Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 avril 2018

05ème dimanche de Pâques B - 29 avril 2018

Être disciple, c'est quoi ?





           Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. C’est le verset qui est mis en exergue dans le lectionnaire de ce jour. Il nous indique ce qui est fondamental, ce qui est à retenir de l’extrait de la première lettre de Jean que nous avons entendu. Ce passage approfondit celui que nous avions entendu au deuxième dimanche de Pâques, tout en nous faisant faire un pas de plus. Jusqu’à présent, nous pourrions dire que la liturgie nous a fait méditer, à partir de cette lettre de Jean, ce que Dieu avait fait pour l’homme. Désormais, elle nous invite à mesurer le chemin que nous avons à accomplir pour répondre à ce Dieu qui nous aime. Le verset mis en avant dans le lectionnaire nous dit finalement ce qu’est un disciple de Jésus.

            Premier élément de réponse : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ. Le disciple véritable croit en Jésus Christ ! Il ne s’agit donc pas de croire en un Dieu quelconque, ni de croire simplement « qu’il y a quelque chose ou quelqu’un » de plus grand que l’homme. Nous ne croyons pas davantage en la destinée, ni en des forces surnaturelles ou que sais-je encore. Non, notre foi, c’est Jésus, et Jésus Christ ! C’est-à-dire celui qui a livré sa vie sur la croix et que Dieu a ressuscité des morts. C’est in-con-tour-nable ! Ce n’est donc même pas seulement croire qu’un homme, appelé Jésus, a vécu en Judée au temps de l’empereur Auguste, quand Hérode y était roi. Il ne s’agit pas de croire en l’existence historique d’un certain Jésus, originaire de Nazareth, dont le père était Joseph, charpentier de son état, et dont le nom de la mère était Marie, et qui est mort en croix entouré de deux malfaiteurs parce qu’il dérangeait les bien-pensants de son époque. Il faut largement dépasser ces données historiques pour affirmer que ce même Jésus, dont nous savons des choses au point de vue historique, que ce Jésus donc est mort et ressuscité, qu’il est celui que Dieu a envoyé dans le monde pour réconcilier les hommes avec lui et leur ouvrir la vie même de Dieu. Jésus est désormais celui qui rétablit l’homme dans sa dignité première d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, libéré du péché et de la mort. L’homme est donc bien sauvé par la grâce du sacrifice du Fils unique de Dieu, Jésus, le Christ, notre Sauveur et notre Seigneur. C’est croire tout cela qui revient à croire en Jésus, le Christ. Il n’est pas un sage à la manière de Confucius ou de Bouddha ! Il n’est pas un grand homme à la manière de certains philosophes ou de certains généraux. Il est Dieu, né de Dieu, comme nous le confessons dans le symbole de Nicée-Constantinople. C’est en croyant cela, en découvrant cet amour gratuit de Dieu manifesté à nous en Jésus Christ, que nous découvrons que Dieu est plus grand que notre cœur. Nous n’avons pas à le craindre ; nous n’avons pas à chercher à nous débarrasser de lui parce qu’il menacerait notre liberté humaine ; il est celui qui nous donne la paix profonde dont notre cœur a besoin pour ne pas se morfondre et ne pas désespérer de nous et de l’humanité. Il est Dieu plus grand que notre cœur, il est Dieu qui nous donne ce que nous lui demandons. Il est comme un Père qui veille avec amour sur ses enfants. 

