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dimanche 17 septembre 2017

24ème dimanche ordinaire A - 17 septembre 2017

Et pourtant, il faudra bien lui pardonner si nous voulons être pardonnés !






Franchement, y a-t-il quelqu’un pour l’aimer, cet homme à qui un roi remet une fortune seulement parce qu’il aura supplié un peu ? Enfin pourquoi est-ce à lui que cela arrive et pas à nous ? Vraiment, nous ne l’aimons définitivement pas. D’ailleurs, nous pensons tous qu’il l’aura bien cherché et l’aura bien mérité sa punition lorsque Jésus arrive à la fin de sa parabole. C’est justice qu’il soit livré au bourreau jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé. Où irions-nous si des hommes comme lui n’étaient jamais punis ? Cela lui apprendra à ne pas faire bénéficier les autres d’un peu de la chance qu’il aura eu. Non mais ! 
 
Il est juste, ce roi qui condamne : c’est ce que nous pensons tous lorsque Jésus termine sa parabole. Dans un monde dur, il se préoccupe du petit, de celui qui est exploité. Il remet un peu d’équité et un peu d’éthique dans un monde de brut. C’est si rare dans le monde des grands. Et on se met à rêver : nous en voudrions un, fait dans le même moule, pour nous gouverner et remettre un peu de bon sens dans un monde qui s’affole. Mais est-il vraiment juste ce roi ? Au début de la parabole, il veut régler ses comptes avec ses serviteurs (pas très engageant) ; puis il ordonne que cet homme soit vendu avec sa femme et ses enfants et tous ces biens (pas très catholique comme comportement), avant de finalement de se reprendre et de remettre la dette (c’est mieux). Mais au final, c’est la colère qui revient et il règle ses comptes avec cet homme avec sévérité. Sommes-nous sûrs de vouloir d’une girouette qui commence par remettre une dette et qui revient ensuite sur sa parole ? Bon, dans la parabole, cela semblait évident qu’il fallait agir ainsi, mais que serait notre monde si ceux qui le gouvernent se laissent aller à la colère et remettent sans cesse en cause leur décision ? Non, cela ne fait pas très sérieux ; cela semble même dangereux. Il faut quelqu’un qui soit sûr de lui, qui décide et qui se tienne à ce qu’il a décidé. Pas quelqu’un qui se laisse gouverner par ses sentiments ! Non mais ! 
 
Maintenant que la parabole est démontée, que reste-t-il ? Qu’en tirons-nous ? Car enfin, quand Jésus raconte une parabole, c’est toujours pour nous édifier. Et là, j’avoue qu’il m’inquiète davantage qu’il ne m’édifie. Ai-je envie que Dieu soit comme ce roi ? Oui, si je suis le petit exploité, celui que personne n’écoute. Non, si je me rends compte que je pourrais quelquefois être comme cet homme qui a du mal à remettre les dettes aux autres. Je sais qu’il y a des personnes que je n’aime pas et que j’ai donc du mal à pardonner. Je connais mes limites. J’ai beau savoir l’immense amour de Dieu pour moi, j’ai beau savoir sa miséricorde sans limite, je sais que je ne suis pas toujours à la hauteur ni de cet amour, ni de cette miséricorde. Suis-je donc d’avance condamné ? 
 
La parabole a été racontée par Jésus en réponse à une question sur le pardon : Lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? La réponse de Jésus est sans appel : il faut toujours pardonner sous peine d’être traité par Dieu comme cet homme à qui une grande somme a été remise et qui se montre incapable de remettre une peccadille. La justice de Dieu est proportionnelle à notre propre justice. Nous aurons toujours plus à nous faire pardonner par Dieu que ce que les hommes auraient à se faire pardonner par nous. Si nous voulons être pardonnés, nous devons pardonner. Dieu nous pardonne parce qu’il nous aime ; nous devons pardonner, non parce que nous aimons, mais parce que nous sommes aimés infiniment. L’amour que Dieu nous porte doit rejaillir en pardon pour les autres ou il n’y aura pas de place pour nous dans le Royaume. La miséricorde que Dieu nous accorde doit rejaillir sur les autres ou il n’y aura pas de place pour nous dans le Royaume. Rappelons-nous les paroles du Sage de la Première Alliance : Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? 
 
Entendant Ben Sirac le Sage, il me vient alors une question : cet homme de la parabole que nous n’aimons pas beaucoup, faudra-t-il lui pardonner aussi ? La sentence prononcée laisse entrevoir une espérance : le maître le livra au bourreau jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. Cela laisse entendre, me semble-t-il, qu’une fois la chose faite et l’argent remboursé, il faudra bien lui pardonner. La justice n’annule pas le besoin de pardon. Et le pardon ne suppose pas qu’il faille aimer la personne d’abord. Mais le pardon donné peut entraîner l’amour à sa suite. N’attendons pas d’aimer pour pardonner, mais pardonnons pour apprendre à aimer. Si nous vivons de l’amour que Dieu nous porte, nous apprendrons de lui le pardon. Le psalmiste nous l’a fait chanter : le Seigneur n’est pas pour toujours en procès, [il]ne maintient pas sans fin ses reproches, car il est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Apprenons cela de lui, pour vivre avec lui pour toute éternité. Amen.

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