nous l’image de Dieu. Mais nous rendant compte de cela, nous pourrons aussi espérer. Espérer en Christ, plus fort que le Tentateur ; espérer en Christ qui a livré sa vie par amour de nous ; espérer en Christ qui nous vaut d’être à nouveau des justes par sa seule obéissance à Dieu. La célébration du sacrement de la pénitence et de la réconciliation ne nous enferme pas dans notre mal : elle nous en libère. Nus comme nos premiers parents après avoir ouverts les yeux sur la réalité de notre existence, nous pouvons revêtir le Christ comme au jour de notre baptême. Il nous habille de son innocence ; il nous habille de sa proximité de Dieu ; il nous habille de son amour ; il nous habille de son pardon obtenu au prix de son sang. 
 
Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus ! Par l’œuvre de salut opérée par le Christ, ce qui était un drame pour nos premiers parents devient pour nous source d’espérance. Heureuse faute de l’homme qui valut au monde un tel Sauveur ! Ou comme il est écrit encore : là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ! Dieu nous aime tellement qu’il n’y a pas de péché assez grand pour nous couper de son amour. Plus nous nous éloignons de Dieu, plus il nous aime, plus il veut nous faire sentir son amour. Puissions-nous ouvrir les yeux et nous rendre compte que sans lui, nous sommes nus ; par le pardon offert sacramentellement par l’Eglise, il nous vêtira des vêtements du salut. Durant ce carême, faisons le choix de révéler à Dieu notre nudité, laissons-le nous envelopper de son amour. Amen.

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