Deuxième élément de réponse à la question : c’est quoi un disciple de Jésus Christ ? C’est quelqu’un qui aime les autres, réellement. Jean précise même : n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Il ne s’agit pas d’avoir l’amour au bout de la langue jour et nuit, mais au bout des doigts. Ce que nous ferons au nom de l’amour aura plus de poids que ce que nous prêcherons au nom de l’amour. Là encore, l’ancienne traduction liturgique était, à mon sens plus impérative que l’impératif négatif qu’utilise la traduction actuelle : je crains que n’aimons pas en paroles ni en discours n’appauvrisse grandement le nous devons aimer que nous entendions auparavant. Quand j’entends n’aimons pas en paroles ni en discours, j’entends inconsciemment un : si vous le voulez bien. Nous devons aimer avait quelque chose d’incontournable. Il n’y avait pas le choix. Tu n’aimes pas si tu veux ; tu n’aimes pas si tu as envie ; non, tu dois aimer, quelles que soit les circonstances et les personnes. C’est la marque visible du croyant Que voulez-vous ? Etant aimé de Dieu d’un amour qui est allé jusqu’au sacrifice du Christ, comment aimer moins ? Comment ne pas, à notre tour, tout donner en amour, par amour ? Le Christ, sur la croix, n’a pas choisi ceux pour qui il donnait sa vie : il l’a donné pour tous : pour tous les hommes qui vivaient à son époque ; pour tous les hommes qui ont vécu avant lui et qui étaient retenus dans les liens de la mort ; et pour tous les hommes qui suivraient, à travers le temps et l’histoire, jusqu’à ce qu’il revienne dans la gloire. Si dans mon cœur, je confesse Jésus comme Christ et Seigneur, alors tout mon être, tous mes actes doivent traduire, rendre visible cet amour aux autres. Et je ne rends mon amour pour Dieu visible aux autres que par l’amour que je leur porte au nom de Dieu qui m’aime et que j’aime. Vous pourrez tourner ceci dans n’importe quel sens, vous aboutirez toujours à cette unique conclusion : si nous aimons Dieu comme lui nous a aimés, alors nous devons nous aimer les uns les autres. Il n’y a pas de mystère, il n’y a pas de secret : tout est là, dans l’amour réciproque. Croire en Jésus Christ, c’est aimer les autres, car c’est en aimant les autres que nous accueillons l’amour que le Christ nous porte et que nous en témoignons. Hors de l’amour, pas de salut ! 

Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. Il n’y a rien à ajouter ; il n’y a rien à retrancher. Faisons ainsi et nous serons vraiment disciples de Celui qui a donné sa vie pour nous. Faisons ainsi et nous aurons de l’assurance devant Dieu. Faisons ainsi et nous aurons la vie éternelle en partage. Amen.

(Dessin de M. Leiterer)

samedi 21 avril 2018

04ème dimanche de Pâques B - 22 avril 2018

Nous sommes enfants de Dieu !






         Chaque année, au quatrième dimanche de Pâques, l’Eglise nous invite à prier pour les vocations. Nos communautés sont invitées à se tourner vers Dieu pour lui demander les prêtres, les religieux et les religieuses dont elles ont besoins. Cette journée devrait être l’occasion, dans nos familles, d’oser la question : et toi, répondras-tu à l’appel que le Seigneur t’adresse ? Car, au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : être les relais de Dieu pour que son appel à le servir et à servir les frères soit entendu. La teneur de notre seconde lecture nous oblige alors, cette année, à nous interroger tous et à découvrir que tous, nous sommes appelés par Dieu à quelque chose de grand.

            Laissez-moi vous relire le début de cette lecture : Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. La grandeur de l’homme, c’est d’être reconnu enfant de Dieu. C’est notre vocation commune. C’est pour réaliser ce grand dessein que Dieu a livré son Fils unique sur la croix. L’ancienne tradition liturgique était encore plus précise à mon sens lorsqu’elle proclamait : voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. C’est le désir profond de Dieu que nous soyons ses enfants ; c’est son désir profond d’appeler tous les hommes à partager sa vie. C’est le désir profond de Dieu que l’homme réussisse sa vie en la plaçant sous son regard à lui, qui nous aime passionnément. Mesurons-nous pleinement ce que cela signifie d’être enfant de Dieu ? Nous le sommes tous par notre baptême ; ce n’est pas une parole en l’air ; c’est notre réalité. Appelés enfant de Dieu, partageant désormais sa vie, nous devenons pour les autres le miroir de cette vie divine. En nous voyant vivre, ils devraient pouvoir contempler cette vie divine, la désirer et enfin la partager à leur tour. C’est vraiment la vocation commune à tous les hommes ; c’est vraiment la raison du sacrifice de Jésus sur la croix. A travers nous, Dieu se donne un peuple. A travers le Christ, il veut attirer à lui les peuples de la terre. 
 
