Voici son commandement :
mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. C’est le verset qui est mis
en exergue dans le lectionnaire de ce jour. Il nous indique ce qui est
fondamental, ce qui est à retenir de l’extrait de la première lettre de Jean
que nous avons entendu. Ce passage approfondit celui que nous avions entendu au
deuxième dimanche de Pâques, tout en nous faisant faire un pas de plus. Jusqu’à
présent, nous pourrions dire que la liturgie nous a fait méditer, à partir de
cette lettre de Jean, ce que Dieu avait fait pour l’homme. Désormais, elle nous
invite à mesurer le chemin que nous avons à accomplir pour répondre à ce Dieu qui
nous aime. Le verset mis en avant dans le lectionnaire nous dit finalement ce
qu’est un disciple de Jésus.
Premier élément de réponse : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ.
Le disciple véritable croit en Jésus Christ ! Il ne s’agit donc pas de
croire en un Dieu quelconque, ni de croire simplement « qu’il y a quelque
chose ou quelqu’un » de plus grand que l’homme. Nous ne croyons pas davantage
en la destinée, ni en des forces surnaturelles ou que sais-je encore. Non, notre
foi, c’est Jésus, et Jésus Christ ! C’est-à-dire celui qui a livré sa vie
sur la croix et que Dieu a ressuscité des morts. C’est in-con-tour-nable !
Ce n’est donc même pas seulement croire qu’un homme, appelé Jésus, a vécu en
Judée au temps de l’empereur Auguste, quand Hérode y était roi. Il ne s’agit
pas de croire en l’existence historique d’un certain Jésus, originaire de
Nazareth, dont le père était Joseph, charpentier de son état, et dont le nom de
la mère était Marie, et qui est mort en croix entouré de deux malfaiteurs parce
qu’il dérangeait les bien-pensants de son époque. Il faut largement dépasser
ces données historiques pour affirmer que ce même Jésus, dont nous savons des
choses au point de vue historique, que ce Jésus donc est mort et ressuscité, qu’il
est celui que Dieu a envoyé dans le monde pour réconcilier les hommes avec lui
et leur ouvrir la vie même de Dieu. Jésus est désormais celui qui rétablit l’homme
dans sa dignité première d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, libéré
du péché et de la mort. L’homme est donc bien sauvé par la grâce du sacrifice
du Fils unique de Dieu, Jésus, le Christ, notre Sauveur et notre Seigneur. C’est
croire tout cela qui revient à croire en Jésus, le Christ. Il n’est pas un sage
à la manière de Confucius ou de Bouddha ! Il n’est pas un grand homme à la
manière de certains philosophes ou de certains généraux. Il est Dieu, né de Dieu,
comme nous le confessons dans le symbole de Nicée-Constantinople. C’est en
croyant cela, en découvrant cet amour gratuit de Dieu manifesté à nous en Jésus
Christ, que nous découvrons que Dieu est
plus grand que notre cœur. Nous n’avons pas à le craindre ; nous n’avons
pas à chercher à nous débarrasser de lui parce qu’il menacerait notre liberté
humaine ; il est celui qui nous donne la paix profonde dont notre cœur a
besoin pour ne pas se morfondre et ne pas désespérer de nous et de l’humanité. Il
est Dieu plus grand que notre cœur, il
est Dieu qui nous donne ce que nous lui demandons. Il est comme un Père qui
veille avec amour sur ses enfants.
Deuxième élément de réponse à la question :
c’est quoi un disciple de Jésus Christ ? C’est quelqu’un qui aime les autres, réellement. Jean précise
même : n’aimons pas en paroles ni
par des discours, mais par des actes et en vérité. Il ne s’agit pas d’avoir
l’amour au bout de la langue jour et nuit, mais au bout des doigts. Ce que nous
ferons au nom de l’amour aura plus de poids que ce que nous prêcherons au nom
de l’amour. Là encore, l’ancienne traduction liturgique était, à mon sens plus
impérative que l’impératif négatif qu’utilise la traduction actuelle : je
crains que n’aimons pas en paroles ni en
discours n’appauvrisse grandement le nous
devons aimer que nous entendions auparavant. Quand j’entends n’aimons pas en paroles ni en discours,
j’entends inconsciemment un : si vous le voulez bien. Nous devons aimer avait quelque chose d’incontournable. Il n’y avait
pas le choix. Tu n’aimes pas si tu veux ; tu n’aimes pas si tu as envie ;
non, tu dois aimer, quelles que soit les circonstances et les personnes. C’est
la marque visible du croyant Que voulez-vous ? Etant aimé de Dieu d’un
amour qui est allé jusqu’au sacrifice du Christ, comment aimer moins ?
Comment ne pas, à notre tour, tout donner en amour, par amour ? Le Christ,
sur la croix, n’a pas choisi ceux pour qui il donnait sa vie : il l’a
donné pour tous : pour tous les hommes qui vivaient à son époque ;
pour tous les hommes qui ont vécu avant lui et qui étaient retenus dans les
liens de la mort ; et pour tous les hommes qui suivraient, à travers le
temps et l’histoire, jusqu’à ce qu’il revienne dans la gloire. Si dans mon cœur,
je confesse Jésus comme Christ et Seigneur, alors tout mon être, tous mes actes
doivent traduire, rendre visible cet amour aux autres. Et je ne rends mon amour
pour Dieu visible aux autres que par l’amour que je leur porte au nom de Dieu qui
m’aime et que j’aime. Vous pourrez tourner ceci dans n’importe quel sens, vous
aboutirez toujours à cette unique conclusion : si nous aimons Dieu comme
lui nous a aimés, alors nous devons nous
aimer les uns les autres. Il n’y a pas de mystère, il n’y a pas de secret :
tout est là, dans l’amour réciproque. Croire en Jésus Christ, c’est aimer les
autres, car c’est en aimant les autres que nous accueillons l’amour que le Christ
nous porte et que nous en témoignons. Hors de l’amour, pas de salut !
Voici son
commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer
les uns les autres. Il n’y a
rien à ajouter ; il n’y a rien à retrancher. Faisons ainsi et nous serons
vraiment disciples de Celui qui a donné sa vie pour nous. Faisons ainsi et nous
aurons de l’assurance devant Dieu. Faisons
ainsi et nous aurons la vie éternelle en partage. Amen.
(Dessin de M. Leiterer)