Bon, il est vrai que ce n’est pas toujours évident à reconnaître. La vie divine qui devrait rayonner en nous, nous la cachons bien. Jean précise que le monde ne nous connaît pas parce qu’il n’a pas connu Dieu. Il est gentil, Jean, quand il nous dit ainsi que cette filiation divine ne peut se reconnaître en quelqu’un que lorsque celui qui regarde connaît lui-même Dieu. Et pour une part, il a raison. Comment puis-je nommer la présence de Dieu en quelqu’un si j’ignore qui est Dieu ? Il faut connaître Dieu pour le reconnaître en quelqu’un. Mais il faut aussi que celui qui porte Dieu soit conscient de qui il porte, de ce qu’il est. Cela facilite quand même grandement les choses. Je ne suis pas persuadé qu’aujourd’hui, chaque croyant ait bien conscience de la grandeur qui est la sienne. Nous préférons, par confort, cacher ce que nous sommes ; que voulez-vous, on nous a tellement dit que dans une République laïque, ce qui relève de la foi devait rester personnel et confidentiel ! Mais Dieu ne nous a pas appelé pour rester entre nous ! Il nous appelle à vivre selon sa Parole, comme ses enfants, pour le bien commun, devant et au milieu de tous les hommes ! Enfants de Dieu, ne sommes-nous pas sel de la terre et lumière du monde ? 

Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, dit encore saint Jean. Il faut bien entendre le « dès maintenant ». La filiation divine est un don fait à chaque croyant dès son baptême. Ce n’est pas pour plus tard, quand nous serons morts et en paradis ! Il y a urgence à nous souvenir de cela et à vivre en enfants de Dieu, à témoigner du Christ mort et ressuscité. Le pape François, dans son exhortation Gaudete et exsultate rappelle bien que la sainteté (l’autre nom de la filiation divine) est à vivre au quotidien : Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels (n°14). C’est bien dans l’aujourd’hui de notre vie que nous avons à nous reconnaître comme enfant de Dieu, à grandir en sainteté. Le pape François rappelle encore que le défi, c’est de vivre son propre engagement de façon à ce que les efforts aient un sens évangélique et nous identifient toujours davantage avec Jésus-Christ (n°28). Nous sommes enfants de Dieu, identifiés à Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, pour vivre de plus en plus comme le Christ, entièrement donné à Dieu et aux autres. Certains vivent cet appel dans une vocation plus particulière, dans un style de vie plus particulier ; mais cela n’enlève rien au fait que chaque croyant doit vivre en témoignant de Celui qui le fait vivre, en témoignant de Celui qui donne sens à sa vie et à son action. 
 
          En ce dimanche des vocations, prions pour que nous devenions toujours plus conscients de notre vocation fondamentale et première : nous sommes enfants de Dieu. Sans cette conscience bien ancrée et bien vécue par tous, comment pouvons-nous imaginer que des vocations particulières puissent naître ? Si nous manquons à notre être profond d’enfants de Dieu, nous manquerons aussi de pasteurs pour nous guider. Mais si se lève un peuple nombreux, conscient de sa vocation profonde, Dieu ne restera pas sourd à ses appels et lui donnera les pasteurs dont il a besoin. J’en suis convaincu. Amen.
 
(Dessin de M. Leiterer)
 

lundi 16 avril 2018

03ème dimanche de Pâques B - 15 avril 2018

Si l'un de nous vient à pécher...





Je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Ainsi commence la deuxième lecture de ce dimanche. Ce qui précède cette affirmation, ce n’est pas l’extrait de la première lettre de Jean que nous avions entendu dimanche dernier (et qui était tiré du chapitre 5). Non, ce qui précède cette affirmation de Jean, c’est le début de sa lettre et plus immédiatement cette autre citation : Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui [de Dieu] un menteur, et sa parole n’est pas en nous. Il conclut ainsi un long développement sur la fidélité de Dieu et sur notre communion avec Dieu. Cette fidélité de Dieu s’exprime dans le sacrifice du Christ ; notre communion avec Dieu s’exprime quant à elle par l’accueil de sa Parole dans notre vie.  

Il peut sembler étrange, voire contradictoire, que les disciples du Christ commentent encore des péchés. Le Christ n’a-t-il pas offert sa vie en sacrifice pour les péchés des hommes ? Si la résurrection de Jésus ouvre bien la voie à notre propre résurrection, sa vie sans péché n’a jamais empêché l’homme d’être soumis encore à ce même péché. Nous ne sommes pas encore comme Jésus, même si nous avons accueilli sa vie en nous au moment de notre baptême ! Il faudrait certes tendre vers une vie sans péché ; la résurrection du Christ nous en donne les moyens. Mais la chair est faible, et le péché que nous voudrions éviter, nous le faisons quand même. Même saint Paul reconnaît que le bien qu’il voudrait faire, il n’y arrive pas et le Mal qu’il voudrait éviter, il le fait quand même. Il nous faut donc accepter comme une donnée inhérente à notre humanité le fait que nous soyons pécheur et que nous avons besoin de quelqu’un pour nous sauver, pour nous libérer du Mal. Le début de notre salut est dans la reconnaissance de notre état premier. Comment Jésus pourrait-il nous guérir si nous ne reconnaissons pas notre Mal ? Comment Jésus pourrait-il sauver ceux qui ne croient pas avoir besoin d’être sauvés ? 

Que se passe-t-il alors si l’un de nous commet un péché ? Jean est clair : si cela devait arriver, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. Autrement dit, Jésus, l’homme sans péché, n’est pas notre accusateur, mais notre avocat, celui qui interviendra en notre faveur. Il l’a fait sur la croix en offrant sa vie : c’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés. Jésus sera pour toujours entre Dieu et nous. Sa croix sera pour toujours le signe du pardon que Dieu nous accorde, à cause de son Fils Jésus. Il n’y a pas à craindre Jésus ; il y a à garder ses commandements. Nous avons déjà découvert dimanche dernier que garder les commandements signifiait pour le croyant aimer Dieu et son prochain. Jean nous fait faire un pas de plus en affirmant que garder les commandements revient aussi à connaître Jésus. Celui qui dit : ‘Je le connais’, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. Jean lie la connaissance de soi, la garde des commandements et le salut. Est sauvé celui qui, se reconnaissant pécheur, garde malgré-tout, les commandements. Ayant Jésus comme avocat, il ne peut qu’être sauvé.  

Si l’un de nous vient à pécher, il n’y a pas à s’affoler, ni à désespérer. Nous avons toujours la possibilité d’être sauvé par Jésus, mort et ressuscité pour notre vie. Attachons-nous à lui, attachons-nous à sa Parole, attachons-nous à son amour. Et nous vivrons, dès aujourd’hui et pour toujours. Amen.

(Dessin de M. Leiterer)

dimanche 8 avril 2018

02ème dimanche de Pâques B - 08 avril 2018

Croire, naître, aimer : tout est dit !






Durant les six dimanches qui suivent la fête de Pâques, nous entendrons cette année des extraits de la première lettre de saint Jean. Il est l’apôtre qui nous apprend le nom de Dieu lorsqu’il écrit : Dieu est amour. C’est un leitmotiv de sa pensée, de son œuvre. Pas étonnant donc qu’il insiste tant sur l’amour : non seulement l’amour de Dieu, mais aussi l’amour des frères. L’extrait que nous avons entendu ce matin articule cet amour autour de trois verbes : croire, naître, aimer. 

Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu. C’est ainsi que commence notre deuxième lecture. C’est un thème central de la pensée de Jean. La foi, chez Jean, concerne Jésus, le Christ. On ne parle plus du Jésus de l’histoire, mais bien du Christ, c’est-à-dire de Jésus en tant qu’il est mort et ressuscité. Jean mesure bien l’importance du trait d’union entre ces deux noms. Quand il témoigne de Jésus, il témoigne de celui qui a livré sa vie pour les hommes et qui est devenu ainsi pour eux le principe de vie. Nous comprenons bien que pour Jean, la foi n’est pas une idée, mais une réalité qui fait vivre. La foi est le moteur de la vie. Cette foi, parce qu’elle n’est pas une idée, nous met en mouvement et nous porte naturellement vers le frère. Pour Jean, il est ainsi impossible d’affirmer la foi et d’ignorer le frère ; il est impossible de croire en Dieu et de ne pas aimer le frère. Et vice versa. Christ nous tourne vers Dieu, Jésus nous tourne vers les frères ; et le trait d’union que nous devrions mettre en français, nous rappelle qu’il faut tenir les deux ensemble. Le trait d’union, c’est la foi qui nous fait aimer d’un même mouvement Dieu et les frères. Ecrire Jésus-Christ revient à écrire J’aime les frères que je vois et j’aime Dieu en qui je crois. 

Nous pouvons dès lors faire un pas de plus, toujours avec Jean. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Nous retrouvons ici les accents d’une autre affirmation de Jean qui écrit : celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas alors qu’il a de la haine pour les frères qu’il voit, celui-là est un menteur. L’amour des frères se reconnaît dans l’amour de Dieu (c’est ce qu’affirme Jean dans l’extrait de la lecture entendue) ; mais l’amour de Dieu se reconnaît lui dans l’amour des frères (c’est ce qu’affirme Jean dans la citation que je viens de souligner). Tout est lié pour Jean. Croire et aimer sont liés au point que celui qui ne croit pas, n’aime pas vraiment (puisqu’il n’aime pas de l’amour même de Dieu en qui il ne croit pas). Et de même, celui qui n’aime pas, ne croit pas en Dieu qui est la source de l’amour. Dit positivement cela nous donne : si tu crois, tu aimes ; si tu aimes, tu crois ! 

Nous en arrivons alors au troisième terme : naître de Dieu. Cela ne peut se faire que par la conjugaison de cet amour et de cette foi. Le tableau de la première communauté croyante brossé par Luc dans les Actes des Apôtres démontre ce que l’Apôtre Jean nous explique ici. C’est parce qu’ils sont disciples de Jésus-Christ que les premiers croyants mettent tout en commun, vivent la communion fraternelle de manière harmonieuse. L’accueil de la foi se traduit par le souci des pauvres, par le souci de ne laisser personne de côté : aucun d’entre eux n’était dans l’indigence. Ce n’est pas une exaltation de la pauvreté qui nous est proposée, mais bien une répartition plus juste des richesses pour que chacun puisse vivre dignement. Celui qui est né de Dieu par le baptême et par l’Esprit Saint, doit avoir au cœur un nouvel art de vivre qui lui permette de ne pas trahir sa foi. Plus qu’une exigence de justice, c’est une exigence de vérité. Combien d’hommes et de femmes ont renoncé à vivre leur foi parce que les croyants n’étaient pas fidèles à cette vérité de vie ?  

Croire, naître et aimer : en trois verbes, Jean dit tout de la foi au Christ-Jésus et de ses conséquences dans la vie des hommes. Soyons attentifs à toujours conjuguer ces trois verbes dans notre propre vie, pour que les hommes puissent croire ; devenus croyants, qu’ils puissent vivre et rester fidèles à la vérité de cette vie à laquelle ils sont nés. Notre foi et notre vie rendront Dieu crédible à ceux qui ne le connaissent pas encore… ou pas ! Amen.

(Détail du tableau Mort d'Ananie et Saphira, Cathédrale St Jean, Besançon)

dimanche 1 avril 2018

Pâques - 01er avril 2018

Le commencement du jour...c'est-à-dire aujourd'hui !






Francis Schneider, l’artiste qui a réalisé le chemin de croix de l’église de Fort-Louis, a intégré à son œuvre une quinzième station, sobrement intitulé : Le commencement du jour. Elle représente un soleil qui se lève entre deux montagnes. Le tableau et son titre sont une belle illustration du mystère qui nous rassemble ce matin : le mystère de Pâques.  

Jusqu’au cœur de la nuit passée, les disciples de Jésus, et avec eux toute l’Eglise, étaient comme plongés dans la nuit. L’impensable s’était produit : les adversaires de Jésus semblaient être les grands vainqueurs de toute cette histoire. Depuis la nuit du Jeudi Saint, il ne restait plus rien : les groupe des Douze avait explosé : un traitre, un renégat et des fuyards. Triste spectacle que donnaient à voir ceux qui avaient été choisis par Jésus. Puis le procès et l’issue fatale que l’on sait. Il ne restait plus rien. Les disciples que l’on peut rencontrer rentrant chez eux à Emmaüs, ont la déception et la stupeur inscrits sur leur visage. Trois jours après, ils n’ont même plus d’espérance. Au commencement de ce même jour, aujourd’hui donc, nous imaginons sans mal la stupeur de Marie-Madeleine en voyant le tombeau ouvert. Elle court aussitôt prévenir Pierre de sa découverte : la pierre a été enlevée du tombeau. On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. Pierre, s’étant rendu au tombeau, ne peut que constater la véracité des dires de Marie-Madeleine : il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus… roulé à part à sa place. Seul Jean, entrant dans le tombeau, voit et croit. Au commencement de ce jour, il se passe quelque chose d’incroyable : pour Jean, Jésus, celui-là qui était mort en croix, est vivant ! Il a vu la même chose que Marie-Madeleine et Pierre, mais chez lui, la stupeur a fait place à la foi. Pour lui, un soleil s’est levé dans ses ténèbres ; les événements passés, qu’ils soient récents ou plus anciens, prennent sens à la vue d’un tombeau vide et des linges pliés.  

Le commencement du jour… comment ne pas voir dans le titre de cette quinzième station une allusion au premier livre de la Bible qui commence par ces mots : au commencement… C’est comme si tout recommençait, comme si tout se recréait en ce jour où les disciples constatent l’absence du corps de Jésus dans son tombeau. Les ténèbres laissent place au jour, le doute cède la place à la foi. La stupeur s’effacera peu à peu devant la joie. Oui, le commencement de ce jour marque le commencement de quelque chose de neuf, d’inouï mais vrai : Jésus a vaincu la mort. En regardant attentivement ce quinzième tableau, on peut deviner, dans ce soleil qui se lève, la forme d’un visage. Le commencement du jour n’est pas qu’un événement ; le commencement du jour concerne une personne : Jésus. Il est désormais le soleil de la vie de ceux qui croient en lui ; il est désormais celui qui fait se lever les hommes pour qu’ils construisent un monde plus juste et plus fraternel. Il est désormais ce soleil qui réchauffe une vie marquée par l’épreuve. Il est désormais le commencement d’un jour nouveau, d’une vie nouvelle pour celles et ceux qui veulent marcher à sa suite.  

Ce commencement du jour nouveau, c’est le commencement d’une vie pardonnée de tous péchés. C’est ce que Pierre annonce à la maison du Centurion Corneille : Quiconque croit en lui (en Jésus mort et ressuscité) reçoit par son nom le pardon de ses péchés. Le commencement du jour marque donc le commencement de la liberté en Jésus Christ. Le commencement de ce jour marque le commencement de la vie en Jésus Christ. Le commencement de ce jour marque le commencement d’une vie qui ne s’arrêtera plus. La vie éternelle est inaugurée, réellement, par Jésus ressuscité. La mort n’a plus de victoire à fêter ; elle est morte. Le commencement de ce jour nous invite à croire tout cela, éclairé par l’enseignement de Jésus que les Apôtres, puis l’Eglise, vont transmettre fidèlement. Si à la fin du jour du vendredi, le groupe s’était dispersé, voici qu’avec le commencement de ce jour, le groupe va se reconstituer, jusqu’à redevenir le groupe des Douze après que Judas ait été remplacé par Matthias. Avec le commencement de ce jour, tout repart, tout se recrée ; c’est comme si Jésus n’était jamais parti.  

Le commencement du jour… pour nous qui sommes croyants, que ce jour qui commence ne soit pas comme un autre jour ; que ce jour ne soit pas qu’un jour de plus de notre vie. Mais qu’il soit vraiment ce jour à partir duquel le Christ illumine notre vie d’une lumière nouvelle. Si nous nous étions habitués à croire, que notre foi en soit renouvelée. Si nous n’avions de Jésus plus que l’image de celui qui est cloué en croix, que ce commencement du jour nous réapprenne à le découvrir vivant à nos côtés, luttant avec nous et pour nous contre toute forme de Mal. Que ce jour soit le commencement d’une vie vraiment vécue avec Jésus, mort et ressuscité pour nous, dès aujourd’hui et pour toute éternité. Amen.



(Le commencement du jour, 15ème station du chemin de croix de Francis SCHNEIDER,  Photo de Bertrand WITTMANN & Jean-Michel DUBAND)